Par Dialigué FAYE – 

Pour faire face au défi pressant de la sécheresse en Afrique de l’Ouest, un Centre régional pour l’eau en Afrique (Crea) vient d’être créé, afin de renforcer les capacités dans le secteur de l’eau. Cette initiative résulte, d’après un communiqué de la Banque mondiale, du Forum de haut niveau de deux jours sur la lutte contre la sécheresse en Afrique de l’Ouest, qui s’est achevé le 30 septembre à Ouagadougou (Burkina Faso), et qui avait réuni des décideurs politiques de haut niveau du Burkina Faso, du Tchad, du Mali, de la Mauritanie, du Niger et du Sénégal, accompagnés d’experts techniques du Maroc et du Brésil, ainsi que des institutions régionales et internationales, et des partenaires au développement. Cela, afin de faire avancer des solutions coordonnées et concrètes visant à réduire les pertes liées à la sécheresse et à renforcer la résilience climatique dans le Sahel.
Hébergé au sein de l’Institut international d’ingénierie de l’eau et de l’environnement (2Ie) à Ouagadougou, le Crea servira de centre régional pour l’innovation, le partenariat, l’échange de connaissances et le renforcement des capacités dans le secteur de l’eau. Mieux, ajoute le Directeur général de 2Ie, «la création du Crea marque une étape déterminante : celle de notre engagement collectif à doter le continent d’un véritable outil stratégique, levier de coopération, moteur de développement socio-économique et de paix sociale».
De l’avis du professeur El Hadji Bamba Diaw, «ce centre sera un véritable hub d’excellence scientifique et technique, un haut lieu de production et de transmission de la connaissance et du savoir où se croiseront les savoirs académiques, les innovations technologiques et les solutions concrètes adaptées aux réalités africaines, et tout cela au service de la résilience des territoires et de la transformation structurelle de nos économies». En effet, mentionne le document, «les pressions climatiques s’intensifient en Afrique de l’Ouest. La croissance démographique et la diminution des ressources en eau par habitant mettent à rude épreuve l’équilibre entre l’offre et la demande, tandis que le risque de sécheresse augmente parallèlement aux inondations et aux vagues de chaleur. Au cours des cinq dernières décennies, les conditions de sécheresse extrême ont augmenté de plus de 230%, avec des impacts disproportionnés sur la croissance des économies en développement. Dans certains pays sahéliens, ces pressions pourraient réduire la croissance annuelle jusqu’à 6% d’ici 2050. Dans ce contexte, le Crea réunira les partenaires, consolidera l’expertise technique et offrira des formations pour aider les institutions à opérationnaliser les systèmes d’alerte précoce, renforcer la planification et l’allocation de l’eau, et coordonner la gestion de la sécheresse, en complément des programmes nationaux et des initiatives régionales».
Pour la mise en place de ce centre, un protocole d’accord a été signé entre la Banque mondiale, le gouvernement du Burkina Faso et l’Institut international d’ingénierie de l’eau et de l’environnement. Saluant l’initiative, le vice-président de la Banque mondiale pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre relève que «la sécheresse ne connaît pas de frontières». Et pour la vaincre, Ousmane Diagana suggère d’agir sur trois fronts : «La connaissance, pour mieux anticiper, grâce à des données fiables et des systèmes d’alerte précoce efficaces ; la coopération régionale, car aucun pays ne peut y faire face tout seul ; et l’action, avec détermination, pour mettre en œuvre des solutions concrètes. En combinant connaissance, coopération et action, nous pouvons transformer la menace de la sécheresse en une opportunité pour renforcer nos sociétés, notre agriculture et nos économies.» Ainsi, estime-t-il, «le Crea offre une opportunité unique pour relever les grands défis liés à l’eau dans notre région».
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