Dans le cadre de l’assainissement du secteur hôtelier et touristique, le gouvernement veut rappeler à l’ordre les acteurs «indélicats». En ce sens, deux arrêtés viennent d’être signés pour rappeler à tous les acteurs, l’obligation de se conformer à la réglementation au plus tard le 31 décembre de cette année, a annoncé Maïmouna Ndoye Seck. Dans cette deuxième et dernière partie de l’entretien qu’elle a accordé au journal Le Quotidien mercredi, madame le ministre du Tourisme et des transports aériens confirme que les activités de l’aéroport Blaise Diagne débuteront le 7 décembre et le handling au niveau de cet aéroport sera assuré par une nouvelle société qui est en gestation.
L’inauguration de l’Aibd a été annoncée pour le 7 décembre 2017. Est-ce que cette date est toujours maintenue ?
Je le confirme. Le début des activités sur l’Aéroport international Blaise Diagne (Aibd) va intervenir le 7 décembre 2017.
Donc, aujourd’hui les travaux sont presque terminés ?
Les travaux sont terminés. Aujourd’hui, ce sont les processus de certification et les opérations de transfert, la formation du personnel, la mise en place de la société de gestion, qui sont en cours pour permettre l’ouverture de l’aéroport. Mais les travaux qui étaient gérés par Saudi ben laden group et qui avait pris comme sous-traitant général les sociétés turques Summa Limak, sont totalement terminés et réceptionnés.
Est-ce que tous les engagements concernant surtout les indemnisations des impactés, ont été également respectés ?
Ça, on l’a dépassé depuis très longtemps. Je dis toujours, que le plan de réinsertion des déplacés de Aidb doit être même un modèle à vendre sur le plan international. Si vous allez sur les zones de recasement et que vous voyez les villas qui ont été construites pour le recasement de ces personnes, les champs, les zones qui ont été terrassés pour que les populations puissent retrouver leurs travaux champêtres, c’est vraiment un modèle en matière de recasement. Donc, il n’y a plus de problèmes par rapport à ça. Ces problèmes sont derrière nous depuis très longtemps. On s’achemine résolument vers l’ouverture de l’aéroport.
Pour ce qui concerne la gestion de l’assistance aéroportuaire, il parait que vous êtes en train de créer une nouvelle société ?
Oui, c’est la décision qui a été arrêtée. Vous savez au niveau de l’aéroport Léopold sedar Senghor, nous avons deux sociétés d’assistance pour l’assistance en escale, Ahs et Shs, et nous avions aussi deux sociétés qui s’auto-assistaient, c’étaient la compagnie nationale et la compagnie Air France. Nous avons noté depuis quelque temps, beaucoup de problèmes dans la concurrence, dans la gestion, la cohabitation entre ces deux services. Ce qui se faisait au détriment du Sénégal et du handling, parce que c’est peut-être les compagnies qui en tiraient profit, parce qu’ils se mettaient en concurrence. Il y avait pas mal de problèmes. Ce qui nous a poussés, après concertation avec les différents intéressés, à prendre la décision de créer une nouvelle société de handling. Qui, on l’espère, va regrouper tous les acteurs qui sont aujourd’hui, au niveau de l’aéroport Léopold Sédar Senghor pour opérer au niveau de Blaise Diagne sur une période transitoire en exclusivité. C’est cela la décision qui a été arrêtée par le gouvernement et qui en train d’être mise en œuvre. La société vient d’être créée et est en cours de certification pour pouvoir opérer au niveau de Aibd.
Que vont devenir Ahs et Shs ?
