Les Sénégalais sont habitués à des promesses de candidats. Qu’est-ce qui nous garantit que Malick Gackou va respecter ses engagements ?

Je pense que les Sénégalais me connaissent. Il m’est difficile de parler de ma personne. Sur le respect de la parole donnée, le signal le plus fort que j’ai donné au Sénégalais, c’est ma démission du gouvernement. Jamais dans l’histoire du Sénégal, un ministre n’a démissionné dans les conditions dans lesquelles je l’ai fait. Je considérais, en effet, que les orientations sur lesquelles nous nous sommes engagés et le grand rêve que nous portions, le Président Macky Sall et moi et d’autres pour avoir une alternative démocratique en 2012 et mettre en application les conclusions des Assises nationales, ont été brisés. Ce n’est pas pour ce Sénégal-là qu’il y a eu les Assises, le 23 juin, les morts en 2012. Dans le premier gouvernement dans lequel j’étais ministre des Sports, nous étions 25. Dans le deuxième dans lequel j’étais ministre du Commerce, nous étions déjà 32. Aujourd’hui, je me demande même si les ministres qui siègent à la table du Conseil des ministres se connaissent. Je ne parle pas de cette floraison de ministres-conseillers qui n’ont même pas de bureau. J’aurais pu rester dans le gouvernement et tirer profit des privilèges. Mais j’ai considéré que nous étions en train de dévier de la trajectoire que nous nous étions fixée, c’est-à-dire la gestion sobre et vertueuse et tous ces slogans qui étaient pompeux. Donc, rien que ce signal est un engagement et une conviction que je suis un citoyen pauvre, qui a grandi dans la banlieue, un self made man qui veut servir son Peuple. Je puis vous dire d’ailleurs que j’ai eu à faire les 45 départements du pays et j’ai pu constater les énormes disparités entre la capitale et les villages les plus reculés. Alors, pour toutes ces convictions, les Sénégalais peuvent et doivent faire confiance à Malick Gakou.

Le Sénégal pourrait devenir un pays producteur de pétrole et de gaz. Avez-vous réfléchi sur cette question ?
Pétrole et gaz qui sont déjà vendus hein ! (rires)

Vendus par qui ?
Par le régime actuel. Pendant 20 ans, le Sénégal ne verra pas un seul franc de ce pétrole et de ce gaz. Vous avez vu les conditions scabreuses dans lesquelles les permis ont été octroyés à des multinationales. Je ne vais pas revenir sur le débat de Petro Tim et sa plainte. C’est Frank Timis qui avait porté plainte contre 11 leaders de l’opposition dont moi-même. Jusqu’à présent nous attendons les suites de cette plainte. Pourtant, c’est le Sénégal qui devait porter plainte contre lui. Ma conviction est que l’argent du contribuable et les ressources naturelles doivent revenir au Peuple sénégalais qui est fatigué, qui a faim, qui a soif. Maintenant, sur la question, nous avons proposé la mise en place d’un haut conseil pour la gestion des ressources naturelles dont le socle sera constitué par les citoyens et la Société civile pour plus de transparence. Et puis, bien évidemment, nous allons renégocier -difficilement d’ailleurs puisqu’en matière d’hydrocarbures, ce sont des contrats bien ferrés- des contrats qui ne sont pas si transparents.

Macky Sall avait dit «gestion sobre et vertueuse», Idissa Seck a dit aujourd’hui (Ndlr : A Mbour au séminaire programmatique des cadres de son parti) «gestion juste, efficace et ambitieuse». Et vous, que dites-vous ?
Vous savez, moi, je ne me compare à personne (rires). Je suis Malick Gakou.

Vous êtes candidat comme eux…
Oui. Ne me comparez à personne, mais avec mes idées, mon projet que je propose aux Sénégalais. J’ai mis en place le Programme alternatif suxxali senegaal (Pass) contre le Pse. Tout à l’heure, vous me demandiez si ce n’était pas tôt de lancer mon programme. Bien évidemment, et nous l’avons fait exprès. C’est la première fois, au Sénégal, à 10 mois d’une élection présidentielle, qu’un candidat présente son programme.

Pourquoi vous l’avez fait ?
Parce que nous voulons montrer aux Sénégalais notre capacité à diriger ce pays. Je veux donc construire une majorité d’idées à la place d’une majorité de partage comme Benno bokk yaakaar. Maintenant, c’est un programme que nous allons discuter avec nos partenaires parce que je serai à la tête d’une grande coalition.

