Le Sénégal soutient le projet d’Accord-cadre sur la criminalisation du trafic de produits médicaux de qualité inférieure et falsifiés. Macky Sall l’a fait savoir, le 18 janvier à Lomé au Togo lors de la réunion présidentielle sur la répression du trafic des faux médicaments.

A Lomé, le Président Sall porte le combat contre le trafic de médicaments. Tenue le 18 janvier, cette réunion présidentielle met en lumière les dangers liés à ce fléau. Dans son discours, Macky Sall a regretté qu’il soit «faiblement réprimé au plan judiciaire» alors que «le phénomène des médicaments contrefaits est extrêmement lucratif. Selon l’Institut international de recherche anti-contrefaçon de médicaments (l’Iracm), pour mille dollars investis, le profit pour les organisations criminelles du secteur des faux médicaments serait jusqu’à 500 fois supérieur». Il a ainsi rappelé que les faux médicaments ne soignent pas. Mais plutôt, dit-il, ce sont des tueurs silencieux, qui posent un sérieux problème de santé publique. «Et ce sont des prédateurs à grande échelle, qui constituent un fléau économique planétaire», ajoute-t-il. Citant l’organisation mondiale de la Santé (Oms), le chef de l’Etat a situé entre 30 et 60% de faux médicaments qui circulent en Afrique, entrainant le décès de plusieurs centaines de milliers de personnes à travers le continent. Parlant du phénomène, il considère qu’il existe un trafic beaucoup plus vaste par Internet, avec, dit-il, des méthodes de la criminalité organisée et de la cybercriminalité. Et poursuit-il, ces médicaments finissent par envahir même des structures légales telles que des dépôts, des pharmacies, des dispensaires et des hôpitaux au-delà de petites officines clandestines, ou des fameuses pharmacies par terre ayant pignon sur rue. Selon toujours Macky Sall, «en plus de parasiter le système de santé publique et d’exposer les consommateurs à de graves dangers, l’économie frauduleuse des faux médicaments met sérieusement en péril les circuits licites d’approvisionnement et de distribution».
Pour lutter contre ce fléau, le président de la République estime qu’aucun effort ne doit être épargné. Et de son avis, pour une action plus efficace, à impact global et durable, surtout dans des espaces d’intégration régionale, il faudra que les chefs d’Etat déploient surtout une synergie d’efforts dans la surveillance, le contrôle transfrontalier, l’échange d’expérience et l’harmonisation des législations. Il pense aussi que l’Afrique pourrait adopter progressivement des dispositifs de sécurité et de sérialisation des produits de santé soumis à prescription, qui permettent leur authentification, leur traçabilité et la vérification de leur intégrité.
Dans un entretien avec Jdd, il rappelle qu’il y a des saisies régulières de camions entiers. «Ce trafic excelle avec la corruption. C’est pourquoi je me suis engagé dans une lutte farouche au niveau législatif pour dissuader ceux qui seraient tentés de s’y soumettre. Le Sénégal a également signé la convention Médicrime. Et il a engagé la création d’une agence panafricaine du médicament afin de mieux coordonner la lutte contre les contrefaçons», explique le Président Sall.
Dans le cadre de la répression du trafic, le Guinéen Mamadou Woury Diallo a été reconnu coupable de trafic de faux médicaments, avant d’être gracié et provoquer la révolte des pharmaciens. Il est recherché par la justice sénégalaise. Au mois de juillet 2019, le président de la Chambre correctionnelle de la Cour d’appel de Thiès, le juge Souleymane Téliko, a lancé un mandat d’arrêt international contre lui. Lors du procès en appel, le juge a confirmé la condamnation en première instance prononcée par le Tribunal correctionnel de Diourbel, à l’issue de laquelle Barra Sylla et son co-prévenu Mamadou Woury Diallo avaient été condamnés, respectivement, à sept et cinq ans d’emprisonnement ferme. Et il a réduit de 25 millions de francs Cfa les dommages initialement fixés à 200 millions.