Vu les menaces sécuritaires qui pèsent sur les pays, il est impératif d’impliquer la Société civile et les populations dans la lutte contre l’insécurité. La Conférence nationale sur la Sécurité collaborative vise à promouvoir ce concept pour avoir plus de résultats.Par Justin GOMIS – 

Que faire pour affronter les défis de l’insécurité dans un contexte «de grandes mutations socio-politiques sur les plans global et régional, marqué par des menaces multidimensionnelles» ? «Nous demeurons convaincus que la lutte contre l’insécurité ne sera gagnée que dans un environnement favorable à la coopération, la collaboration et la mutualisation de nos efforts et de nos moyens», répond clairement l’ambassadeur des Etats-Unis au Sénégal, Dr Tulinabo S. Mushingi, qui a présidé hier la Conférence nationale sur la Sécurité collaborative, en présence du ministre de l’Intérieur et des personnalités chargées d’assurer la sécurité du pays. Organisée par l’Institut des Etats-Unis pour la paix (Usip), avec le soutien du Bureau des affaires internationales de stupéfiants et du maintien de l’ordre (Inl) du Département d’Etat américain, la conférence vise «à soutenir le gouvernement du Sénégal dans ses efforts pour le renforcement de la sécurité, notamment par le biais de la collaboration et du partenariat entre les services de sécurité et la population». «L’approche de la Sécurité collaborative vise une action sécuritaire adaptée au contexte et aux besoins locaux, basée sur un partenariat entre les services de sécurité et les populations, pour renforcer la sécurité humaine et répondre aux problèmes de sécurité», ex­plique l’ambassadeur américain.
Aujourd’hui, les menaces transnationales, la grande criminalité et le terrorisme «apparaissent comme l’un des problèmes les plus sérieux des démocraties modernes comme le Sénégal». Selon Dr Tulinabo S. Mushingi, «une lutte efficace ne peut être déclenchée que de manière exhaustive, collaborative et inclusive». Au Sénégal, la mise en œuvre de la gouvernance sécuritaire, à travers le Plan Sénégal émergent (Pse), «a placé, à juste titre, la sécurité publique au cœur des problématiques et des enjeux d’émergence et de développement du pays».
Il faut noter que la Lettre de politique sectorielle du ministère de l’Intérieur promeut «un réajustement stratégique, en tirant parti de la politique de sécurité de proximité bâtie autour de la prévention et du partenariat actif entre l’Etat, les collectivités locales, les communautés et les acteurs de la vie sociale».  Il ajoute : «Des efforts particuliers ont été déployés pour le renforcement de la gouvernance et de la sécurité (…) à travers la mise en place d’instances de concertation et de dialogue visant à améliorer la collaboration entre les services de sécurité intérieure, la population et les organisations civiques et religieuses.» Malgré ces réformes, comme l’adoption au niveau de la gendarmerie, de la police et de l’Asp d’une doctrine harmonisée de police de proximité et par l’élaboration de la stratégie nationale de prévention et de lutte contre la délinquance juvénile et le renforcement de la sécurité collaborative, les populations et la Société civile ne sont pas totalement engagées dans les débats sur la sécurité. «Il nous faut, plus que jamais, saisir l’opportunité de cette conférence pour nous engager individuellement et collectivement à faire de la lutte contre l’insécurité, sous toutes ses formes, une priorité en vue de la consolidation de la paix, la stabilité et la cohésion sociale qui sont des conditions indispensables à l’émergence économique», espère-t-il.

Antoine Diome : «Adapter notre système de sécurité aux enjeux actuels»
En écho, Antoine Diome insiste sur le raffermissement des relations entre les forces de défense et les populations. «Les forces de sécurité, qui sont chargées de la protection des personnes et des biens, sont appelées à rechercher la collaboration avec les populations en matière de police administrative et judiciaire dans le respect des lois et règlements», enjoint Antoine Diome. Cette évolution des relations entre les deux parties est essentielle pour faire face aux menaces sécuritaires. «La Sécurité collaborative permet d’adapter notre système de sécurité aux enjeux actuels et futurs, en la rendant plus dense grâce à l’apport bienveillant des populations. C’est ainsi que le Sénégal fera face à toutes les nouvelles formes de violence telles que le trafic de drogue qui connaît une nouvelle mutation, la traite des personnes, la criminalité transfrontalière, la cybercriminalité, mais aussi le terrorisme», promet Antoine Diome. Selon lui, l’avènement de l’Asp vise à gommer certaines imperfections dans la prise en charge de la sécurité publique. «La création de l’Asp participe ainsi de la volonté de l’Etat de matérialiser sa nouvelle vision sécuritaire qui accorde une place de choix à la collaboration entre les collectivités territoriales, les forces de sécurité et les autorités administratives. Cette agence a effectué des diagnostics aux niveaux départemental et communal sur tout ce qui se pose en matière de problématique de sécurité rencontré localement», rappelle Antoine Dio­me.
Face à la situation actuelle, le ministre de l’Intérieur insiste sur la mutualisation des efforts pour créer un espace de concertation et de dialogue. «La criminalité transnationale organisée n’épargne aucun pays, d’où la responsabilité commune des Etats de créer des mécanismes de coopération internationale, d’échange d’expériences et de partage de bonnes pratiques», conclut Antoine Diome.