La Caisse nationale du crédit agricole du Sénégal (Cncas) s’est retrouvée sous les feux de l’actualité du fait des créances douteuses qui ont semblé menacer son existence. Interpellé sur ce point, son Directeur général, M. Malick Ndiaye, a tenu à démontrer que non seulement les agrégats sont sains, mais qu’en plus, la banque scrutait l’avenir avec confiance et sérénité, portée par la confiance des autorités et par sa clientèle.

Ces derniers temps des articles de presse ont attiré l’attention sur des difficultés que traverserait votre banque. Si sérieuses que le gouvernement aurait été obligé d’injecter d’urgence plus de 50 milliards pour sauver la Cncas. Est-ce qu’aujourd’hui la situation est meilleure ?
Effectivement, il faut le dire et le répéter si nécessaire, la banque a une situation financière saine. La preuve est faite par les états financiers provisoires de 2016, pour lesquels nous attendons un résultat bénéficiaire de 1 milliard 300 millions environ, contre 700 millions un an plus tôt. Nous avons aussi pu constater un produit net bancaire à plus de 20 milliards, contre 16 milliards un an plus tôt. Et surtout nous avons pu couvrir tous nos besoins de provision,  comme demandé par le régulateur. Donc, nous sommes en mesure de dire que la situation financière du Crédit agricole s’est améliorée et c’est cela que nous avions comme objectif, partagé avec les administrateurs, avec le régulateur. Sur ce plan, nous avons répondu aux attentes de nos partenaires. Nous comptons continuer dans cette direction parce que le plus difficile, ce n’est pas de monter, c’est de monter et d’y rester. Nous avons un gros challenge que nous pensons pouvoir relever, parce que nous avons un certain nombre de projets sur lesquels nous travaillons.

Avant d’en venir aux projets, ces difficultés dont on a fait état étaient dues pour la plupart, à des créances douteuses non recouvrées. Pouvez-vous rassurer au­jour­d’hui vos clients ainsi que l’opinion, que ce genre de créances, c’est de l’ordre du passé et que les dérapages qui ont conduit à cette situation ne se reproduiront plus ?
Pour ce qui ce qui concerne les informations qui ont été diffusées et qui étaient liées aux créances douteuses et litigieuses, je dois dire, pour que ça soit très clair pour l’opinion et pour tout le monde, que c’est à la suite d’un rapport de la Commission bancaire, d’août 2014, qu’un certain nombre de recommandations avaient été faites par l’organe de régulation qu’est la commission bancaire. Naturellement, comme cela se fait partout, nous avons en interne, pris les choses à leur mesure et nous avons mis en place un comité spécial, avec l’appui du ministère de l’Economie et des finances. Ce comité spécial a travaillé sur ce dossier, sur les points de recommandations édictées par la Commission bancaire. Et cela nous a permis de faire ce qu’on appelle un plan de relance, un plan de restructuration. Ce plan comportait en gros 3 mesures structurelles. La première mesure était d’assainir le portefeuille. La deuxième, d’augmenter le capital. La troisième, de doter l’institution de ressources concessionnelles, pour lui permettre de continuer à faire surtout dans l’investissement agricole. Et sur la première mesure, ce qu’on appelle l’assainissement du portefeuille, nous avons beaucoup travaillé, parce que l’enjeu était là. Ce que nous avons pu faire c’est de dire, il nous faut aller dans le sens d’alléger notre portefeuille, notre bilan. En l’allégeant d’un certain nombre de créances sur lesquelles il avait été demandé des provisions. Et si nous sortons ces engagements de notre bilan, bien sûr, les provisions seront sans objet. Et pour le faire, nous avons pu négocier avec l’Etat du Sénégal qui a accepté de soutenir la banque pour faire ce qu’on appelle une opération de titrisation. Nous avons cédé des créances à l’Etat du Sénégal, contre des titres de créance que nous pourrons faire refinancer au niveau de la Banque centrale. Et en le faisant nous avons suggéré à l’Etat, avec le consentement de la Société nationale de recouvrement, de confier ce portefeuille à la Snr, qui a des compétences avérées pour faire des recouvrements et, comme elle l’a fait sur les créances des anciennes banques qui ont été dissoutes. Et cela permettrait à l’Etat de récupérer tout ou partie de ces créances compromises et qui pouvaient poser quelques difficultés si on devait les garder encore dans les livres de la banque. Cette opération porte sur un encours global de 50 milliards, et nous avons aménagé les choses pour que l’Etat du Sénégal puisse nous émettre des titres sur 15 ans, avec 5 ans de différé. C’est ce qu’on appelle une opération de titrisation. D’ailleurs nous sommes dans l’attente de ces titres pour pouvoir achever l’opération.