Vous serez avec qui dans cette «grande coalition» comme vous le dites ?
Vous savez, nous ne faisons que des choses en grand hein ! (rires). Je vous demande un peu de pa­tience.

Avec Khalifa Sall ?
Khalifa Sall et moi sommes des alliés naturels parce que nous avons la même histoire, le même Adn. Nous sommes des enfants du Parti socialiste et j’ai connu Khalifa à 18 ans alors que j’étais élève socialiste, ensuite étudiant socialiste. Après mon doctorat, je suis devenu chômeur socialiste et puis cadre socialiste. J’ai quitté le Ps en 1999 pour répondre à l’Appel du 16 juin du président Moustapha Niasse. Je rappelle que j’avais déjà créé en 1997 le premier courant de pensée au sein du Ps, le Centre gauche, qui m’avait rapproché du Président Wade. Donc, une entente Khalifa Sall-Malick Gakou est tout à fait naturelle. C’est la raison pour laquelle aujourd’hui, comme hier, comme demain, je suis persuadé que nous allons constituer cette force qui va tirer la trame de l’alternative socialiste en 2019. Notre volonté commune, c’est d’insuffler au Sénégal une alternative socialiste parce que, vraisemblablement, les Libéraux ont manifestement échoué…

Pourtant Idrissa Seck veut prendre sa part de Manko taxawu senegaal avec des hommes de Khalifa Sall…
Arrêtez de me poser des questions sur des personnes ! Je suis en compétition avec Macky Sall et j’ai mis en place un programme alternatif contre son programme. Avec Khalifa Sall, nous avons la même obédience, la même ambition.

Qu’en est-il avec Abdoul Mbaye ?
J’ai dit tout à l’heure que le moment venu, je dévoilerai les membres de ma coalition.

Vous avez des atomes crochus avec Abdoul Mbaye ?
J’ai des atomes crochus avec tout le Peuple sénégalais, y compris avec vous… (Rires).

Est-ce que Mankoo taxawu senegal existe encore ?
Manko taxawu senegal a fait son chemin parce que c’était une coalition électorale pour les Législatives. Les Législatives étant terminées, bien évidement Manko devrait terminer son cycle de vie.

Est-ce que Mts peut être maintenue jusqu’à la Présidentielle ?
Encore une fois Manko n’est pas une coalition présidentielle, mais pour les Législatives qui sont derrière nous. Nous avons 7 députés qui portent le label Manko, c’est déjà une source de pérennisation de ce label. Ensuite, Khalifa Sall est encore en prison. Donc, les mêmes raisons qui ont guidé notre volonté de maintenir Manko sont encore là. Maintenant, il appartiendra aux leaders de la coalition de déterminer, dans la perspective de la Présidentielle, s’il faut pérenniser Mts ou trouver une autre forme de collaboration.
Vous êtes aussi un homme du sport. Vous aviez même critiqué la posture du gouvernement dans ce domaine en disant que le Sénégal n’a pas de politique sportive. Le candidat Macky Sall avait promis, une fois au pouvoir, de porter le budget du sport à 1%.

Qu’en dites-vous ?
D’abord, je suis un ancien joueur de football, ancien dirigeant, un pur produit du mouvement sportif national. Le Président Macky Sall ne connaît rien au sport, donc déjà c’est une différence fondamentale. C’est pourquoi d’ailleurs, comme tous les sportifs de notre pays, nous avons été enchantés d’entendre le Président Sall, entre les deux tours, promettre qu’il va porter le budget du ministère des Sports à 1%. Quand j’étais ministre des Sports, la première chose que j’avais demandée au Prédisent était de nous donner 1% du Budget national, jusqu’à présent, le sport n’a pas ce pourcentage du Budget national. Je suis un homme d’Etat et je ne vais pas divulguer des contradictions du gouvernement sur la place publique. Mais, j’avais dessiné le Programme 12-22. Parce que j’avais dit qu’en 10 ans, le Sénégal devrait être un hub sportif. Et le sport devrait être un des moteurs du développement. Aujourd’­hui, rien que les budgets de Chelsea, de Liverpool et de Manchester city réunis peuvent être le budget du Sénégal ou plus. Et j’avais théorisé en son temps qu’il nous faut 10 ans pour que le Sénégal puisse résorber son gap en matière d’infrastructures sportives. Le Sénégal est un peuple de génies sportifs, talentueux, et je pense qu’il y a tous les atouts. Aujourd’hui, avec le chômage considérable des jeunes, le sport devait être un levier économique important pour le pays. Donc, si le Président avait respecté sa parole, le 1% du Budget national au sport, le Sénégal devrait résorber ce gap. J’avais même sollicité Issa Hayatou pour que la Can 2019 soit organisée au Sénégal. Et j’avais même dit au-delà de 2022, le Sénégal devrait pouvoir co-organiser la Coupe du monde avec un autre pays africain. Quand je le disais, certains me prenaient peut-être pour un rêveur. Mais aujourd’hui, le Maroc veut organiser la Coupe du monde. Donc, le Sénégal pouvait bien naturellement organiser la Can et aurait construit des infrastructures sportives. C’est quand même inacceptable qu’on n’ait pas organisé une Can depuis 1992. Et moi je veux faire du sport une priorité. Au-delà de tout le vacarme sur ma médiatisation autour de la lutte sénégalaise, j’ai dépensé toute mon énergie et énormément d’efforts pour le développement du sport dans la banlieue et particulièrement à Guédiawaye, ma ville. C’est donc un sportif qui parle du sport et en tant que ministre des Sports, la première action que j’allais mener, c’était de faire en sorte que le Sénégal puisse être une terre sportive. Bien évidemment, dans le Pass, nous avons prévu de manière évolutive, 2% du Budget national le sport, c’est-à-dire partir de 0,7% du gouvernement actuel à 2% dans les 3 premières années.