Vous savez Shs est une entreprise privée et on a donné l’exclusivité sur Aidb. Shs peut continuer et même Ahs à avoir des activités dans des aéroports de la sous-région. Nous sommes en train de mettre aux normes et de réhabiliter les aéroports régionaux à Saint-Louis, Ziguinchor, Matam, Tambacounda et Kédougou. Ce sont des aéroports internationaux qui auront aussi besoin de handling. Ça veut dire que c’est à chaque société de prendre la décision du futur de cette société. Pour ce qui est de la décision qui a été prise par le gouvernement du Sénégal, c’est qu’au niveau de Aibd, on aura sur place une seule société qui aura l’exclusivité sur une période, ça nous permettra d’avoir plus de visibilité, parce que nous voulons faire de cette aéroport, un élément important du hub aérien sous régional, en faire un aéroport de classe internationale où la qualité de service sera assurée. Pour cela, toutes les dispositions seront prises en termes de qualité, de sûreté, de sécurité pour faire de l’aéroport Blaise Diagne, un élément important du hub sénégalais.
Il a été dit également, que le consortium turc, Summa Limak, participera au capital. Qu’en est-il exactement ?
En fait c’est la société de gestion Aibd qui est une société de droit sénégalais. Certes détenue en partie par Summa, en partie par Limak et en partie par Aibd pour le moment 30%, 30%, 30%. C’est une société de gestion qui aura 50% des actions du capital de la nouvelle société. La société Shs, on y a réservé 33% et la compagnie nationale Air Sénégal aura les 17%. L’exercice que nous avons fait concernant cette société, c’est de faire en sorte que l’Etat et ses démembrements aient de façon directe et indirecte, les 34% du capital, Shs 33%, les Turcs de façon indirecte, 33%, si on prend leurs participations au niveau de la société de gestion. C’est ce schéma-là qui a été arrêté pour permettre à tous les acteurs d’intervenir au niveau de cette société de handling. Aujourd’hui, de façon transitoire, cette société a été créée à 100% par Aibd et tous ceux qui sont pressentis à qui nous avons réservé ces actions sont invités très rapidement à venir acquérir les actions au niveau de la société pour la rendre opérationnelle.
Madame le ministre, que va devenir l’aéroport international Léopold Sédar Senghor ?
J’avais l’habitude de répondre que ça ne faisait pas partie de mes missions. Ma mission se limitait à faire terminer l’aéroport international Blaise Diagne et à transférer les activités de Léopold Sédar Senghor vers Blaise Diagne. Mais il y a quelques jours, j’ai été invitée à une réunion pour la présentation d’un projet pour la réalisation d’une cité des affaires au niveau du site de l’aéroport de Léopold Sédar Senghor. M. le président de la République a validé le principe, même s’il reste encore des choses à voir. Donc aujourd’hui, sur le principe, je peux dire qu’il est retenu de transformer cet aéroport en cité des affaires. Je crois que vous avez suivi la présentation dans la presse. C’est un projet qui est porté par la Caisse des dépôts et des consignations (Cdc) du Sénégal en relation avec la Caisse des dépôts et de gestion du Maroc qui ont fait les études qui ont été présentées. Maintenant, si le projet doit être retenu, le schéma de gestion du projet n’est pas encore validé par le président de la République.
La compagnie nationale a acquis ces derniers mois, deux aéronefs, n’est-ce pas ?
Effectivement, la compagnie nationale a été créée. Et pendant un an, nous avons fait des études, puisque nous n’avons voulu aller à l’aventure comme ça se faisait. Créer une compagnie et qui va mourir au bout de 2 ans ou 3 ans. Donc nous avons recruté un cabinet international qui a fait des études, des études de marché, quel type d’avion il fallait acquérir, quel marché il fallait attaquer et faire aussi le business plan. Ça nous a pris un an. Et je pense que ce n’était pas une perte de temps. Et ce qui a été retenu par l’étude, c’est qu’au départ, la compagnie puisse disposer de cinq avions. Deux turbos propulseurs qui vont faire le domestique et le voisinage, deux moyens courriers pour faire le régional et un long courrier qui pourra faire l’intercontinental. Et c’est dans ce cadre-là, et sur la base des études économiques, pour le choix des avions, que nous avons acquis ces deux Atr 72600 de 70 places, qui seront livrés normalement à la fin du mois de novembre. Ils pourront permettre de commencer les activités au niveau domestique et au niveau de la sous-région. Les premiers, nous comptons les prendre en location, en attendant de signer des accords pour acquérir par la suite, sur fonds propres, nos avions pour porter la flotte à une dizaine d’avions, sur les 10 ans à venir. Voilà un peu le plan d’équipements qui a été retenu.
