Lutte contre les migrations irrégulières : L’Oscar des talents pour fixer les jeunes

Agriculture, élevage, culture, c’est sur ce triptyque que l’initiateur de l’Oscar des talents compte pour ramener les jeunes vers leurs terroirs et les détourner du chemin migratoire. Par Justin GOMIS –
Faire renaître l’espoir chez les jeunes et combattre l’émigration clandestine, c’est le projet initié à travers des vacances citoyennes intitulé Oscar des talents par Mor Ngoné Kharma. «Oscar des talents c’est une rencontre culturelle qui vise à engager les participants, les acteurs institutionnels et de développement, à définir des perspectives socio-professionnelles de développement à l’endroit des jeunes et des femmes tentés par l’émigration clandestine, par l’exode rural et le déplacement», a expliqué Mor Ngoné Kharma, initiateur du projet Oscar des talents. L’idée c’est de valoriser l’agriculture et l’élevage dans le monde rural à travers le triptyque culture, agriculture et élevage. C’est un projet, dit-il, «qui va donner la chance à beaucoup de jeunes partout dans le pays». L’objectif général est d’atteindre l’autosuffisance alimentaire. Mais pour ce faire, l’initiateur du projet Oscar des talents qui se tient dans la commune de Mboumba, pendant deux jours, a scindé le Sénégal en zones. «La première zone c’est la zone de Dakar-banlieue, la deuxième zone c’est Louga-Matam-Saint Louis, la troisième zone, Fatick, Diourbel Kaolack et Kaffrine, la quatrième zone c’est Sédhiou, Ziguinchor et Kolda, et la cinquième zone c’est la zone de Tambacounda-Kédougou», a-t-il indiqué. A l’en croire, quand ils ont lancé les inscriptions dans la plateforme, des milliers de jeunes se sont inscrits disant qu’ils ont des projets en agriculture, en élevage et dans le secteur culturel. En fait, confie M. Kharma, le but c’est de prendre tous les jeunes et créer des chaînes de confiance dans chaque zone. «Si nous prenons la zone de Saint Louis-Matam-Louga, celui qui sortira vainqueur de ce projet sera appuyé. Nous allons organiser une chaîne de solidarité autour de ce jeune et il sera accompagné par des jeunes et des femmes qui sont à Louga, Matam et Saint-Louis». Les candidats, des techniciens de surface, des gestionnaires de projets, des transporteurs, des transformateurs ou transformatrices vont être au service de l’agriculture et de l’élevage. «En somme, nous allons voir qu’à la sortie de l’événement, nous aurons 6 jeunes qui vont sortir à travers leurs communautés. Chaque maison au Sénégal, ce sont presque 10 personnes qui y vivent. Au total, il y aura 600 personnes qui seront actives pour ce projet dès la première édition», a-t-il précisé en soulignant que cette initiative va participer à lutter contre le chômage des jeunes dans le pays.
Au bout de trois ans, les projections sont d’atteindre 1 million de jeunes entrepreneurs agricoles et éleveurs. «Pour la deuxième édition, nous voulons atteindre 1 million de jeunes entrepreneurs agricoles, un million de jeunes entrepreneurs en élevage. Par une chaîne de confiance de solidarité et d’activités c’est possible», a-t-il dit. «Des milliers de jeunes quittent les régions pour venir à Dakar pour être des marchands ambulants. Pourtant ils ont des terres. C’est comme laisser du diamant dans son terroir pour aller chercher du bronze ailleurs. Il y aussi de braves femmes transformatrices qui font énormément de choses pour propulser la communauté. Mais malheureusement les moyens ne suivent pas et souvent ces femmes viennent à Dakar pour exercer le métier de bonne», a-t-il détaillé.
Fixer les jeunes
Aujourd’hui, les initiateurs de l’Oscar des talents veulent ramener ces jeunes dans les régions en leur donnant la force, la motivation et en créant une chaîne de solidarité, de confiance, de créativité qui leur donnera dans trois ans, «1 million de jeunes agriculteurs et 1 million de jeunes dans l’élevage». Une idée fortement appréciée par Me Sadel Ndiaye, maire de Mboumba qui va accueillir cette première édition. «C’est un hymne à l’agriculture et à l’élevage. C’est important. Il faut chanter l’agriculture, il faut chanter l’élevage. Que nos jeunes n’aient pas honte de se mettre dans des travaux agricoles. Des fois, ils rechignent à cultiver, ils viennent en ville pour laver des voitures. Alors que l’agriculture est une activité valorisante. Pour moi, il faut revaloriser l’agriculture», a dit l’avocat qui trouve très intéressant le message que véhicule ce projet. Pour lui, c’est important de cibler la jeunesse. «Ils ont aussi un message tendant à ce que les jeunes retrouvent foi en eux. Depuis combien de temps on parle des bateaux. Ça continue. Il y a du travail à faire sur le plan culturel, sur le plan idéologique. On ne doit pas se fatiguer. On doit continuer pour que notre jeunesse retrouve foi en elle», a-t-il suggéré.
Selon Mor Ngoné Kharma, c’est aussi un projet panafricain qu’ils tiennent à réaliser dans le continent. «Nous avons un consortium d’amis africains qui étaient même présents lors du lancement d’Oscar des talents au Cameroun. Nous allons revenir au Sénégal les 2 et 3 avril 2025, pour parler de l’Afrique, du panafricanisme», a-t-il informé. Il compte aussi donner des chances à ces jeunes de vivre dans les communes d’arrondissement de Dakar et de sa banlieue. «Ils connaîtront le soubassement de notre culture et nous verrons que toutes les cultures africaines sont les mêmes», promet-il.
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