La mission de médiation de la Cedeao (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) et les membres du Comité national pour le salut du Peuple (Cnsp) ne s’accordent pas sur la durée de la transition au Mali. Ces derniers ont annoncé que l’ex-Président Ibrahim Boubacar Keïta est retourné à son domicile après quelques jours entre les mains des militaires à Kati. Le colonel Assimi Goita et «ses hommes» répondent ainsi favorablement comme promis à la demande de la Cedeao.
Le Président Ibrahim Boubacar Keïta a rejoint hier son domicile après plusieurs jours entre les mains des mutins à Kati. Le Comité national pour le salut du Peuple (Cnsp), dirigé par le colonel Assimi Goita, a ainsi respecté l’accord trouvé il y a quelques jours avec la délégation de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). D’autres points d’accord ont été trouvés entre les deux parties. Il s’agit de donner la possibilité au Président IBK d’aller à l’étranger pour ses contrôles médicaux aussi souvent qu’il le souhaite et conformément à l’avis de ses médecins. «La durée du premier voyage à l’étranger qui interviendra dans un délai de trois semaines, sera limitée à un mois, sauf avis contraire de ses médecins. Lorsque le nouveau gouvernement sera en place, s’il est nécessaire pour le Président Keïta d’être présent à Bamako pour des questions diverses, la Cedeao s’engage à garantir son retour à tout moment», renseigne le Rapport de mission du médiateur de la Cedeao, l’ancien Président du Nigeria, Goodluck Ebele Jonathan, qui a séjourné à Bamako au Mali du 22 au 24 août 2020.
D’après le document rendu public, ce jeudi, les mutins ont affirmé que le Premier ministre Boubou Cissé et le président de l’Assemblée nationale sont gardés pour leur propre sécurité et seront libres de regagner leur domicile dès que la tension aurait baissé.
Relativement à la transition politique pour un retour à l’ordre constitutionnel normal, le Cnsp a présenté son schéma. Parmi les grandes lignes il y a : une période de transition de trois ans couvrant le reste du mandat du Président Keïta qui devrait finir en 2023, le Président de la transition et le Premier ministre de la transition ne pourraient pas être candidats aux élections générales, mise en place d’un gouvernement restreint avec des civils, technocrates et militaires sans antécédents judiciaires. «Par rapport à la durée de la transition, et conformément à l’expérience dans la sous-région Cedeao, cette transition ne saurait dépasser douze mois», a rappelé la délégation au Cnsp. «Suite à des échanges, le Cnsp a fait une contre-proposition réduisant la durée de la transition à deux ans et indiqué que le Président de la transition pourrait être un civil ou militaire», rapporte toujours le Rapport.
Par ailleurs, l’ex-président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, qui a reçu la délégation, a informé qu’il était «bien» traité et il a fait les observations suivantes : il a indiqué que sa préoccupation principale est la paix, la stabilité et la réconciliation au Mali et souhaite donc créer les conditions pour une véritable stabilisation du Mali. Donc, il a confirmé qu’il maintenait la déclaration qu’il avait faite relative à sa démission «en toute liberté et en son âme et conscience», car il demeure convaincu que cette décision est nécessaire pour la paix et la réconciliation au Mali.
IBK a aussi souhaité que le pays s’engage dans une transition politique afin de normaliser rapidement la situation pour que le Mali retrouve sa place dans le concert des Nations. Pour lui, cette normalisation permettrait de faire face aux défis que le Mali connait que sont le terrorisme, le Covid-19, et le développement économique et social. Toutefois, il a émis le souhait d’effectuer son contrôle médical hors du Mali à la suite d’une opération chirurgicale et dont le délai est déjà dépassé.