Mali – Sortie de Macron à Bissau sur les rapports Wagner-Bamako : La junte dénonce les «propos haineux et diffamatoires» du dirigeant français
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Le fait de remettre en cause la complicité «de fait» entre Bamako et le groupe privé russe Wagner, lors de sa visite en Guinée-Bissau, a valu au Président français des diatribes et un rappel à l’ordre du gouvernement de la Transition au Mali. Condamnant «avec la dernière rigueur», les «propos haineux et diffamatoires du Président français», la junte malienne invite Emmanuel Macron à se départir de «sa posture néocoloniale, paternaliste et condescendante pour comprendre que nul ne peut aimer le Mali mieux que les Maliens eux-mêmes».
La dernière sortie du chef de l’Etat français à Bissau, lors de sa tournée africaine, ne plaît pas en haut lieu à Bamako. Et les tenants du pouvoir au Mali l’ont fait comprendre de vive voix. Le porte-parole du gouvernement malien, le Colonel Abdoulaye Maïga, qui a condamné, par le biais du communiqué n°035 du gouvernement de Transition au Mali, «avec la dernière rigueur», les «propos haineux et diffamatoires du Président français», a en effet soutenu hier que «le gouvernement du Mali a appris avec une profonde indignation, des propos tenus par le président de la République française, Emmanuel Macron, lors de sa tournée en Guinée-Bissau, le 28 juillet 2022…». «Au cours de sa conférence de presse, le chef de l’Etat français a réitéré des accusations erronées en affirmant que les autorités maliennes entretiennent des relations avec un groupe paramilitaire, sans jamais apporter de preuve, malgré les démentis des autorités de la Transition», a poursuivi le Colonel Maïga.
Prenant à témoin l’opinion nationale et internationale «sur ces accusations graves qui sont de nature à susciter la haine ethnique et à porter atteinte au vivre-ensemble, à la cohésion, ainsi qu’à l’harmonie entre les Maliens», le porte-parole du gouvernement malien souligne à travers son document : «Pire, dans ces propos, (le Président Emmanuel Macron) a évoqué l’exercice de la violence par les autorités maliennes, ciblant une ethnie spécifique de notre Nation.»
Les autorités de la Transition au Mali trouvent important le fait que le dirigeant français «se remémore constamment le rôle négatif et la responsabilité de la France dans le génocide des Tutsi au Rwanda, un événement qui attriste encore l’humanité». Assez suffisant pour amener le Colonel Abdoulaye Maïga à déclarer que «le Mali, foyer des grands empires en Afrique de l’Ouest, berceau d’une civilisation multiséculaire et pays de tolérance, repose sur sa diversité ethnoculturelle, la bonne cohésion sociale entre toutes les ethnies et les communautés qui le composent».
Ses collègues invitent aussi le Président Emmanuel Macron à se départir de «sa posture néocoloniale, paternaliste et condescendante pour comprendre que nul ne peut aimer le Mali mieux que les Maliens eux-mêmes». «La France, qui a toujours œuvré à la division et à la partition de notre pays, est mal placée pour donner des leçons au Mali», tient à marteler le porte-parole du gouvernement de la Transition au Mali.
A son passage dans la capitale bissau-guinéenne, jeudi dernier, le chef de l’Etat français, Emmanuel Macron, avait pointé du doigt la complicité «de fait» entre la junte malienne et le groupe russe Wagner. Le dirigeant français soutenait en substance que celle-ci était inefficace pour lutter contre le terrorisme en terre malienne. Macron avait aussi affirmé, au moment où le Mali avait été touché ces derniers jours par une vague d’attaques terroristes de grande ampleur : «Force est de constater que les choix faits par la junte malienne aujourd’hui et sa complicité de fait avec la milice Wagner sont particulièrement inefficaces pour lutter contre le terrorisme.»