Cela veut dire que l’argent n’est pas encore rentré ?
L’argent n’est pas encore rentré. Ce n’est pas de l’argent frais. Ce sont des titres que nous pourrions mobiliser au niveau de la Banque centrale, sous  réserve de certaines conditions de négociation et de passage au Comité de politique monétaire et  nous y travaillons. C’est une opération tout à fait naturelle, qui se passe un peu partout à travers le monde. Nous avons même l’expérience, parce que nous avons conduit une première opération de titrisation dans les années 1990. Une opération de moindre envergure, bien sûr. Ça concernait les titres, les créances du Projet irrigation 4. Donc, nous avons l’expérience. C’est une opération assez technique, qui nécessite des compétences avérées. Nous avons signé les conventions avec l’Etat du Sénégal et la Snr au mois de juin 2016. Et conséquemment, nous avons transmis le dossier des clients débiteurs à la Snr, qui va procéder au recouvrement des créances. Ce n’est pas une opération réalisée suite à un contentieux que nous avons avec un client. C’est une opération que nous avons initié nous-mêmes, comme une solution parmi d’autres. Pour justement sortir de cette situation qui pouvait être difficile. Mais nous n’avons pas d’autres difficultés par rapport à cela. Sur ce sujet il faut être très clair. Au 31 décembre 2016, nous avons pu respecter l’ensemble des attentes du régulateur. Il reste un petit montant de 28 millions à provisionner et nous avons les moyens de le faire. C’est juste une question technique qui nous a empêchés de la faire. Donc, nous considérons que ce sujet qui a été évoqué dans la presse est derrière nous. Nous avons d’autres perspectives sur lesquelles nous travaillons, en particulier le doublement du capital social et les dotations de fonds sur lesquels nous avons beaucoup avancé.

Avant de revenir sur ces points, on a vu que l’une des fragilités de la Caisse nationale agricole, c’est sa forte dépendance aux ressources publiques. Avez-vous des projets pour réduire cette dépendance ?
Nous travaillons justement pour atténuer ce qu’on peut appeler une dépendance aux ressources publiques. Il faut reconnaitre que l’Etat est quand même le principal agent économique, l’acteur majeur, aussi bien en ressources qu’en commande publique. L’Etat reste notre partenaire et n’oublions pas que nous avons aussi un rôle d’accompagnement des politiques publiques dans le domaine de l’agriculture. L’Etat mobilise aussi des ressources (de subventions, des appuis des bailleurs de fonds) pour accompagner notre secteur primaire, sur lesquelles nous avons beaucoup espoir en termes de contribution à la croissance économique, en termes de lutte contre la pauvreté et en termes de développement tout court. De ce point de vue, l’Etat restera notre partenaire. Par contre, notre stratégie aujourd’hui, c’est de travailler à développer davantage la collecte des ressources qui ne soient pas seulement publiques. Nous allons vers le secteur privé, vers la clientèle privée, la clientèle de détail, vers les entreprises. Mais aussi, nous avons des partenaires extérieurs avec qui nous travaillons, pour pouvoir lever des ressources longues surtout. Ce sont les ressources longues qui manquent au système bancaire de la place en général et la Cnca ne fait pas exception. Nous travaillons aujourd’hui avec deux partenaires extérieurs importants. L’un c’est l’Afd. Nous avons pu négocier un contrat de prêt l’année dernière, de 15 millions d’euros, soit  10 milliards de F Cfa sur une durée de 15 ans, avec 5 ans de différé, à un taux concessionnel. Récemment nous avons pu aussi obtenir de la Badea un accompagnement de 10 millions de dollars américains, environ 5,5 milliards de F Cfa, sur une durée de 8 ans, dont 2 de différé, avec aussi un taux de marché qui nous parait correct, autour de 4,25. Ces initiatives vont être renforcées et continuées, parce que nous avons aussi d’autres partenaires avec qui nous travaillons. La Boad que j’ai rencontrée récemment, va certainement renouveler une ligne de 4 milliards qu’on a déjà prise et qu’on est en train de rembourser. On devrait pouvoir renouveler cette ligne de 4 milliards destinée aux équipements agricoles. Et nous avons aussi d’autres partenaires avec qui nous avons commencé à discuter. Bio-Belgique, récemment les fonds allemands avec la Deutsch Bank. Et d’autres partenaires avec qui nous sommes en train de travailler pour à chaque fois que c’est nécessaire, lever des ressources à des coûts conformes à nos attentes. N’oublions pas que nous prêtons de l’argent à un secteur considéré comme faible et vulnérable, nous devons donc tenir compte de