C’est un financement sur fonds propres ou bien… ?
Vous savez une société de façon générale ne finance jamais sur fonds propres. Puisque les fonds propres coûtent cher, la société a cherché un financement, qui nécessite 20% de fonds propres. Ce sont des avions qui sont acquis à 20% sur fonds propres de la compagnie et 80% sur financement par crédit acheteur.
Le Bureau enquête et analyse (Bea) a présenté les conclusions de l’enquête concernant l’abordage entre un avion de Sénégal Air et un Boeing de la compagnie aérienne Ceiba, survenu en 2015, quel commentaire cela vous inspire… ?
Il me sera difficile de commenter. J’aurais préféré vraiment, laisser cette prérogative au Bureau enquête et analyse (Bea). Dans l’aviation civile, les choses sont très normées. Et c’est vraiment pour garantir la neutralité que chaque pays met en place un bureau, dont le directeur ne dirige même pas l’enquête. C’est un enquêteur indépendant qui a été recruté par le Bea qui a fait son travail en toute indépendance, qui a publié son rapport sans me demander la permission. Il a fait sa conférence de presse, et a mis en ligne sur son site, le rapport intégral. Je préfère que chacun…
C’est une violation ?
Non, c’est la règle, le bureau doit faire son enquête en toute indépendance et en toute neutralité, et rendre public son rapport. C’est ce qui a été fait. Ce rapport nous le découvrons en même temps que vous. C’est un rapport qui est rendu public, que nous sommes en train d’analyser. Et le but de ces rapports, et de ces bureaux d’enquête, c’est de faire en sorte qu’on puisse identifier les manquements, et faire en sorte que de telles situations ne puissent se retrouver. C’est ça le but. De ce fait, chaque acteur du secteur doit prendre le rapport, l’analyser de façon très posée et prendre les décisions au niveau administratif, technique, etc. Pour que de telles situations ne se reproduisent. Mais vous avez découvert, si vous avez lu le rapport, qu’un des problèmes que les enquêteurs ont rencontrés, c’est la disparition de l’avion. L’avion ayant disparu avec toutes ses informations, on ne peut pas de façon certaine, parler de certaines choses. Et c’est ça qui est ressorti fondamentalement de l’analyse. Maintenant, les causes probables ont été ressorties et les dispositions nécessaires seront prises pour éviter que de telles situations ne se reproduisent. J’aurais préféré que vous preniez contact avec le directeur du Bea pour parler de ce rapport qui est son rapport.
C’est son rapport ou bien un rapport qui incrimine une direction qui est sous votre tutelle…Des anomalies dans le rapport étaient signalées par l’Asecna qui avait demandé une inspection technique de l’avion, finalement rien n’a été fait. Est-ce qu’on peut s’attendre à des sanctions ?
Je n’ai pas eu cette perception en lisant le rapport. Je voudrais préciser, je ne cherche pas à protéger qui que ce soit, que ce n’est pas dans mes habitudes, je ne le ferai jamais. Mais je voudrais quand même qu’on puisse sérier les responsabilités des uns et des autres. Et en matière de réglementation les délais de notification des incidents, les délais pour prendre les dispositions, etc. Chacun a son rôle. L’Anacim a un rôle de contrôle qui s’apparente un peu comme j’ai l’habitude de le dire à ceux qui font la visite technique des véhicules. Est-ce que quand un véhicule, qui a fait une visite technique, fait un accident, c’est toute de suite ceux qui ont fait la visite technique qui sont responsables ? Nous venons de recevoir le rapport, on va l’étudier en profondeur et prendre les dispositions nécessaires.
