Amnesty international réagit à la condamnation du chroniqueur malien Mohamed Youssouf Bathily. L’Ong demande l’annulation de la peine d’emprisonnement à un an ferme prononcée contre ce journaliste alors qu’il ne faisait que son travail. Elle relève une restriction des libertés depuis l’avènement du projet de révision de la Constitution et demande aux autorités maliennes d’ouvrir des enquêtes sur les victimes d’abus au regard de la liberté d’expression.

Amnesty international demande l’annulation de la condamnation de Mohamed Youssouf Bathily dit Ras Bath. Ce chroniqueur de la radio Maliba a écopé d’un an de prison ferme et d’une amende de 152 euros pour incitation à la désobéissance des troupes après une chronique diffusée sur cette radio locale. Le promoteur de Maliba Fm a pour sa part été condamné à six mois de prison avec sursis pour complicité et à payer une amende d’environ 80 euros. L’avocat de Ras Bath a interjeté appel.
Pour Gaëtan Mootoo, chercheur sur l’Afrique de l’Ouest à Amnesty international, ce chroniqueur n’a «fait qu’exercer son droit à la liberté d’expression, garanti par la Constitution malienne». Mieux, l’Ong demande également aux autorités maliennes d’ouvrir des enquêtes sur les victimes d’abus au regard de la liberté d’expression.
Ras Bath avait critiqué un «dysfonctionnement» au sein du ministère de la Défense et évoqué une affaire de détournement de la prime alimentaire des militaires tout en appelant à la démission du ministre de tutelle lors d’une émission diffusée à la suite de l’attaque, le 3 août 2015, d’un poste de garde au nord du pays. «Une attaque qui avait fait 11 morts côté militaire», précise le communiqué d’Amnesty international. Cette dernière dénonce une restriction des libertés et ce, indique l’Ong, depuis l’annonce de la révision constitutionnelle qui devait avoir lieu le 9 juillet dernier, mais finalement reportée à une date ultérieure.
Citant les cas de violence, l’Ong indique qu’en juin, des policiers avaient frappé avec des matraques des manifestants pacifiques regroupés à la Bourse du travail de Bamako, avant de les disperser. Une autre manifestation pacifique a été dispersée le 10 juin aux gaz lacrymogènes par des policiers et des éléments de la Garde nationale qui ont brièvement interpellé des manifestants.
Amnesty international dit avoir documenté à Bamako au moins trois cas d’agression physique et de menace verbale contre des activistes qui ont des positions critiques. «Le débat public manifestement tendu à l’approche de la révision constitutionnelle ne doit pas exposer les voix dissidentes à des attaques et des menaces verbales», a déclaré Gaëtan Mootoo. Pour le chercheur, les autorités doivent les «protéger et arrêter d’utiliser le fragile contexte sécuritaire pour restreindre l’exercice du droit à la liberté d’expression en ciblant les activistes de la société civile».
Amnesty souligne également le cas de Malick Konaté, «un membre du mouvement ‘’Trop c’est trop’’, qui mène campagne contre la révision constitutionnelle et a été agressé devant les locaux de la télévision publique par des personnes supposées favorables aux autorités». Il participait à un rassemblement pacifique pour dénoncer la partialité de la télévision qui, selon les membres de ce mouvement, ne couvre que les manifestations et réunions du camp du «Oui» à la révision constitutionnelle.
Madou Kanté, influent blogueur et chroniqueur d’un journal en ligne, a été blessé par balle par des inconnus alors qu’il était dans sa voiture à 1h du matin. Quant à Salif Diarrah, journaliste au site d’informations Maliactu, il a rapporté avoir reçu plusieurs appels anonymes avec des menaces de mort.

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