La lutte contre la criminalité économique et financière ne peut plus être confinée à l’action des autorités en charge de la répression. Les résultats sur le terrain montrent que le système classique visant à mener  des investigations et à traduire les délinquants devant les tribunaux a montré ses limites. C’est pourquoi pour améliorer cette démarche, le Groupe Inter­gou­vernemental d’Action contre le Blanchiment d’Argent en Afrique de l’Ouest (Giaba) a ouvert depuis hier à Saly, un atelier régional de formation à la production de rapports d’enquête sur les crimes économiques et financiers à l’intention des journalistes de la Cedeao.
La présidente de la Cellule nationale de traitement des informations financières (Cen­tif), Ramatoulaye Gadio Agne, explique que les journalistes n’interviennent pas dans le traitement opérationnel des affaires relatives aux crimes économiques et financiers, mais ils peuvent participer à la sensibilisation des populations sur les conséquences néfastes du blanchiment de capitaux et du terrorisme et de son financement. Ainsi invite-t-elle ces professionnels des médias à relever les défis de la maitrise des méthodes de recherche avancées, afin de s’assurer de la qualité de l’information recueillie dans ce domaine si particulier, des impératifs de neutralité et d’impartialité, et de la nécessité d’un équilibre permanent entre la liberté de la presse, le devoir d’informer et les limites à fixer dans la médiatisation des affaires judiciaires.
Les organisateurs notent également, que cet atelier consiste à construire une alliance forte entre praticiens des médias pour une diffusion effective de messages de la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme.
C’est en ce sens que le représentant du Directeur général du Giaba a rappelé le contexte dans lequel la sous-région vit aujourd’hui. Elle fait l’objet, selon lui, de plusieurs menaces liées à la criminalité transfrontalière organisée, c’est pour cela que l’engagement de tous est nécessaire. Conscient du rôle et de l’impact des medias dans cette lutte, il a déclaré que «les medias jouent un rôle crucial dans la promotion de la bonne gouvernance, suscitent chez les gouvernants une attention plus soutenue sur la gestion plus optimale des ressources publi­ques, facilitent la protection des droits des citoyens et garantissent la production d’informations sur les pratiques de blanchiment des capitaux et les autres infractions liées. L’im­por­tance des médias dans la diffusion des messages de lutte contre le blanchiment de capitaux ne saurait être négligée».   Ainsi prône-t-il une collaboration plus étroite et productive avec les medias dans la mesure où les journalistes constituent l’une des principales sources d’information et de renseignement aussi bien des décideurs politiques que de la population en général.
A travers cette formation qui regroupe plus d’une quarantaine de journalistes venus des pays de la Cedeao, le Giaba veut outiller des journalistes compétents et expérimentés pour qu’ils aient une meilleure compréhension des enjeux de la lutte contre le blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme, de renforcer leurs capacités d’enquête en leur fournissant des outils pratiques de rédaction d’articles de reportages de qualité  sur les cas de blanchiment de capitaux.
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