cela. C’est la seule limite que nous avons aujourd’hui sur la levée des ressources sur le marché. Et nous avons aussi, un projet important sur lequel nous travaillons, c’est l’accréditation aux fonds verts, les fonds climats. Nous avons démarré le processus depuis  déjà quelques mois. Nous sommes en train de faire ce qu’il faut pour pouvoir avoir les capacités de lever des fonds à l’instar de la Bad et de la Boad, qui sont pour le moment,  les seules institutions financières de la zone, accréditées aux fonds verts. Nous espérons pouvoir obtenir tout ce qu’il nous faut pour encore renforcer les moyens de la banque et soutenir davantage les projets majeurs du monde agricole. Nous avons beaucoup de privés qui nous sollicitent, avec des montants conséquents et nous voudrions pouvoir nous donner les moyens de les accompagner.

Comment faites-vous pour couvrir le risque dans un secteur agricole dominé par beaucoup d’aléas ? On sait que le secteur agricole au Sénégal est très dépendant, lié à plein de paramètres qui ne sont pas maitrisés.
La gestion des risques dans le domaine du financement agricole. Dans toutes nos rencontres, c’est une question qui est soulevée. Nous la mettons sur la table pour partager les expériences. Et ce que je dis, c’est que d’abord nous travaillons pour faire une analyse-risque sur chaque chaine de valeur agricole. C’est de voir sur les différentes filières sur lesquelles nous intervenons, notamment le riz, le coton, le maïs, les cultures horticoles,… Pour chaque spéculation, chaque filière, voir l’état de l’écosystème global, l’environnement de la chaine de valeur, qui sont les acteurs, quels sont les risques auxquels nous sommes exposés et comment nous pouvons atténuer ces risques. Pour nous, ça passe d’abord par une bonne connaissance des acteurs, et nous le faisons. Ensuite, ça passe par une bonne compréhension des acteurs sur les dynamiques actuelles en matière de maitrise de risque. Et nous faisons en sorte avec chaque acteur puisse être sensibilisé sur la nécessité de mettre en place des systèmes performants, c’est-à-dire des systèmes de production, de commercialisation, de transformation, de remboursement, de gestion de dettes, des flux financiers, qui soient à même de pérenniser ces filières agricoles.
Après ça, nous avons des instruments de couverture qu’on appelle des instruments de fonds de garantie. Le premier fonds de garantie que nous utilisons, c’est celui qui accompagne les dispositifs de financement agricole que l’Etat du Sénégal a mis en place depuis 1994. Ce dispositif comporte un fonds de garantie qui couvre à 75%, les risques de finance pour chaque emprunteur éligible. C’est-à-dire les acteurs qui sont sur les filières principales : céréales, coton, arachide, etc. Le dispositif comporte toujours un fonds de bonification. Nous faisons de la bonification parce que nous avons des taux de sortie de 7,5 aux emprunteurs dans le domaine de la production végétale. Et ça aussi c’est l’Etat qui supporte à 5.5% de bonification, pour atténuer le coût du crédit chez l’emprunteur agriculteur. Nous avons aussi le fonds de calamité qui est utilisé en cas de sinistre, de difficulté à grande échelle. L’Etat met en place le fonds de calamité soit pour couvrir le remboursement des dettes ou pour dédommager les producteurs qui auront perdu dans ces catastrophes. Ce dispositif est le premier, mais à côté de ça nous avons d’autres dispositifs sur l’élevage ; nous avons le fonds qui est un projet du ministère de l’Agriculture qui dispose chez nous d’un fonds de garantie. C’est nous qui cherchons les ressources financières pour financer, le risque nous le prenons directement. Mais en cas de difficulté, nous avons la possibilité de nous couvrir sur le fonds de garantie Fonstab, à hauteur de 50% de risque final. Dans la même veine, nous avons aussi la finance islamique que nous déployons dans la zone sud (Tambacounda, Kédougou, Kolda). Nous avons aussi un fonds de garantie que nous avons obtenu grâce à la Bid qui était partenaire dans ce projet, et nous gérons le volet crédit. Avec le partenaire Compagnie nationale d’assurance agricole, nous avons introduit depuis quelques années, l’assurance agricole pour couvrir les risques d’inondation. Cette année, nous allons y ajouter ce que nous appelons l’assurance indicielle. C’est un type d’assurance parmi plusieurs assurances agricoles, mais celle-là est basée sur la pluviométrie. Avec la Boad, la Cncas et l’ensemble des acteurs qui tournent autour du coton, l’Anacim, la Sodefitex, la fédération des producteurs de coton, des producteurs de maïs. Nous-mêmes, en tant que bailleurs, nous avons un ensemble d’acteurs avec lesquels nous travaillons pour la promotion de l’assurance indicielle et ça démarre à la prochaine campagne 2017-2018.  