Vous venez de perfuser les acteurs du secteur hôtelier, mais le montant qui a été alloué a été jugé insuffisant. Etes-vous êtes prêts à renforcer le crédit hôtelier ?
Vous savez, ce que j’ai retenu de la cérémonie de cette perfusion dont vous parlez c’est que le président du syndicat des hôteliers s’est d’abord félicité de tout ce qui a été fait. Des efforts qui ont été faits par le président de la République pour la relance du tourisme. Et les résultats que nous avons depuis 2 ans, montrent que le président de la République et le gouvernement du Sénégal ont pris les bonnes décisions pour relancer le tourisme. Puisque nous avons nommé l’année 2017, année du renouveau pour le tourisme. J’ai reçu hier (mardi) des statistiques des arrivées au niveau de l’aéroport Léopold Sédar Senghor, on a eu un bond de 15% sur les 7 premiers mois. Donc cela veut dire que vraiment, les mesures qui ont été prises sont en train de produire des effets. Sur le crédit hôtelier, on peut juger que c’est suffisant ou ce n’est pas suffisant. Mais il faut commencer dans tout. On ne doit pas prendre de l’argent et l’immobiliser, on est dans un pays où il faut faire des arbitrages. Une dotation initiale de 5 milliards a été décidée par le président de la République. Cette dotation initiale a été introduite au budget de l’Etat à hauteur de 3 milliards sur 2016 et 2 milliards sur 2017, si je ne me trompe. Dans le Programme triennal d’investissement public (Ptip), il est prévu sur les années à venir, 2,5 milliards par année. Cela permet de renforcer ce crédit hôtelier et touristique. Et ce montant qu’on juge insuffisant, n’est pas encore consommé. Il faut d’abord qu’on consomme le montant, et en ce moment-là, on pourra dire que le montant il est insuffisant, etc. On a prévu sur le budget 2018 de rajouter 2,5 milliards sur le budget d’investissement et sur les années à venir la même chose. Donc le défi aujourd’hui, se trouve dans l’utilisation optimale de ces ressources et dans le remboursement. Puisque c’est un crédit revolming, ce sont ceux qui vont rembourser qui vont permettre, au-delà de ce qu’on va mettre en plus, à d’autres de bénéficier des crédits. C’est une ligne de crédit qui est là mis en place en faveur des acteurs touristiques. E l’autre défi que nous avons à relever, nous et les acteurs touristiques, c’est de rendre crédible le secteur, pour que le secteur bancaire rejoigne l’Etat dans le financement du secteur touristique. L’Etat n’a pas vocation à financer des entreprises privées. C’est parce que le tourisme sort d’une période difficile qu’un levier a été mis en place. Mais notre objectif est de faire en sorte que le tourisme soit assez crédible pour que le secteur bancaire et nos partenaires techniques et financiers mettent à la disposition du tourisme, les ressources financières nécessaires. Ce crédit hôtelier vise plus à remettre à niveau les réceptifs hôteliers qui se sont délabrés pendant la période de déclin, à impulser et à accompagner les projets. Mais le vrai financement doit être cherché au niveau du secteur financier.
Est-ce que les conditions d’accès à ce crédit hôtelier ne sont pas draconiennes ?
A notre sens non. Celui qui emprunte voudra qu’on lui donne sans un droit de regard. Mais il est de notre responsabilité de veiller à ce que les crédits soient réellement utilisés pour le projet qui a été agréé. Donc, il faut que le projet soit étudié, qu’un minimum de garantie soit donné pour s’assurer que les ressources que nous mettons à la disposition des acteurs soient utilisées. Nous avons essayé, à la limite du possible, d’alléger la procédure en mettant à la disposition de notre banque partenaire, les ressources nécessaires. Il faut savoir que c’est nous-mêmes qui décidons d’octroyer ou non un financement. Ce ne sont pas les systèmes de crédit des banques même si la Bnde est notre principale partenaire. C’est un comité de gestion, présidé par mon directeur de Cabinet et qui regroupe l’ensemble des acteurs du secteur plus les agents de l’Etat qui statuent sur les projet, pour s’assurer non seulement que ce projet rentre dans le cadre de la politique touristique mais aussi ce projet doit générer pour assurer les ressources nécessaires pour assurer le remboursement. C’est le b.a.-ba de tout financement.
