Actrice de développement, membre de la Ligue sénégalaise de lutte contre le cancer, chef d’entreprise, Maïmouna Dièye est entrée en politique en 2014 aux cotés de Ousmane Sonko, à Pastef. Aujourd’hui, présidente du Mouvement national des femmes patriotes, elle a été investie candidate de la Coalition Yewwi askan wi à la Patte d’Oie. Dans cet entretien, elle s’en prend à la gestion de Macky Sall et livre sa vision pour sa commune.Pourquoi les leaders de Yewwi askan wi étaient-ils absents à la manifestation des mouvements Frapp et Y en a marre du vendredi dernier, à la Place de la Nation ?

Vous savez, nous sommes en période de précampagne, une période très chargée. Le mot d’ordre a été lancé lors de la conférence de la veille, par le président Khalifa Sall. Mais, il y a eu un soutien des leaders. Les manifestants disent que la Justice est en train de prendre parti, mais moi, je dirai que la République a fui parce qu’il n’y a plus de démocratie. Le Président Macky Sall a installé la dictature. Elle n’est plus rampante, mais réelle. Cela impose à tout un chacun de se mobiliser pour refuser et dire non.

Quels sont les faits sur lesquels vous vous basez pour parler de dictature rampante ?
On a beaucoup de faits à montrer. Rien que ce qui se passe ces derniers temps, montre un président de la République qui devient un danger pour sa propre personne. Voilà un Président qui ne réfléchit plus, qui tire sur tout ce qui bouge. Il n’écoute même pas ses conseillers. Au moment où on parle de crise universitaire, de problèmes cruciaux, le Président est ailleurs, il déserte. Quand il se permet de dire qu’il a besoin d’un Premier ministre pour s’occuper de problèmes d’ailleurs, cela veut dire que Macky Sall est en hibernation et n’est plus conscient de ce qui se passe dans le pays. Macky Sall est un Président complétement désaxé des priorités de la Nation sénégalaise, qui souffre. Pendant ce temps, il nous parle certification du ceebu jen. Comme si c’était une découverte ! A mon humble avis, je pense que Macky Sall a besoin d’être aidé.

Est-ce qu’avec le poste de Premier ministre, vous pensez que les choses peuvent changer ?
Le problème n’est pas un poste de Premier ministre, c’est la posture et l’attitude.
Macky Sall dit qu’il n’a plus le temps pour le Sénégal. Cliniquement, je pense que Macky Sall n’est plus là et n’est plus intéressé par la gouvernance de son pays.
Il est où ?
J’aimerais bien le savoir. Il est ailleurs, alors que c’est présentement que le Sénégal a plus besoin de son Président. Cela veut dire qu’il y a une fuite de responsabilités. Macky Sall a démissionné.

En tant que candidate de Yewwi askan wi à la Patte d’Oie, quelle est votre offre politique ?
Nous proposons une rupture, c’est à dire une vision claire de la gouvernance locale démocratique, mais aussi un appui communal à l’économie communale créatrice d’emplois. Nous voulons une facilitation de l’accès aux infrastructures pour une économie commerciale éducative, sanitaire, culturelle, sportive, en vue de les mettre ensemble, avec dans chaque rubrique, des propositions. Mais, nous allons poser des actes forts à travers une vision claire au préalable. Pour gouverner, il faut répondre aux exigences des populations. Il faut aussi une prise en charge efficace de l’aménagement urbain, la gestion durable de l’environnement, le cadre de vie. Ce dernier volet reste une sur-priorité dans la gouvernance locale. L’anarchie aussi est un problème. Il y a beaucoup de problèmes liés à l’environnement, parce que la Patte d’Oie a le privilège de loger le poumon vert de la région de Dakar, les Niayes. Par rapport à la prise en charge écologique environnementale, il y a beaucoup à faire. Pour ce qui a été fait, nous n’avons pas senti un accompagnement réel de la mairie, alors que rien que cette zone des Niayes, peut impulser l’essor économique de la Patte d’Oie, parce que ça génère des milliards. Il faudra aussi essayer d’impliquer les populations dans la gestion communale. Ce serait une très bonne chose de les rassurer, de renouer, recoller les morceaux de cette rupture entre les populations et la mairie. Nous voulons réconcilier les populations avec les politiques. La commune de Patte d’Oie peut fonctionner à partir de recettes. Mais, elles ne sont même pas exploitées au tiers. C’est dommage parce que c’est une zone pas difficile à gérer. Pour le bilan de la mairie, je ne vois rien. A part la construction du marché, en chantier depuis 3 ans et qui devait être livré depuis quelque temps, je ne vois pas de réalisations de la mairie. Je pense que s’il y avait un bilan, il aurait été fait depuis longtemps.

