Si Ousmane Sonko tarde encore à jouir de la décision rendue en sa faveur par le juge d’instance de Ziguinchor, Mamadou Lamine Diallo impute la responsabilité à la ministre de la Justice. «C’est la ministre de la Justice qui devrait écrire, sur la base de cette décision de Justice, au ministre de l’In­térieur, pour lui dire qu’il faut remettre Ousmane Sonko sur les listes électorales. Mais, elle ne l’a pas fait. Et elle ne le fera pas aussi facilement»,  a dit le leader du mouvement Tekki, qui était hier l’invité des «Jeudis citoyens» organisés par Présence Chrétienne.

D’après M. Diallo, «les avocats de Sonko le savent». Et c’est pourquoi ils sont allés directement à la Dge. «La Dge dit qu’il faut qu’on inscrive Ousmane Sonko sur les listes électorales. Ce n’est pas de mon ressort, c’est du ressort en réalité de la ministre de la Justice, qui doit écrire au ministre de l’Intérieur, qui  doit donner des instructions», a-t-il rappelé. Avant de souligner que ce problème est fondamentalement politique.

A l’en croire, ils veulent tout simplement priver le leader de l’ex-parti Pastef de participer à l’élection présidentielle. «Ils veulent écarter Sonko de la Présidentielle», a martelé Mamadou Lamine Diallo. «Pour­tant, ils s’étaient engagés depuis 2019 pour  la démocratie sénégalaise, pour une élection présidentielle inclusive. Mais, des plans sont ourdis par la Coalition Benno bokk yaakaar, avec à sa tête Macky Sall, pour l’écarter», ajoute-t-il.

«Je dois avouer et dire ici, le dernier dialogue de Macky Sall, il voulait créer un consensus, un accord entre les participants pour empêcher Ousmane Sonko d’aller à l’élection présidentielle. Je l’ai dit et je l’ai écrit. Et c’est ce qui s’est passé. Personne ne peut me contredire par rapport à ça. Nous ne sommes pas rentrés dans cette mascarade-là», a déclaré le candidat Diallo en soutenant que Ousmane Sonko doit participer à l’élection présidentielle. Pour le candidat à l’élection présidentielle, «ce qui aujourd’hui est une affaire de Droit mais également mêlé de politique puisque de toute façon Benno bokk yaakaar veut à tout prix écarter Ousmane Sonko de l’élection présidentielle 2024».

Invité des «Jeudis Citoyens», Mamadou Lamine Diallo a décliné son programme pour le Sénégal, qui repose sur trois piliers.

«Le premier pilier, c’est restaurer les valeurs du Sénégal (le courage patriotique, le respect de la parole donnée, de l’éthique de la discussion, de la consultation). Le pilier 2 porte sur la réconciliation avec les institutions et le pilier 3 porte sur les réformes économiques pour engager sérieusement avec courage l’industrialisation du Sénégal. Amener des usines dans le cadre des pôles régionaux de développement, des filières industrialisantes ou créer des centaines de milliers d’emplois dont les jeunes ont besoin dans le pays», a-t-il listé.

Le leader du mouvement Tekki compte aussi, une fois à la tête de ce pays, apporter des réformes dans beaucoup de secteurs, notamment celui du foncier, en créant un ministère chargé du domaine.

«La question foncière est fondamentale. Elle a explosé l’année dernière à Bambilor, à Ndinguéler. Partout dans le pays, il y a ce problème. Il faut attaquer  la question foncière. Pour des usines, il faut du foncier, pour les écoles, il faut du foncier, les universités… S’il est accaparé par des milliardaires, il va falloir attaquer ce problème. Nous proposons de créer un ministère chargé des Domaines, séparer les Impôts et les domaines, vu les dégâts causés par Amadou Ba. La loi foncière, qui a été votée en 2011 et en 2017, il faudra carrément réformer  et engager la bataille foncière dans le Domaine pour avoir l’équité, la justice et l’équilibre territorial, et engager les pôles régionaux de développement», promet Mamadou Lamine Diallo.

Les autres réformes, ajoute-t-il, vont porter sur les secteurs de l’éducation et de la pêche, avec la révision des accords de pêche, qui pillent nos ressources  halieutiques.

Dans sa volonté de faire du Sénégal une étoile démocratique en Afrique de l’Ouest,  Mamadou Lamine Diallo  propose de réduire les pouvoirs du président de la République et revoir la notion de haute trahison. «On doit donner un contenu très précis à la notion de haute trahison. On va donner les précisions des lois pour expliquer ce qu’est la haute trahison. Je suis prêt à me l’appliquer moi-même.» Dans le même sillage, il promet aussi d’encadrer les pouvoirs du président de la République en matière de gouvernance de ressources minières, forestières et naturelles. «Nous devons faire intervenir sur ce point les populations locales, l’Assem­blée nationale», préconise-t-il, en manifestant aussi  sa volonté de réformer le Conseil supérieur de la magistrature. Il veut aussi que le chef de l’Etat soit justiciable. «Le président de la République doit être traduit devant la Justice, si on considère qu’il a violé la Cons­titution ou les lois de la République, en particulier les lois contenues dans la notion de haute trahison. C’est l’engagement que je prends, et c’est indispensable pour le Sénégal. On ne peut pas le  négocier, si demain on veut avoir un Sénégal de paix, de stabilité et pour les jeunes. Un Sénégal où les Sénégalais seront réconciliés avec leur Constitution, où les jeunes vont vouloir vivre ici et construire leur pays pour la grandeur et la gloire du Sénégal», a-t-il précisé. Car «le président de la République n’est pas au-dessus des lois, ni de la Constitution qu’il peut manipuler comme il veut et partir», a indiqué Mamadou Lamine Diallo.
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