Cette approche, nous voulons l’étendre au niveau du Sénégal pour pouvoir aider à avoir un système de production résiliant, capable de faire face à des situations difficiles. Je rappelle ce point de vue-là, l’Etat du Sénégal a adhéré à l’African risk capacity (Arc) qui permet au niveau national, en cas de sinistre, à l’Etat du Sénégal d’avoir des couvertures. Tout cela est très cohérent. Aujourd’hui, nous avons pour objectif de généraliser le produit assurance, mais mieux, de le commercialiser nous-mêmes et d’en faire des packages-crédit sur l’élevage, sur la pisciculture, sur la pêche, sur la production végétale. Et nous avons beaucoup avancé. L’autre aspect important sur la sécurisation du crédit, c’est ce que nous avons testé avec le projet «Naatal Mbay» dans la vallée du fleuve Sénégal. Ce que j’appelle la tierce détention et le monitoring du paddy. Depuis 3 campagnes de commercialisation, nous avons mis en place avec l’appui de l’Usaid, un dispositif de gestion de stock de remboursement, qui nous permet, dès que les stocks  sont constitués en vue de remboursement, de pouvoir les contrôler avec des tiers garants. Ça a beaucoup marché depuis ces dernières années et nous voulons renforcer cela. Mieux, lorsque ce Paddy sera transporté dans les unités industrielles, les produits tirés de la transformation, que ce soit le riz et les sous-produits, vont en magasin et seront scellés et seront contrôlés par les tiers détenteurs. Nous avons des rapports journaliers et hebdomadaires de ces tiers détenteurs. Quand il y a transaction d’achat, c’est nous qui donnons les autorisations de sortie des quantités de riz. C’est un dispositif connu à travers le monde, la tierce détention, c’est ce que font les importateurs de riz sur le marché local. C’est un mécanisme innovant, qui a été mis en place pour créer les conditions d’une bonne sécurisation des flux financiers qui naissent de la vente des produits agricoles. La particularité du crédit agricole, c’est que la banque agricole n’est remboursée que sur la base des flux issus de la vente des produits agricoles. Nous travaillons pour regarder chaque chaine de valeur, pour identifier les acteurs au moment de faire la commercialisation, où est-ce que nous nous positionnons en tant que bailleurs pour pouvoir récupérer les dettes dues par les agriculteurs qui auront été à la base des transactions de vente et de production agricole. Le tout revient sur la capacité de l’emprunteur. Je n’ai pas beaucoup insisté sur l’emprunteur parce qu’il s’agit de petits exploitants, qui n’ont pas de garantie formelle, de titre foncier à donner. Là aussi, nous travaillons sur la caution solidaire et sur les services non financiers, c’est-à-dire l’encadrement, la formation, la sensibilisation. Nous avons des partenaires. Dans la vallée, vous avez  les centres de gestion agréés qui font des tenues de comptabilité sommaire pour les organisations de producteurs. Nous avons des protocoles de partenariat. Nous avons partout ailleurs des partenaires comme la Sodefitex sur le coton, la Sodagri sur le bassin de l’Anambé, le Ppdc à Ziguinchor. Nous avons d’autres partenaires avec qui nous travaillons, des modèles intégrés de financement dans lesquels nous travaillons pour que l’ensemble des acteurs puissent se saisir de leurs responsabilités et que chacun jouant son rôle convenablement, on diminue le risque. Et on crée les conditions d’un bon remboursement des dettes et d’une continuité d’activités pour chaque système de production agricole. Nous allons encore  plus loin, en perspective du projet «Naatal Mbay» de disposer d’une base de données sur la géolocalisation, sur le géo-référencement des parcelles pour que chaque débiteur puisse être attaché à sa parcelle sur des mensurations exactes. Nous ne souhaitons pas faire de mauvaise dotation de ressources à des agriculteurs parce qu’on s’est trompés sur les superficies. Nous avons avec l’Omvs, un article qui intègre l’échange de données pour les emprunteurs qui sont sur la rive gauche. A chaque fois que nous avons ces informations, la formulation de l’offre de crédit,  de l’offre de service est d’autant plus pertinente et débouchera forcément sur des performances sur le crédit agricole. C’est quelque chose de tout à fait inédit, le crédit agricole. On n’a pas une école de pensée pour le financement du monde agricole, chaque pays a ses réalités, et il s’efforce de s’adapter régulièrement au contexte, en apportant son expertise et en minimisant les risques.

