Le manque de statistiques constitue un énorme problème dans la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, a relevé le directeur général du Groupe intergouvernemental d’action contre le blanchiment d’argent (Giaba).
Le colonel Adama Coulibaly, qui procédait lundi au lancement d’une formation régionale en analyse stratégique à l’intention des Cellules de renseignement financier (Crf), a renseigné que le Groupe intergouvernemental d’action contre le blanchiment d’argent (Giaba) a démarré son second cycle d’évaluation mutuelle et mise sur l’efficacité pour mieux cibler son cadre d’intervention. Pour arriver à cette efficacité, indique le Dg du Giaba, le manque de statistiques fait aujourd’hui défaut et constitue un obstacle dans le travail des Etats membres. «Nous souffrons du manque de statistiques. Ce sont les statistiques qui nous font défaut, non pas parce qu’on n’a pas les éléments pour les élaborer, mais c’est parce que nous n’avons pas une préparation suffisante. Dans la région, la qualification des infractions posent un problème. Mais avec la formation des magistrats, nous pensons qu’il y aura des condamnations pour blanchiment ou financement du terrorisme. Donc, il faut qu’au niveau de nos juridictions, les registres soient tenus en conséquence avec la possibilité de pouvoir nous donner tous les renseignements et toutes les informations sur ces types d’infractions. Au niveau du Fisc, des Impôts, de la direction générale des Douanes, il y a également des infractions qui sont en connexion avec le financement ou avec le blanchiment. Il faut que les outils soient mis en place pour que ces informations puissent être remontées et permettre aux cellules de renseignement financier de faire les analyses appropriées», a exhorté le colonel Adama Coulibaly à l’ouverture de la formation des Crf des Etats membres du Giaba.
Le but de cette formation, selon le représentant du groupe Egmont, «un réseau international informel d’intelligence financière visant à améliorer la coopération dans la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme», est d’aider tous les Etats dans les régions du monde à appliquer les mêmes standards. «La criminalité, surtout financière, et le financement du terrorisme ne connaissent pas de frontières. Donc, pour que les Crf qui sont dans le monde puissent travailler ensemble, il faut qu’elles appliquent les mêmes standards, il faut qu’elles se fassent confiance mutuellement et c’est pour cela que nous essayons de mettre toutes les Crf autour d’une table, afin qu’elles aient les mêmes formations et appliquent les mêmes standards», a-t-il précisé.
Le directeur général du Giaba explique que «les Crf sont des structures en charge d’examiner les dossiers qui leur sont soumis par les structures financières ou d’assurance et autres et à partir de ces rapports financiers. Elles analysent les dossiers et lorsqu’elles estiment qu’il y a des indices avérés de blanchiment de capitaux ou de financement du terrorisme, elles font des rapports aux juridictions. Et ces dernières engagent des poursuites si c’est nécessaire et évidement pour des condamnations s’il y a lieu».
L’expérience du Sénégal saluée
Dans la lutte contre les crimes financiers, le Nigeria et le Sénégal, à en croire le directeur général du Giaba, constituent des mentors pour cette organisation dans l’accompagnement des autres Crf. «Le Sénégal a une longue expérience en la matière, le Nigeria également. En ce qui concerne l’expertise, nous avons une stabilité au niveau des experts de la cellule du Sénégal, alors qu’ailleurs le mouvement administratif a poussé à des changements, à des remplacements et nous sommes obligés à chaque fois de reprendre», a déploré M. Coulibaly. Tout de même, il reconnaît que les résultats du Giaba sont satisfaisants, malgré les défis qui restent à relever. «Notre rôle n’est pas d’arrêter les délinquants. Le Giaba accompagne les Etats. Les bras séculiers se trouvent au niveau des Etats et ce sont les Cellules de renseignement financier. Et si nous regardons l’environnement, nous constatons de plus en plus qu’il y a un renforcement des capacités. Nous venons de participer à la formation des magistrats des hautes juridictions des Etats au niveau de l’Ecole nationale de magistrature de Paris et je puis vous dire qu’ils sont prêts pour passer désormais à l’action», assure le Dg du Giaba.
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