Dakar music expo, qui s’est déroulé du 28 janvier au 2 février 2020 à Dakar, rassemble des professionnels du secteur musical sénégalais et internationaux. Cette première édition, placée sous le parrainage de Youssou Ndour et de Angélique Kidjo, proposait aussi une série de concerts où se côtoient dans la programmation musiciens expérimentés et jeunes talents.

Il est celui qui a apporté à la musique sénégalaise sa dimension internationale. Youssou Ndour, le «Prince du mbalax», devenu «Roi» après quelque 50 ans de carrière, a ouvert le 29 janvier dernier sur la scène de l’Institut français de Dakar la première édition du Dmx, le Dakar music expo, dont il est le parrain. Ce Dmx se déroule dans la capitale sénégalaise sur 5 jours : des rencontres professionnelles, des tables rondes, des conférences et bien sûr des concerts et show cases sont au programme de cet évènement monté rapidement en quelques semaines, mais qui, semble-t-il, vient combler un vide dans cette filière où problématiques économiques et sensibilités artistiques doivent être traitées sur le même plan.

Fédérer et dynamiser les échanges sud-sud
Doudou Sarr, entrepreneur culturel, directeur artistique et agent d’artistes, très au fait du marché national et des enjeux internationaux, a initié ce projet. Il a souhaité comme cela se fait au Cap-Vert (Atlantic music expo) ou au Maroc (Visa for music) proposer un évènement fédérateur : «Il s’agit essentiellement de créer une plateforme de rencontres, une plateforme pour les jeunes talents qui puisse leur permettre de s’exprimer, une plateforme pour les légendes de la musique qui leur permette de venir voir, de s’exprimer aussi, une plateforme pour que toute la chaîne de valeurs de l’industrie musicale soit représentée.» Il a ainsi mis à profit une expérience de deux décennies, un carnet d’adresses international, et un savoir-faire indéniable pour la mise en œuvre de ces rencontres.
Chanteurs, musiciens, producteurs, labels, associations de managers, etc. tous ces acteurs de la musique sont conviés à participer au Dmx. Où l’on entend Cédric David, président de Mmf Latam (Association des bookers et managers d’Amérique latine), et directeur d’Afropicks (production de concert) relater son expérience sur un autre continent, raconter les liens parfois improbables qui peuvent se nouer entre les deux côtés de l’Atlantique et rappeler la nécessité des échanges sud-sud. Où l’on assiste à une table ronde sur la situation des labels indépendants. Où l’on voit de jeunes entrepreneurs du secteur venir se frotter aux anciens pour profiter de leur expérience. Les sujets sont nombreux et éclectiques tant ce domaine demande de multiples compétences. Gestion, management, prospective, communication, etc. le chantier est vaste et les demandes multiples. Les mutations technologiques apportent des solutions à certaines problématiques, mais aussi leur lot d’interrogations et de débats.
Ousmane Faye, producteur de musique, contribue au développement des carrières d’artistes confirmés ou de jeunes talents en devenir. Il est aussi président de l’Adafest, (Association des diffuseurs artistiques et festivals du Sénégal). Intervenant sur une table ronde, il défend avec conviction la professionnalisation du secteur. «Il est facile de promouvoir les artistes du Sénégal, car il y a un héritage très fort légué par les grands frères, Youssou Ndour, Omar Pène, Baba Maal, Thione Seck même s’il est moins connu à l’international. Ils ont beaucoup fait, apporté une grande contribution. Tous ces artistes qui ont rayonné à travers le monde ont permis au Sénégal d’avoir une certaine visibilité…» S’il existe de véritables difficultés – «On est dans un secteur concurrentiel, au centre des disputes ou des incompréhensions que les gens ont, il y a des enjeux financiers» – il n’est pour autant pas question de rester sur ses acquis.

Former pour progresser
«La professionnalisation des artistes est un tout : cela va aussi avec la professionnalisation de la chaîne de valeur, la chaîne de production. Tous les maillons doivent être forts, ils doivent être formés, qualifiés…» La formation des métiers qui accompagnent le développement d’artistes est indispensable, rappelle Ousmane Faye : «D’ici quelques années, il y aura une nouvelle génération d’acteurs culturels, dits travailleurs – la notion de travail est importante – qui vont entrer en jeu. Pas acteurs en tant que porteurs de projets ou porteurs de cartable, mais des gens qui ont un savoir-faire, qui sont compétents qui peuvent à la fois réfléchir et développer des projets artistiques et culturels. Et c’est ce qu’il faudra sans doute pour que tous les artistes du Sénégal puissent profiter de réels projets de développement, que ce soit dans le domaine de l’incontournable mbalax, du rap galsen, de la folk, du reggae, etc. La richesse musicale de ce pays devrait être alors encore mieux promue.»
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