Vous êtes une banque à vocation agricole et vous faites du service public. Mais dans ces conditions quand vous allez augmenter votre capital, n’y a-t-il pas de risque que cette vocation agricole et de service public soit un peu atténuée ?
L’ouverture du capital, l’augmentation du capital peut amener à coopter d’autres investisseurs dans le tour de table de la banque. Cette opération ne devrait pas nous amener à nous retrouver demain à devoir laisser le secteur agricole. Nous veillons à ce que dans cette opération, on garde les missions et les ambitions de l’Etat du Sénégal par rapport à l’outil de financement que représente la Cncas. Nous discutons régulièrement avec l’autorité sur cette question-là, pour qu’on puisse partager  les options si  on devait s’ouvrir à d’autres investisseurs, pour éviter demain ce qui s’est passé au Burkina Faso avec la Bacb. Quand ils ont vendu à Ecobank, cette dernière a arrêté de financer le secteur agricole. Aujourd’hui, ils cherchent à remettre en place une banque agricole. Nous avons tiré des leçons de cela. Nous essayons de renforcer le capital en doublant, pour le faire passer de 10 à 20 milliards. Nous avons pu avoir les 5 milliards au 31 décembre 2016. Il reste 5 milliards d’ici décembre 2017, et nous devrions garder notre cœur de métier, parce que la Cncas  doit garder cette ligne directrice qui fonde sa valeur, son existence. C’est ce qui explique sa capacité à jouer son rôle pleinement dans ce contexte de Sénégal émergent, où on sent un frémissement dans le secteur agricole, quoi qu’on en dise. Il y a beaucoup d’investisseurs sénégalais qui veulent aller vers la terre, et la terre on ne peut pas la travailler si on n’a pas de ressources financières. La banque a un rôle important à jouer, le rôle est stratégique et nous en sommes conscients avec les actionnaires. De ce point de vue, nous avons la même perspective sur la nécessité de rester dans le cœur du métier. Même si nous nous ouvrons et nous faisons de la diversification. Nous devons garder à l’esprit que le secteur agricole est notre secteur et il doit être performant, de croissance, et non pas un secteur de risque. Le secteur agricole s’il est bien managé, bien géré, tous les acteurs sont d’accord que c’est lui qui doit tirer la croissance économique du Sénégal, en attendant le pétrole. Ce secteur s’il est aussi important, aussi puissant doit avoir une banque forte. Notre ambition c’est de dire que notre secteur agricole a du potentiel, il faut le développer. La banque qui accompagne ce potentiel doit être forte, à l’image du Crédit agricole français, qui est l’une des premières banques en France. Nous devons travailler pour un secteur agricole rénové, modernisé, performant  et sa banque sera forcément performante.

La Cncas c’est 2 à 3% environ de part du marché, quelle est votre ambition ?
Notre part du marché c’est autour de 4 à 5%, notre ambition c’est d’aller plus loin, c’est d’avoir une part du marché qui va tourner autour de 6, 8, 10 %. Nous voulons aller plus loin en ressources comme en emplois. Nous en avons les capacités et la conviction.