L’Organisation internationale pour les migrations (Oim) a organisé du 4 au 6 juillet passé, un atelier de renforcement des capacités des acteurs locaux suivi d’une visite sur le site de Tenkoto dans le cadre de la  lutte contre la traite des personnes et le trafic de migrants. L’atelier avait pour objectif de renforcer les capacités en matière de lutte contre la traite de personnes et le trafic illicite de migrants. Mais aussi de permettre aux acteurs locaux de mieux cerner les différences entre les deux phénomènes et d’être mieux outillés pour identifier les cas de traite et les cas de trafic et connaitre les structures d’assistance existantes dans la zone.

Pour lutter efficacement contre le phénomène de la traite des êtres humains et le trafic des migrants, l’Organisation internationale pour les migrations (Oim), en partenariat avec l’Ong la «Lumière», a tenu un atelier de renforcement de capacités à l’endroit des acteurs locaux. En effet, la traite des êtres humains et le trafic des migrants sont deux phénomènes qui persistent au Sénégal malgré les multiples actions développées par l’Etat, la Société civile et les partenaires au développement.  Revenant sur la question et l’importance de la formation, Nnamdi Iwuora, chef de projet régional à l’Oim, a laissé entendre que «la présence des mines et les frontières avec la Guinée et le Mali font de Kédougou une ville très intéressante pour les trafiquants. Notre but est de renforcer les capacités des  acteurs locaux. Ils sont les mieux placés pour identifier et assister les migrants vulnérables».  L’importance de cet atelier de formation a été soulignée par les acteurs locaux qui n’ont pas manqué de revenir sur la situation qui prévaut dans leur zone.  A en croire Bambo Cissokho, chef de village de Tenkoto, «les questions de traite et de migration se posent avec acuité dans la zone, notamment au niveau des sites d’orpaillage». M. Cissokho précise : «L’atelier auquel nous venons de prendre part arrive à point nommé car il nous permet non seulement de faire la différence entre la traite et le trafic des êtres humains d’une part, et d’autre part d’être vigilants en développant des stratégies de lutte.» Il informe de l’arrivée récente de près de 800 Bur­kinabè dans son village.
La situation est préoccupante, car la plupart des Burkinabè n’ont pas emprunté les circuits officiels pour éviter de tomber entre les mailles des Forces de sécurité et de défense. Il faut dire que le choix de la région de Kédougou pour abriter la rencontre n’est pas fortuit. Tijs Magagi Hoornaert, responsable de la communication au bureau régional de l’Oim pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, précise : «Nous avons constaté que ces phénomènes sont présents dans la région notamment au niveau des frontières. C’est pourquoi, il était important pour nous d’intensifier notre collaboration avec les acteurs locaux pour leur permettre d’identifier les personnes victimes de traite afin qu’ils puissent leur apporter l’assistance nécessaire.»
Pour étayer ces propos, le président du Tribunal d’instance de Kédougou, Aliou Diallo, explique : «La traite des personnes est un phénomène réel à Kédougou. C’est un fléau des temps modernes. C’est une activité lucrative et très importante à côté de la corruption, du trafic illicite de drogue, etc.» Il précise : «Im­médiatement quand on parle de traite des personnes, je pense aux Nigérians. C’est souvent des personnes de cette communauté qui sont impliquées.» Consciente de la situation, l’Ong la «Lumière», dans le cadre de la lutte contre la traite et le trafic des personnes, a trouvé une Maison d’accueil pour l’orientation et la réinsertion des jeunes migrants.
A cause de sa position géographique, la porosité des frontières, la région de Kédougou est l’une des régions du Sénégal où le phénomène persiste. Il est encouragé par la présence de sites d’orpaillage traditionnels qui attirent de plus en plus de personnes étrangères qui se concentrent au niveau des sites de Kharakhéna, Sambram­bougou, Tenkoto et Bantako. Et les formes d’exploitation les plus courantes sont l’exploitation des enfants mineurs et celle sexuelle. C’est le cas des nombreuses Nigérianes qui, trompées par des trafiquants, quittent leur pays d’origine et tombent dans des réseaux de prostitution proches des sites d’orpaillage de la région de Kédougou.
Cet atelier s’intègre au Projet régional «Protéger les Migrants Vulnérables en Afrique de l’Ouest et du Centre», financé par le Bureau des Etats-Unis pour la population, les réfugiés et les migrants (Prm). L’un des objectifs dudit projet est de renforcer les capacités des acteurs locaux dans quatre pays dans la région, à savoir le Sénégal, le Ghana, le Burkina Faso et la Gambie. La mise en œuvre du projet est assurée par l’Oim pour une durée d’un an. Il a été organisé avec la participation de la Cellule nationale de lutte contre la traite des personnes (Cnltp), le Mouvement africain des enfants et jeunes travailleurs (Maejt) et l’Ong la «Lumière».