Vous dites que le Grand parti a une assise nationale, mais à Guédiawaye, ça fait deux élections que vous êtes battus par le maire Aliou Sall ?
Perdre ou gagner des élections, ce n’est pas pour cela que je fais de la politique. Encore, faudrait-il perdre avec des élections libres, démocratiques et transparentes. En 2009, j’étais tête de liste de la coalition Benno siggil senegaal à Guédiawaye et à Dakar, une première. Bien évidemment, j’ai eu honte de dire que j’ai gagné Guédiawaye parce que j’étais à la tête d’une coalition. Vous dites que quelqu’un m’a battu à Guédiawaye. Il faut corriger parce que c’est une coalition qui a gagné. Alors, j’avais donné ma parole -la parole donnée est sacrée chez moi- à Chérif Macky Sall et à Khalifa Ababacar Sall qu’en cas de victoire, j’allais laisser la mairie de Guédiawaye à Chérif Macky Sall pour prendre le Conseil régional de Dakar. Je crois que depuis, il y a quand même eu un petit conflit qu’une certaine génération ne peut pas encore digérer et ne me pardonne pas. Je n’ai pas perdu les Locales de 2014. J’avais choisi, à la suite de ma démission du gouvernement en 2013, de soutenir l’ancien maire de Guédiawaye, Cheikh Sarr, qui avait remplacé feu Chérif Macky Sall en mai 2011. C’est dire que ce n’est pas parce que je veux diriger que je fais de la politique. Je rends grâce à Dieu, je me suis fait hors de la politique et la politique n’a jamais été un métier pour moi. Enfant pauvre, j’ai dû quand même tracer ma voie dans les affaires de sorte que je puisse avoir les moyens d’une indépendance économique à même de me permettre de prendre les décisions qu’il faut et d’être un self made man. Alors, quand Aliou Sall est venu à Guédiawaye, j’étais leader de Benno bokk yaakaar. Il était membre de cette coalition en tant que représentant de l’Apr. J’ai dirigé la coalition et nous avons remporté les élections. Donc, pour les Locales de 2014, il ne faut pas dire que X a gagné contre Y. Après, il y a eu le référendum, une mascarade électorale de Macky Sall. Nous l’avons perdu dans des conditions calamiteuses d’organisation. Maintenant, pour les dernières Législatives, à Guédiawaye, j’ai choisi de perdre parce que j’étais le coordonnateur de la coalition Manko wattu senegaal d’abord, ensuite de Manko taxawu senegaal. Et j’ai toujours dit que face à Benno bokk yaakaar, il faut une coalition forte de l’opposition. Avec tous les tripatouillages des lois et règlements en matière électorale, notre unique chance, c’était le regroupement de l’opposition. Nous l’avions compris en mettant en place Manko wattu senegaal, qui est devenu Manko taxawu senegaal lorsque Khalifa Sall s’est joint à nous. Et avec ce Mts, si nous étions unis, nous allions rafler la totalité des départements du Sénégal. Ensuite, avec Khalifa, nous avons créé Mts, c’est-à-dire Manko plus Taxawu Dakar de Khalifa et nous avons retenu Mts. Mais notre coalition s’est disloquée à cause de cette querelle inutile sur la tête de liste. S’il n’y avait pas cette querelle, j’allais gagner Guédiawaye haut la main. Parce que la coalition au pouvoir n’a que 36% dans le département. Les résultats de Wattu senegaal et de Mts cumulés dépassent de loin Bby. La première responsabilité de la défaite à Guédiawaye incombe à notre coalition et en tant coordonnateur de Manko, j’assume cet échec. C’est donc avec honneur que je me suis investi corps et âme pour la consolidation des bases d’une coalition gagnante. J’ai dit que si on pouvait avoir un consensus autour de Wade, ce serait l’idéal. Malheureusement, nous avons laissé cette chance passée. C’est une responsabilité historique de l’opposition et nous devons en tirer les conséquences. Le Président Wade n’était pas candidat à la tête de liste quand Manko éclatait. Omar Sarr, Khalifa Sall et Mansour Sy Djamil étaient les 3 candidats pour diriger la liste de Manko taxawu sengaal. Moi, j’avais des relations considérables avec le Pds, et même une alliance stratégique au regard de mes relations personnelles avec le Pré­sident Wade. Mais, quand je suis revenu de Djedda, Khalifa Sall était déjà en prison. Et je devais le soutenir quoi qu’il advienne, malgré toute l’affection que j’ai pour le Président Wade et le Pds qui était le premier partenaire du Grand parti dans toutes les coalitions de l’opposition. C’est que je ne suis pas un politicien ordinaire, calculateur. Je ne l’ai pas fait seulement pour Khalifa Sall puisque quand Karim Wade était en prison, j’étais parti le voir, alors que j’étais numéro 2 de l’Afp, membre de la majorité présidentielle. Je considérais Karim Wade comme une victime. Entre Oumar Sarr et Khalifa Ababacar Sall, j’ai choisi le dernier. Je savais que mon intérêt électoral c’était d’être avec le Pds qui, seul, pouvait m’aider à remporter le département de Guédia­waye.