A l’Assemblée nationale lors du vote de votre budget 2017, vous avez aviez déclaré avoir recensé plus d’un million de touristes en 2015. Quels sont les chiffres pour 2016 et vos ambitions en 2017 ?
Vous savez j’avais annoncé exactement 1 million 6 mille touristes en 2015. Nous avions annoncé ces chiffres sur la base d’une étude terrain. En 2016, le travail est en train d’être finalisé pour avoir les chiffres sur le terrain. Cependant, je peux vous renvoyer à la publication d’une entreprise privée, qui a donné des chiffres dépassant même les chiffres que nous avions annoncés. Mais les chiffres de 2016 vont être consolidés dès les mois à venir. Notre ambition est d’atteindre les 2 millions touristes à l’horizon 2018. On veut placer le Sénégal dans le top 5 des destinations touristiques en Afrique. C’est l’ambition inscrite dans le Plan Sénégal émergent (Pse). Il ne faut pas oublier que le tourisme est un secteur-clé du Pse avec 2 projets phare sur les 20 à 23 projets : le développement du micro tourisme et le développement des zones touristiques intégrées. Sur le micro tourisme, nous allons tenir au niveau des pôles, des incubateurs pour accompagner les porteurs de projets. Le premier incubateur, qui sera situé au niveau du Service régional de Thiès, sera opérationnel au début du mois de septembre. Et le deuxième incubateur sera à Ziguinchor avant la fin de l’année
La Petite-Côte souffre de l’avancée de la mer occasionnant des fermetures d’hôtels et lieux touristiques. Est-ce que le gouvernement a un plan de sauvetage ?
Le gouvernement a un plan global. Vous savez l’érosion côtière est le mal de beaucoup de pays côtiers. Sur Saly, nous avons en étude, un projet financé par la Banque mondiale pour mettre des digues de protection en vue de recharger les plages. Nous avons une étude de projet avec le financement de la Banque mondiale dont les études sont déjà terminées pour mettre des types de production et pour recharger les plages. C’est un projet dont les études sont terminées et les travaux devraient démarrer entre fin 2018 et début 2019. C’est un projet pour retrouver les plages au niveau de Saly. Cela veut dire que le gouvernement a bien pris en charge cet aspect. Mais on ne s’est pas arrêté à cela et nous sommes en train de développer d’autres sites balnéaires au-delà de Saly, à Pointe Sarène où un site est en train d’être aménagé et à Mbodiène dont pour le terrain, nous sommes en négociation avec un grand promoteur pour en faire un site touristique de nouvelle génération. Sur ces projets, nous avons demandé aux différents promoteurs. L’Etat va travailler avec le ministère de l’Environnement et le ministère de la Protection civile pour prendre les devants mettre les digues de protection au niveau de ces zones pour éviter que le phénomène de Saly ne se propage sur d’autres sites. Mais c’est un phénomène global. Nous avons connu cela à Rufisque et aussi quelques jours à Saint-Louis. C’est un phénomène que nous vivons au niveau de la Petite-Côte.
Où en êtes-vous avec l’assainissement du secteur ? Le secteur hôtelier est concurrencé par un «sous-secteur» informel dont l’existence ne date pas d’aujourd’hui.
