Magal 2022 : Ferveur et larmes

La fierté d’être disciple d’un homme comme Serigne Touba ne s’explique pas ! Elle se vit, se savoure ! Et ce, qu’il vente, pleuve ou fasse chaud ! Récit d’un aller simple sur la ville sainte de Touba, qui continue son envol vers les sommets.
La ferveur ne faiblit pas, les mêmes scènes d’allégeance et d’attachement à une ville. A une confrérie. A un homme. Braver une chaleur accablante sur des bouchons kilométriques juste pour le plaisir de commémorer le départ en exil d’un homme ! Il y a des choses que la raison ne saurait expliquer. Et pourtant, ils sont plus de 5 millions, selon les estimations, à venir d’un peu partout dans le monde pour célébrer le départ en exil de Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké. Cela dure depuis plus d’un siècle. Pour cette édition de 2022, la ferveur des fidèles est perceptible depuis l’autoroute à péage Ila Touba. Sur ce tronçon, qui relie Dakar en passant par les régions de Thiès jusqu’à Diourbel, les kilomètres d’embouteillage sont supportés avec philosophie. Si d’aucuns ont préféré se dégourdir les jambes en arpentant la chaussée verdâtre du péage, d’autres rattrapent une nuit passée à peaufiner les derniers réglages dans les voitures. L’attente, parfois longue, offre un spectacle surréaliste. La bouche ouverte et le visage placardé sur les vitres des sièges passagers, tous les moyens sont bons pour gagner quelques minutes de sommeil. C’est comme cela jusqu’au village de Ngabou. De là, certains, pressés de gagner la ville, font le choix d’abandonner les transports en commun pour prendre les calèches et autres taxis clandestins. Là aussi, la ferveur semble être seulement du côté des voyageurs. Les transporteurs ne croient qu’à l’argent. «Nous voulons aller à Darou Marnane», demande un couple de jeunes avec leur bébé. La chaleur étouffante est une aubaine pour les transporteurs sans scrupules, qui profitent de l’affluence pour multiplier les tarifs. Devant la cherté du transport, le couple a préféré continuer à pied jusqu’à Dianatoul Mahwa. De l’autre côté, les bouchons sont plus imposants dans la ville sainte. Il est même conseillé de marcher si la distance n’est pas longue.