A la limite, ça devient un «disque rayé». Voilà maintenant trois ans (depuis novembre 2019) que le ministère des Sports a annoncé la création de l’Office national de gestion des infrastructures sportives. Mais depuis, rien de nouveau sous le soleil. Face aux députés la semaine dernière, le nouveau patron du sport sénégalais, Yankhoba Diatara, à son tour, a fait la même annonce. On attend toujours la concrétisation d’un tel projet.Par Hyacinthe DIANDY

  – Face aux députés, lors du vote de son budget qui a connu une baisse de 9 milliards Cfa par rapport au précédent exercice, le ministre des Sports, Yankhoba Diatara, a parlé de l’érection de stades fonctionnels, avec toutes les commodités nécessaires, dans 26 départements du pays ne disposant pas encore d’infrastructures sportives. Dans la foulée, le nouveau patron du sport sénégalais, successeur de Matar Bâ, a annoncé la création, dans les jours à venir, d’une Agence de gestion des infrastructures sportives fonctionnelles.

«Sur instruction du chef de l’Etat, une agence sera créée, en l’occurrence l’Office de gestion et d’exploitation des infrastructures sportives», a révélé le ministre des Sports. Qui explique qu’«il s’agira d’exploiter les infrastructures de dernière génération, afin de générer des recettes pouvant servir à leur entretien».
D’abord, la première remarque est que ce n’est pas la première fois qu’une telle annonce est faite au sujet du projet de création de l’Office national de gestion des infrastructures sportives. En effet, en novembre 2019, sous l’ère Matar Bâ, son directeur des Infrastructures sportives, Cheikh Ahmed Tidiane Sarr, avait annoncé à la presse, la signature imminente «d’un décret présidentiel, dans le but de rendre autonomes les stades de grande envergure du Sénégal. L’objectif visé par l’Etat étant d’apporter des solutions définitives aux problèmes de maintenance et d’entretien de ses infrastructures sportives. Et cela passera par la dotation d’un statut particulier aux stades nationaux», comme Léopold Sédar Sen­ghor, l’Arène nationale, Dakar Arena, Stade Abdoulaye Wade, entre autres. Mais depuis, on attend toujours la concrétisation d’un tel projet
Pendant ce temps, le complexe sportif de Diamniadio engloutit pour sa maintenance chaque année, plus de 800 millions Cfa, si l’on se fie aux propos de l’ancien directeur de la Sogip, Gallo Bâ. Qui avait précisé que la qualité des installations demande un investissement permanent afin de pouvoir maintenir ce joyau aux normes.

En fait, ces propos lâchés par le ministre, à savoir «exploiter les infrastructures de dernière génération afin de générer des recettes pouvant servir à leur entretien», ne doivent pas être de vains mots.

On peut en effet difficilement comprendre, surtout en cette fin d’année, que par exemple, le Dakar Arena ne puisse servir de cadre à d’autres manifestations ou spectacles lui permettant d’amortir le coût de sa maintenance.

Macky pour une «rentabilité durable» de nos stades
Pourtant, juste après l’inauguration, en février dernier, du nouveau joyau du foot sénégalais qui porte désormais le nom de l’ancien président de la République, Me Wade, le chef de l’Etat, à l’issue d’un Conseil des ministres, avait pourtant parlé de «rentabilité durable» pour nos stades, en demandant qu’on lui propose «dans les meilleurs délais, un modèle performant de gestion des infrastructures».

Dans le communiqué, on pouvait lire : «Le chef de l’Etat demande, dès lors, au ministre des Finances et du budget, tutelle de la Sogip, au ministre des Sports et au ministre chargé de l’Economie, de lui proposer, dans les meilleurs délais, un modèle performant de gestion de l’infrastructure qui assure sa maintenance adéquate et sa rentabilité durable pour l’Etat.»

Pour le moment, seul le leader du Super Etoile, Youssou Ndour, a eu la «chance» de se produire dans un tel complexe sportif. Pourquoi pas d’autres artistes ou promoteurs ?

Et justement, pour rester dans ce temple du basket, en juin dernier, Le Quotidien, dans un article, se demandait pourquoi le Président Macky Sall, en matière de gestion de complexes de dernière génération, ne s’inspire pas de Paul Kagamé, qui a mis en format naming le Kigali Arena, un sosie de Dakar Arena, construit par la même entreprise turque, Summa.

Pourquoi pas le Dakar Arena en naming ?
En effet, en mai dernier, la salle de basket du Kigali Arena, en partenariat avec une banque, est devenue BK Arena, en format naming. Les différentes parties ont signé un partenariat de 6 ans d’une enveloppe de plus de 7 millions de dollars, pour rendre l’infrastructure encore plus attractive.

Pourtant, le même format a été proposé aux autorités sénégalaises et des négociations ont même été entreprises. D’ail­leurs, sous ce registre, une partie de l’équipe du Dg de la Sogip, Gallo Bâ, était présente à Kigali pour assister à la cérémonie de signature avec les autorités rwandaises. Le Sénégal, qui a été ciblé en premier, a été doublé par le Rwanda, qui a mis les bouchées doubles pour finalement boucler l’affaire.

Pire, avec une capacité de 15 000 places, Dakar Arena offre plus de possibilités que BK Arena, qui n’en possède que 10 000.

Et pour la gestion du complexe de Diamniadio, on parle d’une enveloppe de plus de 20 millions de dollars. Un montant plus important et qui s’explique par le fait que la capitale sénégalaise reste une destination prisée de par sa position géographique. On peut parler de gâchis. En attendant, espérons que l’Office national de gestion des infrastructures sportives va naître… enfin.
hdiandy@lequotidien.sn