L’opposition parlementaire a attaqué, hier, devant le Conseil constitutionnel, les lois portant modification du code pénal et du code de procédure pénale votées à l’Assemblée nationale le vendredi dernier.Par Mamadou SAKINE –

Le Conseil constitutionnel a été saisi, hier dans l’après-midi, pour annulation des lois 10-2021 et 11-2021 votées par l’Assemblée nationale le 25 juin 2021, et portant modification du code pénal et du code de procédure pénale, qui corsent les sanctions en matière de terrorisme. Le député Cheikh Bamba Dièye, qui a donné l’information sur Facebook, a déclaré qu’il a déposé le recours au nom de 21 députés de l’opposition, au greffe du Conseil constitutionnel, en compagnie de maître Weinde Dieng, huissier de justice à Dakar. «Qu’il soit porté témoignage que les députés de l’opposition devant Dieu et la Nation, ont usé de toutes les opportunités disponibles pour contrer ces lois liberticides, ambiguës et anticonstitutionnelles», écrit-il.
Joint par téléphone, le parlementaire a affirmé que cette saisine est une suite logique de leur combat, après avoir attaqué «ces lois liberticides» à l’Assemblée nationale. «Nous pensons que pour le Peuple sénégalais, pour notre histoire démocratique, cette loi est anticonstitutionnelle. Elle est injuste, elle est ambiguë. Elle ne nous sert à rien sinon qu’elle sera un outil répressif entre les mains d’un pouvoir despotique qui cherche à écraser la Société civile, les jeunes qui sont dans les réseaux sociaux et les partis politiques.» Cheikh Bamba Dièye soutient que ses collègues et lui ont fait leur devoir. Mais rappelle-t-il, le Conseil constitutionnel leur a beaucoup plus habitué à dire qu’il est incompétent en tout sujet, et en tout lieu et en toute circonstance. «Par conséquent, faisons notre devoir, interpellons-les à nouveau et laissons le Peuple sénégalais être juge et aussi se préparer pour que nous ne puissions plus jamais nous laisser abuser. Parce que Macky Sall n’est pas le Peuple sénégalais, il n’est pas la Constitution et il ne sera jamais au-dessus de ces deux», déclare-t-il.
Et en cas de déclaration d’incompétence du Conseil constitutionnel, le député annonce que la lutte va continuer sous toutes ses formes. «Chaque sénégalais devra user de tous les voies et moyens que la loi lui donnent pour contrer cette loi inique et injuste. Nous ne nous sommes pas battus le 23 juin 2011 pour que le Sénégal devienne la pire des dictatures.» Car pour lui, «ce n’est pas acceptable, on ne peut pas aujourd’hui, sous le vocable de lutte contre le terrorisme, nous faire avaler cette pilule, elle est trop grosse. Nous sommes tous favorables à la lutte contre le terrorisme, mais nous sommes aussi présents pour que les lois, les libertés constitutionnelles des Sénégalais, soient respectées».
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