Les actions phare, c’est d’abord de recenser. Nous sommes en train de recenser tous les réceptifs hôteliers et même les résidences. Il faut aussi travailler aussi sur la règlementation. Je viens de signer deux arrêtés, un sur la profession de guide et un autre sur les établissements hôteliers et touristiques. Ce sont des arrêtés qui viennent d’être signés et les communiqués vont sortir peut-être la semaine prochaine. L’objectif est de rappeler à tous les acteurs du secteur, la réglementation et l’obligation de se conformer à la réglementation au plus tard le 31 décembre de cette année. Nous venons de renforcer la police touristique en moyens humains et matériels. On a mis en place un corps des assistants à la sécurité touristique qui sont placés sous la responsabilité de la police touristique. Tout cela veut dire que nous nous préparons à aller sur le terrain pour faire des vérifications nécessaires. Ce n’est pas simple car même dans les pays développés, il y a des structures qui concurrencent les réceptifs hôteliers. Nous sommes en train de prendre des dispositions dans ce recensement, de tous les réceptifs hôteliers et les résidences, afin de les pousser à se régulariser et à classer aussi les réceptifs. Le classement des hôtels est aussi un autre problème puisque sur 700 hôtels réceptifs répertoriés, nous en avons uniquement une centaine qui est aujourd’hui classée en termes de d’étoiles. C’est un problème auquel est confronté le développement du tourisme. En 2018, on verra sur le terrain, des actions concrètes pour assainir le secteur en termes de réceptifs après avoir renforcé les moyens. Mais avant d’aller sur le terrain pour la «répression», nous voulons mettre à profit le second semestre de l’année 2017 pour faire de la sensibilisation, assister et aider tous les acteurs à régulariser leur situation. Nous allons leur donner les moyens de se régulariser. Après, nous serons obligés de faire les contrôles nécessaires pour mettre en conformité les réceptifs.
Les touristes sont souvent mal accueillis et cela constitue une sorte d’«agression» qui peut les amener à fuir le Sénégal pour d’autres horizons. Est-ce que vous avez prévu des actions de sensibilisation pour mettre à l’aise les touristes ?
Nous venons de renforcer cette année, les moyens financiers de l’Agence sénégalaise de promotion touristique. La subvention de l’Etat est de 2 milliards. Mais en plus de cette subvention, il y a les taxes sur les nuitées qui reviennent à la société. La subvention n’aurait pas dû être versée parce que pratiquement dans tous les pays, ce sont les acteurs, à travers les différentes taxes, qui financent la promotion du secteur. Comme on a mis une structure qui a des charges fixes de fonctionnement, nous avons versé une subvention qui était de 1 milliard 200 millions depuis la création et que nous venons de porter à 2 milliards sur le budget de l’année 2017. Cette agence va faire de la sensibilisation son credo. Il y a les premières actions qui viennent d’être lancées avec la nomination d’ambassadeurs du tourisme. Le Directeur général vient de signer une convention avec le basketteur Gorgui Sy Dieng. Nous allons regarder avec d’autres personnes d’influence à qui nous allons donner un statut d’ambassadeur de la destination Sénégal. D’autres actions de sensibilisation vont être lancées prochainement, surtout pour le développement du tourisme intérieur. Pour l’autre aspect de sensibilisation sur l’accueil réservé aux touristes, c’est un travail de tout le monde. Que ce soient la sécurité, la salubrité ou l’encombrement ou des chaines qui sont créées aux populations et aux touristes, ce sont des aspects qu’on va prendre en charge dans des cadres interministériels. Mais la presse aussi a un rôle très important à jouer. Nous sommes en train d’organiser tout cela pour sensibiliser les acteurs. Le corps des assistants à la sécurité touristique a été mis en place principalement pour ça. Pour que dans ces zones touristiques ces personnes, qui ne sont pas forcément des policiers, puissent sensibiliser les populations. Chacun doit savoir qu’en restant sur place, le touriste va venir. Aujourd’hui lorsque vous allez dans les zones touristiques, on voit les marchands ambulants, les guides qui fatiguent les touristes. La réglementation sur les guides touristiques qu’on va renforcer, nous permettra de sensibiliser les populations autochtones…