Vous aviez cette garantie de Wade ?
Non, je n’ai pas besoin de garantie de Abdoulaye Wade. C’était une évidence que j’allais être tête de liste à Guédiawaye, quelle que soit la coalition. Khalifa Sall est un grand frère, un ami, un combattant socialiste. Et c’est avec ces valeurs de gauche que nous partageons que nous voulons créer une alternative du Sénégal de demain.

Est-ce que justement cette multiplicité de candidatures de l’opposition à la Présidentielle ne risque pas encore de produire les mêmes conséquences ?
Non, l’élection présidentielle et les élections législatives sont différentes. Pour les Législatives, on a un système archaïque, le «raw gadou», qui est insipide. Vous avez 100 mille électeurs, s’il y a 10 seulement qui votent, si vous avez seulement 3 et que les autres se partagent le reste, celui qui a 3 est minoritaire, mais il rafle tout. Là aussi, les Assises nationales avaient réglé tout cela. Encore une fois, nous n’avons pas été battus par qui que ce soit, nous avons été battus par nous-mêmes. Nous nous sommes combattus pour des considérations qui n’ont rien à voir avec les intérêts du Sénégal.

Alors, quelle stratégie pour l’opposition à la Prési­dentielle ?
Pour gagner au premier tour, il faut avoir plus de 50%. Avec quatre candidats forts et un pourcentage donné, le Président ne peut pas avoir cette majorité requise pour passer au premier tour. Nous savons que pour les deux alternances, il y a eu chaque fois un accord tacite entre tous les membres de l’opposition, c’est-à-dire que le candidat qui arrive second soit soutenu par toutes les forces de l’opposition. J’espère que ce sera le cas en 2019. Donc, la pluralité des candidatures à la Présidentielle ne peut être bénéfique pour l’opposition que si les candidats ont un électorat certain.

Vous avez dit tout à l’heure que les Libéraux ont échoué. Vous êtes socialiste comme Khalifa Sall, êtes-vous prêt à soutenir un libéral qui arriverait au second tour ?
Les règles du jeu sont claires. Khalifa Sall, moi et tous les autres candidats de l’opposition allons, le moment venu, signer un pacte pour soutenir le candidat le mieux placé au second tour.

Quelle que soit l’obédience ?
Ce n’est plus une question d’obédience, mais de responsabilité, d’honneur et de principe. Parce que si nous voulons que cette majorité retourne à l’opposition, nous n’avons pas d’autre choix que de réunir nos forces. Mais je suis persuadé qu’en 2019, l’alternative sera une alternative socialiste de gauche qui est incarnée aujourd’hui aussi bien par Khalifa Sall que par moi-même. Il y a eu 19 ans de libéralisme, je pense que cela suffit au Sénégal. Il nous faut une nouvelle alternative pour remettre le Sénégal en chantier et redresser notre pays avec cette alternative socialiste.

