M. Alioune Tine ! Les Forces de défense et de sécurité ont également besoin d’une reconnaissance nationale car elles sont tombées sur le champ d’honneur en défendant la République contre l’insurrection

Dans l’édition du journal Le Quotidien du samedi 8 mars, le journaliste Amadou Mbodji, dans un article, a relayé le plaidoyer de M. Alioune Tine qui veut «une reconnaissance nationale» pour les «martyrs de la démocratie».
M. Alioune Tine veut que les «martyrs de la démocratie» ne tombent pas dans l’oubli. C’est ainsi qu’il demande qu’ils aient une «reconnaissance nationale». M. Tine parle de ceux qui ont perdu la vie lors des évènements politiques du 23 juin 2011 et lors des manifestations politiques de 2021-2024.
Ma première observation concerne l’amalgame qui consiste à mettre dans un même panier, les événements politiques du 23 juin 2011 et les manifestations «politiques» de 2021-2024.
Je n’ai pas besoin de revenir sur ce qui s’est passé durant ces 2 périodes, car nous les avons vécus ensemble et le monde entier en fut témoin.
Les facteurs déclencheurs étant totalement différents, il est hors de question de les comparer aux fins de tenter de les assimiler.
Le 23 juin 2011 était inévitable, car c’était l’aboutissement laborieux de luttes politiques réfléchies et organisées pour faire face à ce qu’on pouvait considérer comme une tentative de faire reculer notre démocratie, obtenue suite aux sacrifices et efforts de plusieurs décennies.
L’engouement populaire et patriotique né de cette grave tentative nous a malheureusement coûté des vies humaines. Je m’incline devant la mémoire de ces martyrs. Mémoire que notre Nation a honorée en finalisant le processus, ce qui nous a valu notre deuxième alternance en 2012. Le Sénégal n’oubliera jamais les sacrifices faits par ces martyrs et devra tout faire pour les immortaliser.
Les manifestations de 2021, 10 ans après juin 2011, ont ensanglanté notre pays suite à un appel d’un leader politique qui avait maille à partir avec la Justice suite à la plainte d’une concitoyenne.
Au lieu de prendre ses responsabilités pour répondre, il a préféré se dérober en accusant le président de la République de complot contre sa personne pour bloquer sa montée politique et l’empêcher d’être candidat à l’élection présidentielle. Les exemples de Khalifa Sall et Karim Wade ont été cités pour dire que c’était le tour de Sonko.
«Quels sont les faits ?», s’exclama le Secrétaire général du Pit-Sénégal, M. Samba Sy, dans l’émission «En vérités» de Radio Sénégal. -Je le félicite au passage pour sa brillante prestation, comme d’habitude -Il élaborait ainsi une réponse au journaliste Migui Maram Ndiaye qui était revenu sur ces événements, l’amnistie et la demande populaire pour son abrogation, pour que toute la lumière soit faite, permettant de partager les responsabilités des uns et des autres, et d’appliquer une justice rigoureuse pour que notre pays ne connaisse plus de pareils événements qui nous ont fait perdre autant de jeunes vies humaines, sans compter toutes les blessures et pertes économiques, matérielles et sociales. Nous nous retrouvons aujourd’hui dans un pays fracturé, où l’amour a laissé place à la haine, l’intolérance totale, l’injure et l’insulte gratuite, le manque de respect. Choses méconnues naguère dans notre société, devenues aujourd’hui banales et normales.
C’est dans un tel contexte que ceux qui nous dirigent et qui sont supposés nous réconcilier parlent d’abrogation partielle, d’une interprétation de la loi d’amnistie.
Les manifestations de 2021 et 2023 étaient-elles inévitables ?
Contrairement à celles de 2011, je dirais qu’on aurait pu les éviter et faire l’économie de tout ce qui s’en s’est suivi. Je ne dirais pas, comme M. Alioune Tine, qu’il s’agissait de luttes pour la démocratie, car cette dernière n’était pas menacée, car jalousement surveillée et protégée par le Peuple non violent et par nos institutions solides.
Des jeunes ont malheureusement perdu la vie, considérant qu’ils défendaient une cause juste. Je m’incline respectueusement devant leur mémoire et souhaite que le Bon Dieu les accueille au Paradis.
Ceux qui leur avaient demandé de quitter les claviers pour venir au «Mortal Kombat» défendre le projet, ont fini par négocier avec le Président Macky Sall qui, de comploteur, est passé premier allié, après que l’insurrection fut défaite par nos vaillantes Forces de défense et de sécurité, qui ont ainsi sauvé notre Nation d’une catastrophe institutionnelle.
Imaginez un instant si elles n’avaient pas fait face, ce qui pouvait arriver à notre cher pays reconnu mondialement pour sa démocratie.
L’objectif de Ousmane Sonko était de s’emparer du pouvoir par la rue, pourquoi faire ? Lui seul en avait la réponse. Donc, s’il y a des gens qui se sont battus pour préserver la démocratie, ce sont bien nos Fds, et pour cela M. Alioune Tine, elles méritent aussi une reconnaissance nationale, et nous nous inclinons devant la mémoire de tous nos disparus, sans distinction.
La seule voie pour le pouvoir au Sénégal est la voie des urnes, et les chefs de l’insurrection ont bien appris la leçon en négociant pour aller aux élections et en rendant visite à leur sauveur comme pour le remercier.
Je crois que cela n’est plus qu’un secret de Polichinelle après que M. Pape Mada Ndour est sorti de son cadre de «réserve» pour commenter les coulisses des négociations entre Macky Sall et les têtes de file de Pastef emprisonnés à l’époque.
Lors d’une émission télévisée sur Sans limites, l’ex-chef de Cabinet a dévoilé en détail des négociations et rencontres confidentielles impliquant notamment Macky Sall, Ousmane Sonko et d’autres acteurs influents de la galaxie Pastef, pour apaiser le climat social délétère de l’époque. Ce qui avait donné naissance au fameux «protocole du Cap Manuel». J’ai cité la journaliste Dieynaba Kane.
Ces jeunes sont-ils morts pour qu’on se retrouve aujourd’hui en train de dire : tout ça pour ça ?
Idrissa SYLLA
PIT-Sénégal New York
idrissasylla902@gmail.com