Prolifération de la désinformation à l’ère du numérique était au cœur des échanges hier, lors du Forum organisé par la Fondation Friedrich Naumann pour la liberté. Lors de cette rencontre dont le thème portait sur «Liberté de presse et désinformation à l’ère du numérique : Comment lutter contre les fake news», les hommes politiques et hommes de médias ayant pris part à ce forum s’accordent sur le fait qu’il est temps d’agir pour lutter contre cette pratique qui prend de plus en plus d’ampleur avec les réseaux sociaux. Participant à cette rencontre, le directeur général du groupe Emedia invest a fait savoir que les médias classiques ont un rôle à jouer pour faire face à ce problème. A ce propos, Mamoudou Ibra Kane déclare : «Il faudrait que nous médias classiques cessions de percevoir internet et toutes les commodités qu’il offre comme une menace.» Pour M. Kane, il faut que les médias classiques en fassent «une opportunité» et inondent les réseaux sociaux. «C’est en le faisant qu’on en sortira ceux qui ont la prétention d’être journalistes, alors qu’ils ne le sont pas», a-t-il déclaré. Lors de son intervention, le journaliste a aussi essayé de répondre à la question de savoir comment lutter contre les fake news. Ré­pondant sur le ton de la provocation, il s’interroge sur comment «on peut lutter contre les fake news quand le président de la première puissance mondiale lui-même est une fa­brique de fake news». Selon M. Kane, «ce n’est pas une attitude défaitiste», mais «une interpellation qui s’adresse à nous autres journalistes et aussi aux citoyens». Toutefois pour le directeur d’Emedia invest, il est possible d’intervenir pour lutter contre ces pratiques. «Quand on a découvert le petit jeu de Donald Trump, Facebook l’a censuré, Twitter a eu même à bloquer son compte. Nos propres confrères aux Etats-Unis, quand il s’est amusé à dire qu’il y avait une fraude électorale sans en apporter la preuve, ont plié bagage pour s’en aller. Il y a des attitudes de riposte et de contre-offensive, si chacun est bien conscient des dangers que constituent les fake news pour nos personnes et nos Etats», a-t-il argumenté. D’ailleurs, pour lui, «c’est même devenu une question de souveraineté et de sécurité». M. Kane reste convaincu qu’il «faudra une vaste offensive et elle doit commencer par les journalistes» eux-mêmes.
Le ministre Seydou Guèye a pour sa part attiré l’attention sur la nécessité de trouver des mécanismes pour accentuer la régulation. Rappelant que les parades qui sont utilisées jusqu’ici «ce sont des processus de vérification à travers le fact-checking qui est l’apanage des organes de presse», il estime qu’il faut «beaucoup de régulation puisque cela porte atteinte à l’intégrité des gens, à leur honorabilité». Le ministre coordonnateur du pôle communication de la Présidence va plus loin en soutenant qu’il faut «aussi un dispositif législatif et réglementaire». Cela, explique M. Guèye, «pour accompagner l’usage conformément aux destinations, c’est-à-dire canaux d’échange, mécanismes de mise en relation des uns avec les autres». Poursuivant ses explications, il ajoute que «la régulation est un processus de concertation, de conversation et de dialogue». Pour Seydou Guèye, «la régulation est plus pertinente», mais «elle ne suffit pas à elle seule pour réguler et gérer tout le secteur». Et le ministre d’ajouter : «Ce qui est important, c’est que les citoyens qui en sont les principaux usagers accèdent à une formation critique pour avoir leur propre opinion puisque l’axe d’intervention des fake news ou des médias sociaux, c’est d’avoir une action ou effet sur l’état de l’opinion», a-t-il dit. Si Seydou Guèye opte pour la régulation, El Hadj Hamidou Kassé soutient qu’il y a «quelques instances de régulation, mais aucune régulation ne peut réguler cet essor des réseaux sociaux  qui signe l’avènement du média citoyen».