La fermeture des frontières terrestres et aériennes entre les pays de la Cedeao et le Mali, le gel des avoirs de la République du Mali dans les banques centrales et commerciales de la Cedeao, la Force militaire en attente activée, sont entre autres sanctions prises hier contre la junte au pouvoir. L’organisation régionale s’était réunie en Sommet extraordinaire à Accra, au Ghana.Par Aliou DIALLO
– La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) a pris de lourdes sanctions contre le Mali, hier à l’issue du Sommet extraordinaire des chefs d’Etat à Accra avec effet immédiat. L’organisation sous-régionale a décidé de la fermeture des frontières terrestres et aériennes entre les pays de la Cedeao et le Mali. La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest a suspendu toutes les transactions commerciales entre les pays membres de la Cedeao et le Mali. Cependant, les produits tels que les biens de consommation essentiels, les produits pharmaceutiques, les fournitures et équipements médicaux, y compris le matériel pour le contrôle du Covid-19, les produits pétroliers et d’électricité ne sont pas concernés par cette mesure.
L’organisation sous-régionale a également pris la décision de geler les avoirs de la République du Mali dans les banques centrales et commerciales de la Cedeao.
En outre, le pays est suspendu de toute aide financière des institutions financières de la Cedeao (Bidc et Boad). Insistant sur le fait que ces sanctions seront appliquées immédiatement, les chefs d’Etat des pays membres de la Cedeao informent que celles-ci resteront en vigueur. Ces derniers annoncent aussi que les sanctions ne seront progressivement levées qu’après la finalisation d’un chronogramme acceptable et convenu et le suivi de progrès satisfaisants réalisés dans la mise en œuvre du chronogramme des élections. Ainsi, la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement appelle l’Union africaine, les Nations unies et les autres partenaires à soutenir le processus d’application de ces sanctions et à continuer d’apporter leur soutien à une transition politique acceptable.
La Force en attente activée
Par ailleurs, redoutant un impact «potentiellement déstabilisateur» sur le Mali et sur la région, créé par cette Transition au Mali, l’Autorité a pris l’option d’activer immédiatement la Force en attente de la Cedeao, qui devra être prête à toute éventualité. «Malgré le démenti du gouvernement de Transition malien, l’Autorité reste profondément préoccupée par le rapport cohérent sur le déploiement d’agents de sécurité privée au Mali avec son impact potentiellement déstabilisateur sur la région de l’Afrique de l’Ouest. L’Autorité note que cette situation est étroitement liée à la transition politique au point mort dans le pays», déclarent Nana Addo Dankwa Akufo-Addo, président de la République du Ghana et président de l’Autorité des chefs d’Etat et de gouvernement de la Cedeao, et ses homologues dans un communiqué.
Déjà mercredi dernier, le médiateur de la Cedeao, Goodluck Jonathan, annonçait les signes avant-coureurs du conclave d’hier d’Accra. Puisque la volonté des autorités maliennes d’aller vers une transition politique de 5 ans n’agréait pas le médiateur de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Qui était en visite ce 5 janvier à Bamako. Et Goodluck Jonathan l’avait fait savoir aux diplomates accrédités à Bamako, après avoir eu un entretien de deux heures avec le Colonel Assimi Goïta, président de la Transition au Mali, et à qui il était venu transmettre le message de la Cedeao en prélude au Sommet de l’organisation sous-régionale prévu hier 9 janvier dans la capitale ghanéenne.
Le 30 décembre dernier, une prolongation de la Transition de six mois à cinq ans a été retenue par les participants aux Assises nationales de la refondation pour, disent-ils, permettre la réalisation de réformes institutionnelles structurantes, et cela, avant d’aller aux élections. Il y a eu un mois de consultation des Maliens dans tout le pays à l’issue duquel trois jours de synthèse ont été consacrés à Bamako.
D’un autre côté, le déploiement de mercenaires de la société russe Wagner au Mali n’est pas du goût de la Cedeao et de certains pays occidentaux. Récemment, quinze pays dont le Canada, la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne l’ont condamné. Ils craignent, selon eux, des exécutions des éléments de Wagner qui ont été accusés en Centrafrique.