Pastef avait initié en janvier 2021, une campagne de levée de fonds dénommée Néméku tour, et le ministre de l’Intérieur avait menacé le parti de dissolution. La Coalition Yewwi askan wi, en lançant la même initiative la semaine dernière, s’expose-t-elle aux foudres du ministre de l’Intérieur ?
(Rires) Vous avez bien dit foudres du ministre de l’Inté­rieur. L’acharnement, c’est depuis le président de la République, en passant par le ministre de l’Intérieur et les organes étatiques, avec des mesures de répression sur l’opposition. Je pense que le Néméku tour avait lancé l’affaire Adji Sarr. Peut-être qu’ils sont en train de préparer un autre complot, parce que nous avons un ministre de l’Intérieur qui a fini de prouver qu’il est à la solde de Macky Sall. C’est un ministre de l’Intérieur de Macky Sall et non du Sénégal. Au lieu de protéger le Sénégal, il protège un homme. Je pense qu’ils sont encore en train de préparer autre chose, mais ce n’est pas ça qui nous arrêtera. Le Néméku tour va continuer au niveau de Pastef et la campagne de levée de fonds va continuer aussi pour ce qui est de Yewwi askan wi. Dans une vraie démocratie, l’opposition devait être dotée de fonds. Le pouvoir en revanche, a des moyens et déroule. L’oppo­sition est dans son droit de s’opposer et on devait être soutenus par l’Etat. Si ce n’est pas le cas, normalement personne ne devrait se permettre de faire de la répression pour des campagnes de levée de fonds. Mais ce qui est sûr, c’est que ça va continuer. On est actuellement à 30 millions sur un objectif de 100 millions. C’est sûr qu’on va l’atteindre. Maintenant, s’il y a des gens qui ne veulent pas que l’opposition fasse son travail, ils trouveront sur leur chemin, cette synergie capable de faire face pour riposter. La question est de se demander pourquoi les Sénégalais nous accompagnent. Ils pouvaient ne pas s’y intéresser. Le paysan, le vendeur de cacahuètes, le boutiquer, le pêcheur, etc., malgré les temps difficiles, cotisent. Ils ne sont pas forcés de le faire. Cela veut dire que le discours de Yewwi passe et nous en sommes fiers. On aurait pu demander et ne rien recevoir. Les Sénégalais sont motivés par ce besoin de dire non et refuser le diktat de Macky Sall. Le Sénégal traverse les pires moments socio-économiques de sa vie.

Le système à majorité relative, fait-il les affaires de Diouf Sarr face à votre candidat à la Ville de Dakar, en l’occurrence Barthélemy Dias ?
Diouf Sarr a un adversaire terrible. Le maire Barthélemy Dias a été adopté par les communautés de Dakar. Que ce soit la communauté chrétienne, léboue, etc., parce qu’il incarne le changement, cette lueur d’espoir que nous attendons de la coalition. Il a toutes les chances de remporter haut la main, les élections au soir du 23 janvier 2022. Ce mode d’élection est pour moi, une chance. Aujourd’hui, on sait que la tête de liste sera le maire. Avant, c’était les magouilles. Cela a freiné l’élan des mercenaires politiques, qui monnayaient leur vote. Donc, le nouveau système les élimine. Le cas de Djibril Ngom est une illustration. Je n’ai jamais cru un seul instant, que Macky Sall allait descendre aussi bas. Recevoir cet homme d’une dimension aussi négative, montre qu’il n’est pas le Président qu’on voulait. Il ne se rend même pas compte de l’énormité de son acte. On a initié cette pétition pour sa mise en accusation. Vous avez vu cette montée vertigineuse par rapport à la signature de cette pétition. Nous avons saisi la Cedeao. Pour la première fois, on parlera d’un Président qui peut être destitué par son Peuple.

Cette mise en accusation n’est-elle pas vouée à l’échec ?
Nous sommes convaincus que cela va aboutir. Il a joué avec les outils de la République et le temps de payer est arrivé.
Propos recueillis par Babacar Guèye DIOP – bgdiop@lequotidien.sn