Macky à l’endroit du Conseil de sécurité de l’Onu : «On ne peut régler les problèmes des Africains sans les Africains»

L’Afrique est en train d’affiner sa stratégie pour atteindre son objectif d’avoir deux sièges permanents au Conseil de sécurité de l’Onu. La réunion ministérielle du Comité des 10 chefs d’Etat et de gouvernement (C-10) de l’Union africaine qui s’est tenue hier à Dakar entre dans ce cadre. Lors de l’ouverture de cette rencontre, le président de la République du Sénégal a attiré l’attention sur le fait que les Africains doivent être associés au règlement des problèmes des Africains. Macky Sall a insisté sur la nécessité de faire preuve de solidarité, de cohésion et de discipline pour obtenir les résultats escomptés.
La réunion ministérielle du Comité des 10 chefs d’Etat et de gouvernement (C-10) de l’Union africaine hier à Dakar a été une occasion pour le Président sénégalais d’aborder la question de la réforme du Conseil de sécurité dans le fond. Macky Sall a ainsi fait savoir qu’il «est aussi juste que la position africaine réclame un statut unique pour tous les membres permanents». Cela, d’après le chef de l’Etat, veut dire «que les nouveaux membres permanents vont être investis des mêmes prérogatives que les anciens, notamment en ce qui concerne le droit de veto». Selon M. Sall, «l’approche dite intermédiaire, transitoire, combinée à une composition hybride du Conseil entre membres permanents dotés du droit de véto, membres permanents sans droit de veto et membres non permanents, donnerait une image quelque peu désordonnée du Conseil».
Par ailleurs, le président de la République est revenu sur la légitimité de cette revendication du continent. Partant du constat que «l’Afrique compte le plus grand nombre d’adhérents aux Nations unies avec 54 Etats membres» et du fait que «les questions africaines occupent l’essentiel de l’agenda du Conseil de sécurité», M. Sall estime qu’on «ne peut pas régler les problèmes des Africains sans les Africains». A titre d’exemple, il a évoqué «la situation en Libye» dans laquelle «l’Ua n’a de cesse de réclamer la nomination d’un envoyé spécial conjoint pour veiller au règlement de la crise».
Faisant le plaidoyer pour l’ouverture de ce cercle restreint au continent africain, Macky Sall soutient qu’une «représentation plus équitable au Conseil de sécurité lui donnerait un surcroît d’autorité et de légitimité en tant que garant du système de sécurité». «Il est donc légitime et juste de rendre le Conseil de sécurité plus inclusif dans sa composition et plus démocratique dans son fonctionnement pour une meilleure gouvernance mondiale», a-t-il déclaré.
Macky mise sur la solidarité, la cohésion et la discipline de groupe
Le chef de l’Etat sénégalais est convaincu que l’atteinte de l’objectif de l’Afrique d’avoir deux sièges permanents et deux autres non permanents au Conseil de sécurité de l’Onu passe par un consensus fort. Hier, lors de l’ouverture de la réunion ministérielle du Comité des 10 chefs d’Etat et de gouvernement (C-10) de l’Union africaine, M. Sall a fait savoir que les enjeux de la réforme du Conseil de sécurité «sont de taille». Selon lui, c’est une «nécessité pour le C-10 de poursuivre son mandat en veillant à la solidarité, à la cohésion et à la discipline de groupe».
Poursuivant ses propos, il précise que cette démarche n’exclut pas l’échange avec «les autres groupes d’intérêt». Toutefois, il appelle à éviter «toute initiative ou démarche de nature à fragiliser l’unité et la cohésion du groupe». «Il est important que le groupe continue d’insister sur la nécessité de préserver l’inclusion et la transparence dans le processus de négociation», a-t-il recommandé.
Abondant dans le même sens, le commissaire aux Affaires politiques de l’Union africaine (Ua) soutient : «Nous devons continuer d’avoir foi en nous-mêmes tout en recherchant le soutien des autres Nations susceptibles de soutenir une réforme qui apporte une voix prépondérante à l’Afrique.» D’après Minata Samaté, l’adoption d’une feuille de route et la définition d’objectifs clairs pour la participation aux négociations permettront de faire des avancées considérables.
Revenant sur l’importance de cette rencontre, elle souligne qu’elle offre «l’opportunité d’affiner nos stratégies afin de mieux nous préparer à relever les défis auxquels nous faisons face». Attirant l’attention sur la longue attente pour la réalisation de ce vœu, la représentante du président de la Commission de l’Ua estime qu’il est «temps d’agir pour que l’Afrique atteigne son objectif, celui d’avoir une représentation équitable au Conseil de sécurité».
Sur les lenteurs notées dans le processus, le commissaire aux Affaires politiques de l’Ua souligne qu’il y a des Etats «qui ne voudraient pas que la situation change» parce qu’il y a «beaucoup d’appétit autour du Conseil de sécurité des Nations unies». A cela, elle ajoute le fait que «parfois certaines puissances jouent à la division pour que nous n’ayons pas de résultat». Ce qui, à l’en croire, «ne facilite pas la négociation».
Cependant, le commissaire aux Affaires politiques de l’Ua soutient que «l’Afrique est unie et compte gagner ce combat» en étant solidaire et en parlant d’une même voix. Pour Mme Samaté, l’intégration de l’Afrique au Conseil de sécurité de l’Onu comme membre permanent «est une condition sine qua non pour avoir un Conseil de sécurité plus représentatif, plus légitime et efficace».