Il y a eu ces dernières semaines Saint-Louis, Thiawlène puis Ouakam. La mer se transforme en cimetière pour beaucoup de jeunes qui voient leurs rêves noyés dans les profondeurs de l’Atlantique. L’Etat est interpellé par cette question d’émigration irrégulière qui est posée chaque année en dépit des mesures coercitives et/ou de création d’emplois pour arrêter le phénomène. En conférence de presse hier, le gouvernement a livré sa part de vérité, surtout après le drame de Ouakam qui a ému tout le pays. Par Ousmane SOW –
A Ouakam, ce lundi est une journée noire. Après le naufrage d’une pirogue à hauteur de la Mosquée de la Divinité, le pays est toujours frappé par le deuil. Hier, le ministre du Commerce, de la consommation et des petites et moyennes entreprises, porte-parole du gouvernement, Abdou Karim Fofana, a commencé par rétablir la vérité des chiffres : «il n’y a pas eu 18 corps sans vie repêchés, mais plutôt 16, et le dernier a été repêché ce matin (hier)», a précisé M. Fofana hier, lors de la rencontre du gouvernement avec la presse. Il a aussi démenti qu’une vedette de la Marine nationale aurait heurté la pirogue qui a chaviré. «Cela est impossible car la vedette ne peut pas accéder à la zone où a eu lieu l’incident», dit-il.
Drame de l’émigration : Vagues mortelles à Ouakam
Faisant une analyse de la situation, le ministre porte-parole du gouvernement estime que les acteurs politiques, de la Société civile, des médias et des Ong ont tous une responsabilité de rendre «hégémonique» un bon récit. Pour faire en sorte, ajoute-t-il, «qu’on puisse savoir que c’est possible de gagner sa vie tout en restant ici au pays».
Aujourd’hui, il est important de s’attaquer à la racine.
Le porte-parole a évoqué, en plus des raisons économiques et climatiques, des causes sociales pour expliquer la recrudescence du phénomène avec des départs massifs, avec leurs lots de drames constatés ces dernières semaines. D’après lui, l’Etat ne ferme pas les yeux pour essayer de bloquer les couloirs migratoires. Abdou K. Fofana souligne que la Division nationale de lutte contre le trafic illicite de migrants et pratiques assimilées (Dntl) a, depuis le début de l’année, interpellé 530 personnes, déféré 47 convoyeurs et saisi 9 pirogues et 5 moteurs. Toujours selon le ministre Abdou Karim Fofana, la Gendarmerie nationale a intercepté au cours de ce 1er semestre 195 candidats à l’émigration irrégulière dont 173 Sénégalais et 22 étrangers, et 27 convoyeurs entre Soumbédioune, Yoff, Warang, Joal, Mbour Saly, Pointe Sarène, Diouloulou, Pikine Saint-Louis.
Relativement à la situation des Sénégalais présentement au Maroc et qui devront être rapatriés ce vendredi, M. Fofana informe que 50 d’entre eux dont l’état de santé ne permet pas de voyager en voiture, seront transportés par un avion militaire affrété par l’Etat. «Les 428 restants seront transportés par des véhicules», a-t-il fait savoir. Depuis quelques heures, la ministre auprès de la ministre des Affaires étrangères, chargée des Sénégalais de l’extérieur, Mme Annette Seck Ndiaye, est à Dakhla pour s’enquérir de la situation des migrants réfugiés dans des camps.