Le ministre du Commerce et de l’industrie a tenu une rencontre avec une délégation suisse, qui effectue une mission économique au Sénégal (du 26 au 28 mai). Serigne Guèye Diop met le curseur avec Berne dont 18 de ses entreprises comptent investir au Sénégal, au-delà de l’existant. «Aujourd’hui, il y a 40 entreprises suisses qui sont présentes au Sénégal, il faut beaucoup plus que ça. Nous souhaitons doubler le nombre d’entreprises suisses pour pouvoir les accompagner dans l’exploitation déjà du pétrole offshore dans les raffineries, également dans la transformation de nos matières premières, dans le raffinage de l’or. Vous savez, le Sénégal produit beaucoup d’or qui est donc exporté en Suisse. Nous avons exprimé notre volonté d’avoir plus d’entreprises de raffinage d’or ici pour qu’on puisse en bénéficier», affiche M. Diop. Il compte sur l’expertise de la Suisse pour aider le Sénégal à transformer le coton avec l’installation d’une usine helvète dans ce secteur pour favoriser la création d’emplois.
Cette future présence suisse va être adossée à la «nouvelle politique industrielle» du nouveau gouvernement, qui s’articule autour de 45 pôles départementaux avec la valorisation des ressources naturelles du pays. «Nous allons créer huit agropoles et huit zones industrielles dans le moyen terme. Après ces 8 pôles, nous allons nous attaquer à quatorze autres pôles au niveau de chaque région du Sénégal dans des domaines aussi importants que l’agriculture, l’agrobusiness, l’agro-alimentaire, dans les pôles miniers également, dans tout ce qui est également automobile, dans le cuir, dans le sel…. Et nous avons dans le moyen et le long termes les 45 pôles qui correspondent aux 46 départements du Sénégal», embraie-t-il.
Pour pousser les entreprises à davantage s’installer au Sénégal, les autorités sénégalaises insistent sur l’amélioration de l’environnement des affaires. «Nous avons parlé aussi du climat des affaires qu’il faut revoir. Le Sénégal a toujours été perçu avec les lourdeurs et lenteurs administratives. Aujourd’hui le pays a pris une nouvelle dimension de réformes profondes dans le domaine juridique pour que les entreprises soient protégées sur le plan juridique, dans le domaine législatif mais également financier», affirme Serigne Guèye Diop.
Il y a aussi les taxes qui plombent les entreprises. «Les taxes sont assez importantes. Donc il va falloir que dans nos politiques industrielles qu’on puisse revoir ces taxes en termes de Tva qui est aujourd’hui de 18%. L’impôt sur le revenu qui est de 30% est assez lourd comparé aux autres pays de la sous-région. Mais aussi les taxations sur les matières premières et sur les lignes industrielles importées, tout cela va être revu. Nous avons bien pris bonne note. Ce sont des freins à l’industrialisation», souffle Serigne Guèye Diop. Aujourd’hui, l’ambition est de faire de Dakar un hub minier et industriel de l’Uemoa avec un marché de plus de 85 millions d’habitants. Et de la Cedeao.
En tout cas, les discussions entre les deux parties vont se poursuivre à Berne. Conduite par le ministre Serigne Guèye Diop, une délégation sénégalaise composée, entre autres du patronat, se rendra en Suisse avant la fin de l’année pour rencontrer les hommes d’affaires helvètes pour créer des joint-ventures. ««Investir au Sénégal» constitue un slogan que les autorités du pays comptent véhiculer dans une dizaine de pays», selon l’ancien maire de Sandiara qui annonce l’organisation d’un forum «Investir dans l’industrie sénégalaise» l’année prochaine. Le Sénégal participera, avec des entreprises, à l’expo 2025 au Japon pour montrer tous les produits sénégalais et vendre le label Sénégal.
Par Amadou MBODJI – ambodji@lequotidien.sn