Le Président du Togo, Faure Gnassingbé, a accepté d’être le médiateur dans la crise politique au Mali. Il va faciliter le dialogue entre le gouvernement de Transition et la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Son ministre des Affaires étrangères ainsi que le chef de la diplomatie malienne, Abdoulaye Diop, l’ont annoncé depuis Lomé. Par Malick GAYE

– Le gouvernent de Transition, croulant sous le poids des sanctions de la communauté ouest-africaine, n’a pas voulu respecter le calendrier fixé par la Cedeao pour rendre le pouvoir aux civils. Une position qui asphyxie le Mali. C’est dans cette quête de sortie de crise que «nous avons, au nom du Président de la Transition, sollicité le Président Faure Gnassingbé (…) pour faciliter le dialogue avec les acteurs régionaux et plus largement le dialogue avec l’ensemble de la Communauté internationale pour trouver un compromis pouvant nous permettre de sortir de la crise», a déclaré Abdoulaye Diop, en visite à Lomé hier. Ainsi il devra faciliter le dialogue entre le Mali et la Communauté internationale.
Le Président du Togo, Faure Gnassingbé, a accepté d’être le médiateur dans la crise politique au moment où la junte militaire malienne est l’objet de pressions pour rétablir un régime civil. Selon Abdoulaye Diop, la situation dans laquelle se trouve le Mali «nécessite qu’on fasse preuve de génie politique». Abdoulaye Diop a affirmé qu’en raison de la situation sécuritaire et du besoin de réformes, le Mali avait besoin de 24 mois pour rétablir l’ordre constitutionnel.
Le ministre togolais des Affaires étrangères a confirmé que cette proposition a été acceptée. Cette médiation aura son pesant d’or. En effet, les autorités maliennes ont rompu l’accord de défense avec la France accusée de violation de l’espace aérien du Mali pour espionnage. Ce qui pourrait impacter négativement le retrait de la force Barkhane et de Takuba. Une situation que Paris ne souhaite pas vivre. La France estime que cette rupture n’est pas fondée. Par conséquent, elle considère toujours que l’accord est valide jusqu’au retrait du dernier soldat de Barkhane.

Division dans la classe politique
Entre soutenir l’initiative des autorités de la transition malienne et dénoncer une position prise par un gouvernement qui n’a «aucune légitimité», la classe politique au Mali se divise après l’annonce de la rupture des accords de défense qui liaient la France et le Mali. «Cette décision n’est pas une surprise, puisque depuis un moment, les rapports politiques et militaires entre le Mali et la France étaient très problématiques. La suspicion était vraiment à son comble. Donc nous et le Peuple malien en général étaient préparés à cette rupture. Cette rupture est justifiée et c’est une rupture compréhensible, souhaitée et soutenue par une majorité du Peuple malien», a expliqué Sory Ibrahima Traoré, président du Front pour l’émergence et le renouveau au Mali (Fet-Mali). Abdoulaye Coulibaly ne partage pas cette opinion. Le président de l’Initiative pour la concrétisation des attentes du Peuple (Icap), parti membre du Cadre qui rassemble les mouvements opposés aux actuelles autorités de la Transition malienne, déplore une prise de position qui aurait dû être laissée «au gouvernement prochain, démocratiquement élu».
«Cette transition n’a aucune légitimité de rompre les accords signés par un gouvernement démocratiquement élu. Ce gouvernement ne représente pas les Maliens, donc je pense que s’il voudrait vraiment rompre les accords avec la France, il devrait laisser cette question au gouvernement prochain, un gouvernement démocratiquement élu. C’est très dangereux parce qu’aujourd’hui on a besoin de tous nos partenaires dont la France et tous les autres, vu l’insécurité grandissante, et c’est encore dangereux parce que ce n’est pas le rôle de la Transition de rompre ces accords-là. On doit se rappeler que c’est la France qui a libéré le Mali et je profite pour rendre hommage aux soldats français, maliens et d’autres nations qui se sont sacrifiés pour libérer le Mali. Le slogan que vous voyez aujourd’hui au Mali, «à bas la France», cela ne représente pas sincèrement les Maliens», a-t-il déclaré au micron de Rfi.
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