Entouré de ses belles femmes et devant quelques disciples, Cheikh Béthio a célébré le départ de Cheikh Amadou Bamba au Gabon dans une soft gaieté. Enfin c’est selon !

«Beaucoup ne peuvent pas connaître ce que le Magal apporte comme biens faits au monde entier.» Le dieuwrigne universel, Mamadou Mbaye, en charge du stock des condiments à Dianatoul Mahwa, ne veut pas entendre parler de gaspillage, en ce qui concerne la célébration du départ en exil de Serigne Touba au Gabon. Selon lui, rien n’est trop beau ni trop cher pour honorer le fondateur du mouridisme.  Selon celui qui suit Cheikh Béthio depuis 1989, «ceux-là qui parlent de gaspillage méconnaissent vraiment les recommandations de Cheikh Amadou Bamba». C’est une fête et c’est normal qu’on dépense de l’argent pour se faire plaisir, d’après ses explications. Au magasin de stockage où il attend l‘eau pour se doucher, Mamadou Mbaye ne plie pas sous la fatigue. L’honneur ne se refuse pas, cette phrase, il l’applique dans les moindres détails. Sur les 57 minutes d’échange précédant le début des festivités du Magal, il a bu 3 tasses de café, s’est agenouillé sur 2 plats et le reste du temps, le croissant est scotché sur sa main droite. «C’est le Cheikh qui a demandé à tout le monde de l’aider à remercier son Créateur. De son vœu, il invite tout un chacun à immoler un animal le jour du Magal selon sa capacité financière et de faire des offrandes», explique-t-il non sans préciser qu’il «est toujours bon de lire les versets du Coran ou les khassaïdes du Cheikh à n’importe quelle heure. Néan­moins ce n’est pas une obligation dans le cadre de la célébration du Magal». En ce sens, Cheikh Béthio, qui clame sur tous les toits son amour envers Serigne Saliou Mbacké, est le mieux servi dans cette fête. Au milieu de ses 3 femmes, l’homme religieux, tout de blanc vêtu, pioche sur sa table bien garnie des croissants et d’autres victuailles. Visage émacié, joues ridées par le poids de l’âge, il accompagne le mouvement de ses dents avec une telle grâce qui donnerait envie de tout dévorer. Pendant ce temps, de belles demoiselles, plats entre les mains, se faufilent parmi les quelques privilégiés invités à célébrer le Magal dans le salon de Béthio pour leur servir à manger et à boire. De la viande bovine, en passant par les cuisses de poulet sans oublier les côtelettes de chameau, les invités savourent cet instant au palais (ainsi appelé la demeure de Béthio par les thiantacounes), ils sont des rois.
Sous les yeux de ses 3 femmes, il prend le micro pour remercier le Bon Dieu. Les salamalecs d’usage évacués, Cheikh Béthio profite de la présence des médias pour solder ses comptes. «Tout chef religieux aimerait avoir des talibés comme vous», a-t-il dit tout en prenant soin de bien dévorer des yeux sa femme Aïda Diallo, qui s’est fait remarquer en donnant à son mari une Adiya de 500 millions F Cfa. Toute heureuse que son guide de mari l’ait remerciée en public, Aïda Diallo, à son tour, rend la politesse au point de rendre ce moment plus ou moins sensuel. «Li nga niou niamal, nionko xam» (ce que tu nous a offert, c’est nous qui pouvons en témoigner mieux que quiconque). Elle ne manquera pas de promettre pour le Magal  prochain de remettre  une somme de 900 millions F Cfa. Béthio reprendra la parole pour assurer que Dieu va épauler sa femme afin qu’elle réussisse ce nouveau pari. Des chants et la distribution de bil­lets de banque mettront fin, à n’en pas douter, à cette belle fête aux allures plus mondaines que religieuses.