Avec la résurgence du phénomène Barça-Barsakh, le Sénégal va renforcer son dispositif de lutte en validant après-demain, sa Stratégie nationale de lutte contre l’émigration irrégulière et la traite des migrants. C’est le fruit d’un long processus inclusif. Que va-t-elle changer ? Par Amadou Mbodji et Bocar SAKHO –

Est-ce une coïncidence ? Après les drames de Saint-Louis et de Ouakam, qui ont fait presque une trentaine de morts, le Premier ministre va procéder ce jeudi à la validation politique de la Stratégie nationale de lutte contre la migration irrégulière (Snlmi) et son Plan d’actions opérationnel. Ce qui va constituer un tournant décisif dans la prise en charge de la lancinante problématique de la migration irrégulière. Ce nouvel acte fait suite à une validation technique en novembre 2022 par les acteurs de la Société civile sénégalaise, des organisations de migrants et autres partenaires, notamment de l’Union européenne. Forte de 8 piliers et 5 axes stratégiques, la Stratégie nationale de lutte contre la migration irrégulière va être mise en œuvre de 2023 à 2026. Autrement dit, l’essentiel de ses interventions va tourner autour de la prévention, la gestion des frontières, les mesures de répression, l’aide, l’assistance et la protection, et le retour et la réinsertion des migrants, et de la gestion et la gouvernance de la migration. La Stratégie nationale sera une amélioration du dispositif institutionnel, avec une approche inclusive s’articulant autour d’une stratégie mobilisatrice des services de l’Etat, impliquant les communautés et les partenaires au développement dans un contexte marqué par la recrudescence du phénomène avec son lot de morts.

Le Comité interministériel de lutte contre l’émigration clandestine (Cilec), créé le 30 décembre 2020 et rattaché au cabinet du ministre de l’Intérieur, va piloter la Snlmi, qui risque aussi de dépendre en grande partie des partenaires européens qui financent l’essentiel des programmes de lutte contre l’émigration. Grâce à son Fonds fiduciaire d’urgence en faveur de la stabilité et de la lutte contre les causes profondes de la migration irrégulière et du phénomène des personnes déplacées en Afrique (Ffu), 18 programmes dont 10 nationaux et 8 régionaux, ont été financés pour un montant total de 198 millions d’euros, soit près de 130 milliards de francs Cfa. En Conseil des ministres le 27 janvier 2021, le Président Sall avait demandé la publication d’un mémorandum du gouvernement sur la politique et les projets mis en œuvre, ainsi que les ressources mobilisées jusqu’ici. Rien n’a été rendu de manière officielle. De toute façon, les résultats sont mitigés, car des jeunes Sénégalais n’ont pas renoncé à leur rêve de rallier l’Europe au péril de leur vie.
ambodji@lequotidien.sn et bsakho@lequotidien.sn