Lutte contre le terrorisme : L’Ua incapable de faire face au péril djihadiste

Par Justin GOMIS – Beaucoup de pays africains sont en proie au terrorisme. Mais, il ne faudrait pas compter sur l’Afrique pour bouter les terroristes hors de leur territoire. Même si l’Union africaine est capable de planifier une opération et de la mettre en œuvre compte tenu du principe de subsidiarité, elle a des moyens très limités pour faire face à ce fléau. «Ce que nous ne pouvons pas encore faire, compte tenu du concept, est la lutte contre le terrorisme», a fait savoir le Gl Mactar Diop mercredi, lors d’un panel organisé en marge de la Conférence internationale sur l’intégration régionale, qu’il animait avec son frère d’armes Gl Ousmane Kane. Selon lui, les raisons sont multiples. L’Ua ne peut pas accroître la sécurité domestique. «A l’époque, la région était assez calme, mais aujourd’hui il y a beaucoup de foyers. En outre, il y a la difficulté pour intervenir dans la lutte contre le terrorisme, car elle demande des capacités que nous n’avons pas, comme la dimension d’appui aérienne qui est fondamentale. La deuxième difficulté, c’est le poids politique. Tous les pays, surtout ceux qui ne sont pas affectés, acceptent de payer les crimes politiques pour s’engager dans une opération de lutte contre le terrorisme. La dernière contrainte, ce sont les finances. La dette coûte extrêmement cher. Si vous utilisez 5 coups de mortier, chaque munition coûte deux à trois millions. Si lors d’un engagement vous tirez dix mortiers, cela vous revient à 20 millions. Ce sont des opérations qui coûtent extrêmement cher. C’est pourquoi aujourd’hui la Cedeao, depuis deux ou trois ans, essaie d’activer ses forces. Mais ce qui pose problème, c’est trouver de l’argent», a-t-il expliqué.
Pour étayer son propos, le Général de l’Armée donne des exemples patents qui attestent des moyens très limités de l’Ua. «Depuis trois ans, on ne parvient pas à trouver l’argent. Lorsqu’on a discuté, le comité nous a dit de proposer une unité qui fera 1600 hommes, et le coût de fonctionnement sera évalué à 130 millions», a-t-il ajouté dans sa communication. A l’en croire, aucun pays ne veut s’engager pour supporter ces dépenses sous prétexte d’avoir déjà contribué au niveau communautaire. «Les pays ont dit qu’ils ont des prélèvements communautaires qui pèsent sur eux. Jusqu’à présent, nous ne parvenons pas à trouver cet argent», a-t-il poursuivi. Avant de se demander s’il faut aller vers les partenaires ou s’il faut laisser les populations en pâtir.
Comment sortir de cette situation ? «Au niveau national, il faut que nos élites, nos chefs, nos politiques s’occupent de leurs armées. Une Armée ne peut pas être politisée. Il faut s’occuper de ces Forces de sécurité. C’est un investissement rentable. Il faut sortir les armées du jeu politique. Elles ne doivent pas être des acteurs du jeu politique. Le rôle politique de l’Armée, c’est de s’entraîner pour faire la guerre et protéger les populations, accepter de se soumettre aux règles signées, renoncer à sa souveraineté. Il faut penser à une intégration de la souveraineté, avoir un complexe d’armement. Tous nos partenaires sont là. Ils veulent se positionner pour nous fournir des armements, des équipements et toute la chaîne de valeur», recommande le Gl Diop.
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