La commune de Malicounda a abrité les festivités marquant la 38ème édition de la Journée mondiale de la population. Le thème retenu cette année est : «Accélérer la réduction des inégalités en matière de santé de la reproduction au Sénégal.» Le choix de cette commune, située dans le département de Mbour, s’explique par le dynamisme de cette municipalité dans la lutte contre la mortalité maternelle et infantile à travers la mise en place de plusieurs structures sanitaires dans chaque village de la commune. Par Alioune Badara CISS –
Malicounda a été le cœur de la Journée mondiale de la population célébrée hier. Instituée en 1989, elle vise à attirer chaque année l’attention des décideurs et des communautés sur des questions de population et de développement. Mal maîtrisées, elles pourraient entretenir la pauvreté et constituer un obstacle au développement durable. Lors du lancement de cette journée, Maguette Séne, maire de la commune de Malicounda, qui s’est réjoui du choix porté sur sa commune, assure que le thème de cette année permettra de réaffirmer la nécessité de garantir à toutes les couches sociales l’accès aux services de santé, la maternité sans risque et la protection contre les maladies sexuellement transmissibles. Il représente aussi un moment fort de sensibilisation et d’échanges sur des questions de population et de développement. D’ailleurs, le maire est revenu sur les objectifs fixés par la municipalité en matière de santé, consistant à doter chaque village d’un poste de santé, d’une maternité équipée et d’une ambulance médicalisée, en plus du recrutement de personnels de santé. «Nous avons renforcé le dispositif sanitaire de notre commune à travers un investissement accru dans la construction de structures de santé et le relèvement du plateau technique médical, en mettant toutefois un accent particulier sur la lutte contre la mortalité maternelle et infantile. Lorsque j’ai été élu maire pour la première fois, en 2014, il y avait 6 postés de santé, 4 maternités et 3 ambulances. Nous avons construit 8 nouveaux postes de santé, les ambulances ont été augmentées à 7. Nous ne sommes pas au bout de nos objectifs, nous voulons construire une commune où toutes les personnes ont accès à des services de santé promotionnels, préventifs et curatifs de qualité, sans aucune forme d’exclusion», liste le maire de Malicounda. Pour lui, la commune de Malicounda «n’est pas loin de l’atteinte de cet objectif qui colle parfaitement au thème de cette Journée mondiale de la population». Dans ce combat pour le bien-être des populations, Jean-Pierre Makelele, représentant-adjoint du Fond des Nations unies pour la population (Unfpa) au Sénégal, salue les résultats obtenus concernant plusieurs indicateurs. L’Unfpa a promis d’accompagner le gouvernement du Sénégal pour l’atteinte des trois résultats transformateurs : zéro décès maternel évitable, zéro besoin non satisfait en planification familiale et zéro violence basée sur le genre, y compris les mutilations génitales féminines, les mariages d’enfants et pratiques néfastes.
Aujourd’hui, les indicateurs de santé reproductive au Sénégal sont en train de s’améliorer, car le taux de mortalité maternelle, qui était à 236 décès maternels pour 100 mille naissances vivantes, est descendu à 153 décès maternels pour 100 mille naissances vivantes en 2023. Tening Faye, qui a présidé la cérémonie officielle des manifestations marquant la célébration de la 38ème édition de la Journée mondiale de la population, a magnifié «la tenue de ces journées qui sont des moments forts de partage d’informations, de sensibilisation et de plaidoyer sur des questions de population». Mais aussi des moments de réflexion pour apporter des solutions.
Elle a également soutenu que la santé de la reproduction englobe le bien-être général, tant physique, mental que social, relativement à tous les aspects du système reproductif spécifiquement. «Elle renvoie à la santé maternelle, infantile, celle de l’adolescent, l’infécondité, la planification familiale, les cancers génitaux et mammaires, les pratiques néfastes telles que les mutilations génitales et les mariages d’enfants, la prise en charge de la santé de la reproduction des hommes et des personnes âgées, et les maladies sexuellement transmissibles.
Ce caractère multidimensionnel de la santé de la reproduction montre toute l’importance qu’il faudra accorder à sa prise en charge adéquate pour améliorer substantiellement la santé des populations», souligne l’adjointe au Gouverneur de la région de Thiès.
Taux de mortalité maternelle et juvénile
Elle a aussi magnifié les outils mis en place par le Sénégal pour obtenir des résultats satisfaisants. «Il y a le Plan national de développement sanitaire et social, le Plan stratégique intégré (Srmania), le dossier d’investissement pour l’amélioration de la santé maternelle et infantile, et un plan d’urgence de la santé de la mère et du nouveau-né ont été élaborés et mis en œuvre. Cette volonté politique est également réaffirmé par l’Etat du Sénégal qui a aspire à mettre en place un système de santé et de protection sociale mieux organisé, doté de ressources humaines de qualité et d’infrastructures aux normes, avec un bon maillage territorial. Faire en sorte que tout Sénégalais, où qu’il se trouve, puisse bénéficier de soins de santé de qualité et à un prix abordable et adapté. Ces acquis traduisent la matérialisation de l’engagement du Sénégal au plan international», dit-elle. Elle poursuit : «les données de l’Ansd font état des progrès réalisés par le Sénégal en matière de santé de la reproduction. A ce titre, il y a la réduction de la mortalité maternelle de 410 à 236 décès pour 100 mille naissances vivantes entre 1992 et 2017. Aussi, l’Eds 2023 a estimé cet indicateur à 153 décès pour 100 000 naissances vivantes. Les progrès enregistrés en matière de contraception avec un taux de prévalence contraceptive passant de 10% en 2005 à 25, 6% en 2023, soit une hausse de 15, 6%. La réduction des besoins non satisfaits en planification familiale a connu également des résultats satisfaisants sur la période 2005-2023, passant de 32% à 19%, même si l’objectif de 10% en 2020 n’a pas été atteint», détaille Tening Faye.
Toutefois, elle attire l’attention des acteurs sur ces résultats obtenus, qui ne doivent pas occulter les nombreuses difficultés auxquelles le secteur de la santé de la reproduction s’est heurté. Or, les défis sont là : «La faiblesse du taux de disponibilité des soins obstétricaux et néonataux d’urgence fonctionnelle qui reste encore à un niveau très bas apprécié à 19%. La faiblesse du suivi sanitaire des grossesses, ainsi que la précarité de la santé de la reproduction des adolescents qui constituent une catégorie de population vulnérable généralement moins informée. Ils ont droit à l’information pour tout ce qui concerne leur santé de la reproduction.»
Face à ces difficultés, elle rassure : «L’Etat du Sénégal a pris des mesures et engagements d’ordres politique, programmatique et financier en vue d’améliorer la santé de la reproduction des populations. Parmi ceux-ci, l’augmentation de la prévalence contraceptive de 25% en 2021 à 46% en 2026 chez les femmes en union, l’amélioration du cadre réglementaire en signant le décret d’application de la loi sur la santé de la reproduction d’ici 2026.»
abciss@lequotidien.sn