La lutte contre la cybercriminalité est un enjeu géopolitique majeur pour la sécurité nationale et sous-régionale, comme le répète Macky Sall qui ne rate aucune occasion pour rappeler les dérives constatées sur le net. L’ouverture de l’Ecole nationale de la cybercriminalité à vocation régionale (Encvr) dont le lancement a été officialisé hier permettra à l’avenir de dissiper ses craintes. Logé provisoirement dans les locaux de l’Ena, elle offrira des connaissances pointues, dès son ouverture en 2019, aux Sénégalais et d’autres ressortissants africains dans le domaine de la cybersécurité, la cybercriminalité dans ce contexte où l’internet sert aussi à des fins terroristes. Elle renforcera en outre «la souveraineté des Etats africains» dans le cyberespace grâce à une meilleure connaissance des enjeux du moment, à savoir juridiques, et de la gouvernance de la cybersécurité.
L’Encvr, en collaboration avec la société civile, des universités et le privé numérique, formera essentiellement les hauts fonctionnaires et décideurs africains, des responsables de la sécurité des systèmes d’information de la police, de la gendarmerie et de la magistrature. Jean-Yves Le Drian, ministre français de l’Europe et des affaires étrangères, souligne l’enjeu stratégique qu’est devenu «le développement de la cybercriminalité, du cyber-terrorisme et la protection des données personnelles des citoyens en quelques années. La protection du secret et la sécurisation des réseaux dématérialisés sont désormais indispensables. Internet ne peut pas être une zone de non-droit qui échappe au contrôle de nos sociétés», sensibilise-t-il.
Dans le même sillage, Me Sidiki Kaba précise : «Notre monde est témoin d’une transformation structurelle de l’environnement des technologies de l’information et de la communication. Si cette transformation offre des avantages significatifs aux gouvernements, au secteur privé dans l’amélioration de leurs supports communicationnels, force est de constater qu’elle comporte l’inconvénient majeur d’accroître la vulnérabilité des systèmes de communication dans beaucoup de secteurs stratégiques comme la sécurité ou l’économie.» Il poursuit pour insister sur l’importance de cette école dans un monde numérisé qui «pose le besoin pressant de repenser notre système de sécurité à l’aune des menaces en vue de renforcer leur résilience. C’est dans ce cadre que le gouvernement du Sénégal s’est doté d’un cadre juridique institutionnel en vue de faire face à ces menaces d’un type nouveau». Lesquelles nécessitent une coopération entre les Etats et les acteurs «parce qu’aucun pays ne peut se prémunir à lui tout seul contre les cyber-attaques».
Stagiaire