Dans le cadre des manifestations de soutien à la lutte contre le cancer, Octobre Rose, une trentaine d’artistes ont laissé éclore leur créativité pour sensibiliser sur cette maladie. L’exposition intitulée «Jambaar : Parler des cancers, lutter contre les cancers, vaincre le cancer», appelle à se battre contre ce fléau des temps modernes.
Chaque année, le mois d’octobre est consacré à la lutte contre le cancer. A Chesapeake aux Etats-Unis, le concept de Bra-ha-ha permet d’organiser un concours de création de soutiens-gorge sur le thème du cancer du sein. Cette idée, adaptée à la sauce sénégalaise, a permis de mettre en place l’Exposition Jambaar : Parler des cancers, lutter contre les cancers, vaincre le cancer. «L’idée, c’est de customiser des soutiens-gorge pour la lutte contre le cancer du sein en particulier», explique le commissaire de l’exposition, la plasticienne Sophie Le Hire Guèye. Oumou Dia est une jeune artiste mauritanienne installée dans la capitale sénégalaise. Elle a répondu à cet appel pour proposer un soutien-gorge blanc décoré avec des perles et du tissu. «Ce qui est le plus significatif ici, c’est le ruban rose», indique-t-elle. Mais Oumou dia souhaite également exprimer son soutien à la femme malade du cancer avec un message fort. «J’ai rendu beau ce soutien-gorge pour dire qu’il ne faut pas avoir peur du cancer et cela, je ne peux l’exprimer que par la beauté», dit-elle. Dans la salle d’exposition, diverses expressions artistiques sont utilisées pour faire passer le message. Le jeune photographe, Baba Diédhiou, a accroché deux œuvres. Sur une des œuvres, des soutiens-gorge s’entremêlent à des gants de boxe. «Lutter contre le cancer, c’est le plus beau des combats. Mais on ne peut pas guérir seul, on a besoin du soutien de toutes les personnes qui nous aiment», explique l’artiste. Sur l’autre œuvre, une jeune fille s’apprête à mettre le feu sur un soutien-gorge. Là encore, le propos est clair, il faut éradiquer la maladie, indique l’artiste. Si certains ont choisi de laisser éclore leur créativité sur une toile, d’autres ont livré des installations. Une suite de quatre bustes alignés porte le titre de «jiguenn ak metitam», la femme et sa douleur. Sur chacune d’elles, le rose qui se détache. Mais à la dernière pièce de la série, il manque un sein, violement arraché.
Le vernissage de l’exposition, qui s’est déroulé ce mercredi au Musée de la femme Henriette Bathily, a drainé du monde. «Cette initiative peut aider à encourager le dépistage précoce, dédramatiser la maladie et encourager le personnel soignant», souligne la directrice du musée Mme Awa Cheikh Diouf. Sous le terme Jambaar, se cache en effet un message d’espoir. «Jambaar, c’est pour dire que si on ne se met pas dans l’état d’esprit de se battre, rien n’est gagné. Il faut être une équipe, une société, une famille. Donc Jambaar, c’est tout le monde qui doit être un guerrier, une guerrière pour combattre la maladie», explique Mme Guèye.
Autour de la salle, les installations et les œuvres accrochées encerclent deux panneaux. Sur chacun d’eux, des photos sous lesquelles un casque distille un message. Adama Thioye, infirmière, lance un message pour le dépistage précoce. Chirurgien oncologue, le Dr Sidi Ka envoie dans l’enregistrement un message de solidarité et de soutien aux malades. «Le cancer du sein est d’abord un problème social. Il intervient sur un organe qui est utile à la société», indique-t-il. Non loin, Neegu Jambaar, la chambre de la guerrière, lève le rideau sur «cette maladie qui questionne la femme dans son essence, sa féminité, son rapport à une société». Cette chambre où on trouve des poèmes de Mame Famew Camara ou encore de Nafissatou dia Diouf, est «une bougie dans le noir, un souffle d’espoir, un hommage à toutes celles qui se battent pour la vie», écrivent les organisatrices.