Mac Thiès – Inauguration de l’académie «Escrime et Justice réparatrice» de la Mac de Thiès : Pour la réadaptation mentale des mineurs en conflit avec la loi

Avec l’inauguration de l’académie «Escrime et Justice réparatrice» de la Mac de Thiès, l’Etat et les partenaires essaient de préserver les mineurs des risques liés aux détentions.Par Cheikh CAMARA –
«La volonté du président de la République de promouvoir une Justice plus efficace et plus protectrice des citoyens connaît une belle résonance avec l’académie «Escrime et Justice réparatrice» de l’association «Pour le sourire d’un enfant», assure le Garde des sceaux, ministre de la Justice, qui a procédé, hier à la Maison d’arrêt et de correction de Thiès, à l’inauguration dudit projet. Pour les mineurs, c’est un processus de récupération en vue de les remettre au cœur de la société.
«Seule une forte institution nationale de protection des enfants pourra relever les défis de la déviance, de la délinquance juvénile et de la maltraitance des enfants», assure Ousmane Diagne, qui a décidé de dupliquer la méthode «Escrime et Justice réparatrice» dans tous les centres dédiés aux mineurs sous protection ou surveillance judiciaire. Cela, pense-t-il, «permettrait sans nul doute à notre pays de faire éclore de véritables compétiteurs dans ce domaine, à quelques mois des Jeux Olympiques de la Jeunesse prévus chez nous en 2026».
Pour le Garde des sceaux, «cette académie nous offre, par ailleurs, l’occasion de nous engager inéluctablement dans la voie de la déconstruction des mythes et stéréotypes attachés à la population carcérale, et d’aboutir à une réponse adaptée au défi de la réinsertion». Aussi demeure-t-il convaincu que le partenariat qui lie le département de la Justice à l’association «Pour le sourire d’un enfant», depuis 25 ans, a toujours été une stratégie crédible pour lutter contre la récidive chez les mineurs en conflit avec la loi en vue de leur offrir plus d’espoir, qu’ils soient victimes ou en danger. Selon lui, «Pour le sourire d’un enfant» est «une association qui n’a de cesse d’œuvrer pour l’amélioration des conditions de détention, mais aussi pour une prise en charge optimale de la santé physique et mentale, l’égalité de genre et l’inclusion sociale au niveau de la population carcérale».
Face à la persistance de la récidive des mineurs, l’association «Pour le sourire d’un enfant», d’après le ministre, «a su matérialiser l’idée d’intégrer le sport dans les stratégies de prévention de la criminalité chez cette frange de la population». Il rappelle qu’en collaboration avec l’Administration pénitentiaire, il a été décidé de mettre en œuvre ce concept «unique» au monde, qui consiste à mobiliser les notions psychothérapeutiques de l’escrime pour la reconstruction mentale des mineurs ; d’où le nom «Escrime et Justice réparatrice». Il souligne que «ce programme expérimental, né de la volonté d’hommes et de femmes convaincus que la criminalité n’est pas une fatalité, nous vaut aujourd’hui une belle reconnaissance, aussi bien au niveau national qu’à l’échelle internationale».
Sur le plan national, le ministre souligne que «le fruit de notre partenariat est notamment visible à travers l’intégration effective de la dimension «Escrime et Justice réparatrice» dans les modules de l’Ecole nationale de l’Administration pénitentiaire et dans les activités de formation des agents de la Direction générale de la protection judiciaire et sociale du Sénégal. 20 éducateurs spécialisés et 40 surveillants pénitentiaires en ont déjà bénéficié». Et de poursuivre : «L’implantation de la méthode dans les centres de la Direction générale de la protection judiciaire et sociale a ainsi permis d’affiner les méthodes d’intervention professionnelles des équipes éducatives, qui y ont trouvé un outil très attractif de stabilisation comportementale et de renforcement de la résilience des mineurs. Ces derniers ont également développé des attitudes et aptitudes qui leur ont permis de faire face à certains comportements sociaux ou psychologiques susceptibles d’impacter négativement leur personnalité.»
Concept «unique»
Aujourd’hui, le directeur de la Protection judiciaire et sociale, et la Chancellerie apporteront leur pleine collaboration à ce projet, qui pourra aussi compter sur le soutien du président de la République, de son Premier ministre et de l’ensemble des membres du gouvernement, compte tenu de l’intérêt porté à la politique publique en matière de protection des enfants. Au plan international, «l’Unesco a magnifié le caractère pertinent du concept «Escrime et Justice réparatrice», qu’il a trouvé innovant», renseigne le ministre de la Justice. Selon lui, «le Congrès européen de la psychologie du sport a aussi validé le procédé psychothérapeutique». De même, souligne-t-il, «plusieurs prix et distinctions ont été décernés à cette méthode, qui a été notamment double lauréate de Global sport week, en 2020 et 2021, vainqueur du Prix spécial du jury des Sport Impact Awards en 2023 et lauréate du Forum de Paris sur la paix en 2023».
L’ancien procureur de la République relève qu’«à Paris, où se déroulent présentement les Jeux Olympiques, la méthode «Escrime et Justice réparatrice» a été présentée comme initiative modèle de développement pour l’Afrique au Sommet Sport4SD, auquel a participé le président de la République Bassirou Diomaye Diakhar Faye». C’est donc, reconnait-il, «l’aboutissement d’une collaboration réussie, entre le ministère de la Justice et l’association «Pour le sourire d’un enfant», qui nous a permis cette exposition mondiale». A ses yeux, «le chiffre qui nous a été présenté suffit pour attester de l’efficacité de la méthode, à savoir 0% de récidive pour les jeunes mineurs pratiquant la méthode».
Le ministre ne manque pas de prendre exemple sur ce «partenariat fructueux» afin d’exhorter toutes les parties prenantes à «une synergie des actions pour instaurer une Justice plus efficace, plus moderne, plus humaine et résolument tournée vers une distribution mieux acceptée par nos concitoyens».
Correspondant