L’apparition de cas de décès liés au coronavirus en dehors des personnes suivies par les autorités sanitaires inquiète. Analysant cette situation, le directeur du Sneips a énuméré un certain nombre de facteurs qui expliqueraient cette situation. Selon Dr Ousmane Guèye, cela peut être dû à la stigmatisation et à l’insuffisance de la pénétration du message de sensibilisation. Ainsi, il recommande d’accentuer la sensibilisation vers les personnes âgées, vivant avec un handicap ou présentant une maladie sous-jacente afin de les pousser à contacter les services de santé dès l’apparition des symptômes.

En plus des cas communautaires qui augmentent de jour en jour, le Sénégal fait face à des morts liés au coronavirus en dehors des personnes suivies par les autorités sanitaires. Deux cas ont été enregistrés durant le week-end à Mbacké et à Thiès. La semaine dernière, un cas a été noté à Louga. Cette situation pousse à s’interroger sur les raisons qui empêcheraient ces personnes et leurs proches à contacter le personnel médical dès l’apparition des symptômes via les numéros, comme indiqué depuis le début de la pandémie. Analysant cette situation hier sur la Rfm, Dr Ousmane Guèye, directeur du Service national de l’éducation et de l’information (Sneips), a souligné que cela peut être lié à un problème de pénétration du message de sensibilisation et aussi la stigmatisation. Dr Guèye ajoute à ces deux aspects le fait que «même en dehors du Covid-19, le plus souvent nos concitoyens, avant de partir à l’hôpital, font d’autres circuits parallèles».
Relevant que la plupart des personnes qui meurent de cette maladie sont des sujets âgés ou souffrant de maladies sous-jacentes, Dr Ousmane Guèye recommande d’accentuer la sensibilisation vers cette cible. «Aujourd’hui dans notre sensibilisation, les 50% voire les 40% devraient aller vers cette population», a-t-il fait savoir.
Dans la même veine, Dr Guèye indique qu’il s’agit d’expliquer à ces personnes qu’elles doivent se protéger et rester à la maison. Et si elles sentent «une quelconque manifestation, un symptôme apparenté à cette maladie, de se signaler rapidement». Au niveau de la communication, le directeur du Sneips préconise aussi un changement. «Il faut amener le débat au niveau de la population. On peut débattre en termes de médecine. Mais aujourd’hui, les populations en général sont confrontées à un problème et elles ne sont pas des techniciens. Nous pensons qu’il est important de dire à la population, surtout les personnes âgées, celles vivant avec un handicap, qu’elles peuvent avoir cette maladie et que si on la prend en charge très précocement et normalement, elles peuvent s’en sortir», a-t-il déclaré.
Pr Tandakha Ndiaye Dièye, immunologue et spécialiste des maladies infectieuses, rappelant quant à lui que la symptomatologie dans le cas du coronavirus est variable avec des patients qui restent longtemps sans présenter de symptômes et d’autres qui en présentent immédiatement, conseille de prendre les devants. «Ce qu’on demande souvent, c’est que si vous présentez des symptômes que vous n’aviez pas souvent et que vous n’aviez jamais vus, il y a des réflexes à avoir. C’est d’abord l’auto-confinement. C’est très important même à la maison, cela va permettre de confiner le virus et aussi respecter la distanciation sociale. Il faut que les gens aient ce réflexe», a-t-il indiqué. D’après ce spécialiste des maladies infectieuses, «le deuxième point, c’est que les gens ne doivent pas rester longtemps et ne pas aviser parce que cela peut aller d’une simple grippe à une manifestation virale, une autodestruction de la personne». Cette dernière, souligne-t-il, est «la phase la plus difficile et la plus improbable qu’on ne peut pas maîtriser». Pr Tandakha Ndiaye Dièye, qui en appelle à une responsabilité individuelle, recommande de ne pas prendre de risques même s’il y a la stigmatisation. «La stigmatisation pose problème, mais il faut qu’on soit aidé à ce niveau-là, que les gens sachent que même s’il y a la stigmatisation, il vaut mieux en guérir que d’en mourir», a-t-il dit.