Le système éducatif est en crise. Que proposez-vous pour garantir une éducation de qualité aux jeunes ?
La première infrastructure à développer dans ce pays, c’est d’abord l’éducation. Et l’éducation et la santé font partie des points nodaux de mon programme, le Pass. Car sans éducation, il n’y a pas de développement. Nous voulons donc garantir aux futures générations un avenir meilleur. Il faut que le gouvernement respecte les accords qu’il a signés avec les enseignants. Quand ces accords ont été signés, j’étais encore dans le gouvernement. La première chose que je ferai en tant que Président, c’est d’abord de régler ces accords avec les enseignants. Mais au-delà, il faut des infrastructures de base pour développer un pays.

Quels sont vos rapports aujourd’hui avec Moustapha Niasse ?
Nous avons eu des déchirures, mais je préfère toujours garder les bons souvenirs. Moustapha Niasse est une forte personnalité qui a quand même joué un rôle important dans mon éducation politique et qui a eu à me faire confiance en me choisissant comme numéro 2 de son parti. Maintenant, la politique rime souvent avec des contradictions. J’assume ma part de responsabilité sur le choix que j’ai fait avec la jeunesse de mon parti de vouloir que mon parti, l’Afp, alors qui porta le rêve de l’espoir, puisse avoir un candidat à la Présidentielle de 2017, qui va se tenir finalement en 2019. C’est cette question qui nous a divisés. Mais Moustapha Niasse restera aussi un symbole, une référence dans ma vie d’homme politique.

Votre démission du gouvernement, ce n’est pas la cassure entre lui et vous ?
Je ne sais pas si c’est lié à ma démission du gouvernement. Il faudra peut-être un jour lui demander. Ce que je peux dire, c’est que je n’ai pas regretté ma démission du gouvernement que je considère comme étant le socle constitutif de cette motivation exceptionnelle que j’avais de contribuer à la mise en place d’un Sénégal à la hauteur des formidables ambitions que j’ai pour le pays.

Vous l’aviez informé de cette démission ?
Je ne voudrais pas revenir sur ce sujet.

C’est important parce que certains disent que c’est lui-même qui est à l’origine de votre départ du gouvernement…
Non, je ne pense pas. Moi je suis un homme d’Etat, je serais gêné de raconter les contours étatiques de ma démission. Donc, permettez-moi de rester sur les hauteurs et de garder l’honorabilité de cette relation que je veux garder avec le président Niasse.

Vous n’avez plus aucun contact avec lui depuis ?
Je ne parlerai plus du président Niasse. Je crois que j’en ai assez dit.

Vos rapports avec le Président Macky Sall ?
Je n’ai aucun rapport particulier avec lui. Il est le président de la République ; moi je me considère comme étant son opposant le plus radical de par ma démission et du fait que j’ai coordonné toutes les coalitions de l’opposition. Mieux, j’ai proposé le premier programme qui va le renverser démocratiquement parce que j’envisage de le battre au premier tour.

La justice va prononcer son verdict dans l’affaire Barthé­lemy Dias mardi, qu’en dites-vous ?
Barthélemy Dias est un ami et petit frère avec qui j’ai partagé tous les combats. Sa place n’est pas en prison, tout comme Khalifa Sall. Je souhaite qu’il retrouve sa famille pour nous rejoindre dans le combat. Je ne peux pas m’attendre à un autre verdit. (Ndlr : Barthélemy Dias a été condamné hier à 6 mois ferme).

Partagez-vous son avis sur le fonctionnement de la Justice ?
Il faut dire que c’est moins un problème de magistrats que du système judiciaire lui-même. Tout le monde est d’accord que notre système judiciaire mérite d’être réformé. L’une des premières réformes que je vais faire adopter, c’est de sortir l’Exécutif dans la gestion de la magistrature pour avoir les gages d’une séparation nette des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire.

Malick Gackou Président, va-t-il quitter la direction de son parti ?
Bien naturellement. Vous savez que les conclusions des Assises nationales m’interdisent d’être à la fois leader de mon parti et président de la République. J’irais plus loin que les Assises en renforçant cette République qui porte nos rêves, qui a fait le 23 juin, qui a vu des martyrs tomber juste parce qu’ils voulaient honorer la démocratie, la dignité et le drapeau de leur pays.