Mamadou Niang, Babacar Kanté, Alioune Sall et Mazide Ndiaye pour la commission cellulaire : Le quarté du dialogue politique

C’est une armée de compétences qui est envoyée au front pour ramener la paix dans cette guerre des positions entre les acteurs politiques. A la tête de cette troupe de 4 «soldats», il y a le Général Mamadou Niang, qui sera assisté par deux universitaires, en l’occurrence les professeurs Babacar Kanté et Alioune Sall, mais aussi Mazide Ndiaye, un membre éminent de la Société civile. Ils seront installés aujourd’hui par le ministre de l’Intérieur.
Le Général Niang : Retour à la matière électorale
Son titre sonne encore militaire, mais le Général Mamadou Niang n’aura pas le ton martial. Il est aussi armé de tact et du don d’aplanir les divergences. Ce n’est pas pour rien que Abdou Diouf lui a confié de 1991 à 1992 la présidence de la Commission nationale de gestion de la paix en Casamance. Il était aux côtés de Famara Ibrahima Sagna le 28 mai dernier, mais personne n’avait eu l’intuition ou la curiosité de ce «hasard» de la proximité entre les deux hommes, comme un tandem devant conduire les deux dialogues. Et ils ont quand même d’autres choses en commun : l’âge. Sagna et Niang sont tous les deux nés en 1938. Tous deux ont été ministre de l’Intérieur. Destin commun ! Et donc, c’est un ancien organisateur des élections qui a repris la Place Washington des mains d’un autre général, Lamine Cissé, décédé il y a quelques semaines. Mais auparavant, alors que le Sénégal s’acheminait vers un rendez-vous aussi crucial que celui de la Présidentielle de 2000, il fallait rassurer d’abord les acteurs sur le processus des Législatives de 1998. C’est encore lui qui a été à la tête de l’Observatoire national des élections (Onel), future Commission électorale nationale autonome (Cena).
Pr Alioune Sall,
membre de la Mission européenne sur l’audit du fichier en 2010
Il n’a pas poursuivi une carrière militaire. Mais c’est un enfant de troupe qui a passé ses études secondaires au Prytanée militaire de Saint-Louis. Cette rigueur a sans doute était déterminante dans la suite de la carrière de Alioune Sall. Le Cv de ce Professeur titulaire des Universités est impressionnant. «Major au baccalauréat, au concours d’agrégation de droit public et science politique, au concours d’entrée au barreau du Sénégal, au recrutement comme juge à la Cour de justice de la Cedeao…» Son mandat à la juridiction communautaire a pris fin il y a quelques mois. Le droit communautaire et international, c’est son dada. Que d’ouvrages dans ces domaines pour ce licencié en lettres ! Avocat-conseiller devant la Cour internationale de Justice de la Haye, devant la Cour de Justice de l’Uemoa, devant la Cour de Justice de la Cedeao, Alioune Sall connaît aussi la matière électorale. En 2010, cet avocat était membre de la Mission exploratoire de l’Union européenne chargée de proposer une démarche et des termes de référence sur l’audit du fichier électoral. Ce sont justement ces Tdr qui sont aujourd’hui à l’ordre du jour et que cette Commission cellulaire du dialogue politique va examiner avec les différents pôles. Il faut souligner d’ailleurs qu’il était, avec le professeur Babacar Kanté, les deux noms cochés par les non-alignés pour diriger le dialogue politique.
Babacar pour aider à «dé-Kanté» la situation
Si les non-alignés et le Frn l’ont choisi, c’est parce que Babacar peut aider à «dé-Kanté» cette situation de crise de confiance autour des questions électorales. C’est un autre universitaire, connu pour son goût prononcé pour le droit en général. On dirait des destins croisés entre le quarté du dialogue version politique. Comme le Gl Niang, Pr Kanté a été membre de l’Observatoire national des élections du Sénégal (Onel) de 1998 à 1999. Et déjà de 1997 à 1998, il a été membre de la Commission cellulaire de concertation des partis politiques du Sénégal. C’est donc un homme des élections, du droit administratif et constitutionnel. Si bien qu’il a mérité l’hommage de ses collègues et anciens étudiants dans Mélanges en l’honneur de Babacar Kanté, ouvrage dirigé par les titulaires des universités, Ismaïla Madior Fall et Alioune Sall, et édité par L’Harmattan Sénégal. Babacar Kanté, c’est la matière constitutionnelle dans l’âme qui a fait de lui vice-président du Conseil constitutionnel de 2002 à 2008. Et puisqu’il a eu à animer un séminaire pour le Centre de formation judiciaire sur le contentieux électoral et sur le droit administratif, nul doute qu’il participera à régler et à éviter d’autres contentieux. Certains qualifient ce dialogue d’Assises bis. Eh bien, Babacar Kanté a vécu cette expérience puisqu’il représentait Gorée Institute. Quel autre hasard ! C’est aussi le Pr Babacar Kanté qui a préfacé le livre du Général Niang, Mémoires synchrones du fleuve de mon destin, paru à l’Harmattan Sénégal en 2012.
Mazide Ndiaye, l’expert électoral
Lui aussi a été aux côtés de l’équipe de Amadou Makhtar Mbow au nom du Réseau africain pour le développement intégré (Radi), son Ong. Quand on parle la langue du processus électoral et de la médiation, on pense souvent à lui. Voilà pourquoi son nom est souvent revenu dans les propositions des différents pôles à la quête d’une personnalité indépendante. En 2012, alors que la 3ème candidature de Abdoulaye Wade avait divisé le pays et instauré la violence, Mazide Ndiaye est mandaté à l’unanimité pour diriger le Comité de veille et de suivi du processus électoral. En novembre 2017, alors que l’on sortait de Législatives mal organisées, le président de la Plateforme des acteurs de la Société civile pour la transparence des élections (Pacte) se joint au président du Collectif des organisations de la Société civile pour les élections (Cosce), Babacar Guèye, pour renouer le fil du dialogue entre majorité et opposition. Et puisque le parrainage est l’un des points cruciaux de ce dialogue, Mazide Ndiaye aura l’avantage de proposer une meilleure formule. En effet, l’expert électoral faisait partie des 7 observateurs de la Société civile invités par le Conseil constitutionnel pour assister au contrôle des parrainages des candidats à la Présidentielle du 24 février 2019 dernier.
hamath@lequotidien.sn