Mbaye Dionne, maire de Ngoundiane : « Nous attirons l’attention du Président de la République sur les méfaits des carrières»

«Le Président Macky Sall a initié la réforme du Code minier. Les mines constituent d’énormes gisements par rapport à l’économie de ce pays. Je pense que ce qui est important, c’est que toutes les parties qui interviennent dans le secteur puissent en tirer profit. La collectivité locale est la première partie concernée puisqu’elle abrite les terres où il y a les gisements. Certes, il y a eu des avancées depuis que nous sommes à la tête de l’ancienne communauté rurale devenue commune. Il faut dire que certaines limites du Code minier ne nous ont pas permis de franchir le Rubicon qui permet à toute collectivité locale de tirer un certain nombre de profits en terme de recettes de patentes mais surtout le fond de péréquation. Le Président Macky Sall qui a en charge ce secteur minier a été en campagne à Ngoundiane et nous avions attiré son attention sur les méfaits de ces carrières. Quelle que soit la bonne volonté des exploitants, s’il n y a pas de textes réglementaires qui les obligent à payer des recettes qui reviennent aux collectivités locales, ils ne le feront pas.
L’Etat devrait veiller au respect des dispositions qui sont prises pour que ces travailleurs qui sont là, cumulant parfois 8 mois d’arriérés de salaire, puissent être traités comme tous les Sénégalais régis par des textes réglementaires.»

Mamadou Thiaw, maire de Tassette : «Il n y a aucune retombée financière pour la commune de Tassette»

«Une bonne partie de ces carrières est installée dans la commune de Tassette. Malheu­reusement, Tassette n’en profite pas. Nous invitons les pouvoirs publics à nous aider pour que les redevances des ministères puissent profiter aux populations. Les­quelles, malheureusement, souffrent des nuisances environnementales provoquées par ces mines. Nous sommes une nouvelle commune et ces redevances nous aideraient à améliorer les conditions de vie des populations en apportant aux 51 villages de la localité de l’électricité et de l’eau courante. Cela nous permettra aussi de construire des écoles, des postes de santé, des infrastructures entre autres.»

Le chef du poste de santé de Diack/Ngoundiane : «On note un fort taux d’infection respiratoire aiguë dans la zone»

«Les grands chantiers du Président Abdoulaye Wade qui nécessitaient beaucoup de basalte étaient à l’origine de l’extension des carrières, exigeant une modernisation des types d’exploitation. Du coup, les villages environnants qui sont à moins de deux kilomètres des carrières sont tous pollués. Dans leur système d’exploitation, il devait y avoir un système d’arrosage pour éviter la poussière. Si la pierre est mouillée, il y a moins de poussière. Quand la poussière se lève, elle suit la direction du vent. A cette période, lorsque j’ouvre mon bureau, il y a de la poussière partout. Vers 17heures, la poussière est visible partout. Qui dit poussière, dit respiration. Qui dit respiration, dit poumon. Et forcément, les poumons sont encombrés d’où les maladies respiratoires aiguës. Les carrières ne sont pas la cause de la tuberculose. La recrudescence de la tuberculose dans la zone est due aux difficiles conditions d’existence des villageois à la capitale, Dakar, où ils vivent dans la promiscuité. C’est une zone à forte migration vers Dakar. Néanmoins, ces tuberculeux ont besoin de respirer de l’air pur. Cette poussière est un facteur aggravant. De ce fait, on a un fort taux d’infection respiratoire aiguë. Sur les 3 postes de santé de la localité, les consultations liées aux maladies pulmonaires respiratoires sont très prépondérantes. L’atmosphère est polluée par la poussière 24/24 heures. Et vu la forte demande, les carrières concassent 24/24 heures. On  ne peut pas consulter une journée sans avoir une infection respiratoire. Il n y a que des géants mais ils ne font rien pour améliorer les conditions des populations. Les postes de santé n’ont pas d’appui en médicaments».