MANIF’ – Désaffectation «illégale» de parcelles par la mairie de ville et les Domaines : Le Collectif des désaffectés de Thiès demande l’application de l’arrêt de la Cour suprême

C’est un véritable cri de détresse qu’a lancé le Collectif des désaffectés de Thiès, spoliés, dit-il, de «nos terrains acquis légalement, par la mairie de Thiès et le service des Domaines». Et de souligner : «Depuis quatre ans, nous sommes victimes d’une grave injustice liée au foncier, face à laquelle nous sommes toujours restés impuissants. En effet, en 2020, nos parcelles à usage d’habitation situées dans la ville de Thiès, légalement acquises, ont été illégalement désaffectées sous prétexte de non-mise en valeur en dehors de toute cause d’utilité publique. Or, aucune désaffectation régulière de terrain ne peut se faire sans mise en demeure préalable, ce qui n’a jamais été fait.»Par Cheikh CAMARA –
Le Collectif des désaffectés de Thiès a tenu hier un point de presse pour demander la restitution de leurs terrains. Ces «opprimés», qui disent être au regret de signaler que «tous nos recours devant les autorités municipales et administratives sont restés sans suite», réitèrent leur volonté de récupérer leurs parcelles. Ils rappellent avoir été «injustement dépossédés» de leurs terrains et espèrent l’intervention du chef de l’Etat et de son Premier ministre, pour «mettre fin à l’illégalité, l’injustice, et nous rétablir dans nos droits». Ce, d’autant qu’un arrêt de la Cour suprême, rendu à son audience du 14 mars 2024, avait annulé la décision de «désaffectation illégale, opérée par la mairie de ville et le service des Domaines».
Baba Sène, porte-parole dudit collectif, rappelant les faits, précise : «en 2019, nos parcelles d’habitation, acquises légalement, ont été désaffectées, sans mise en demeure préalable, et en dehors de toute cause d’utilité publique» ; «au vu et au su de tout le monde, ces parcelles ont été réaffectées, pour la plupart à des personnalités non nécessiteuses» ; «plusieurs démarches individuelles et collectives ont été menées par nous, victimes, pendant plusieurs mois, auprès du service des Domaines, des maires, du Préfet, du procureur de la République de l’époque, entre autres personnalités, sans succès». Aussi de poursuivre : «en plein Covid-19, nous avons mis en place notre collectif ci-dessus nommé, et pendant quatre (4) ans, nous avons effectué toutes les démarches possibles, auprès des autorités compétentes de l’époque (administration locale, collectivités impliquées et leaders d’opinion…), sans succès» ; «en mai 2021, le collectif commet le cabinet d’avocats (Etudes de Maîtres Amadou Sonko et Ibrahima Baïdy Niane) pour porter l’affaire devant la Justice» ; «le 3 mai 2024, le collectif adresse une première lettre au président de la République pour solliciter son intervention» ; «la Chambre administrative de la Cour suprême, par sa décision du 14 mars 2024, annule la décision de désaffectation de nos terrains».
«En novembre 2024, une signification de l’arrêt de la Cour suprême a été effectuée, par voie d’huissier, auprès de toutes les structures impliquées et/ou compétentes (administration, collectivité) de la commune de Thiès», rappellent Baba Sène et ses camarades. Qui font constater : «le 29 novembre 2024, une lettre de réclamation est adressée au chef du Bureau des Domaines de Thiès, pour être rétablis dans nos droits, sans succès» ; «le 5 janvier 2025, le collectif a adressé une deuxième lettre à son Excellence le président de la République, l’informant de la non-application de l’arrêt pris par la Cour suprême. Sans réponse» ; «le 18 mars 2025, une demande d’audience est adressée à M. Ousmane Sonko, Premier ministre du Sénégal. Demande restée sans suite».
«A nos jours, nous rencontrons encore des difficultés dans l’exécution de l’arrêt de la Cour suprême (une décision judiciaire définitive), malgré sa réception par tous les services compétents», s’offusquent les membres du Collectif des désaffectés de Thiès, qui disent avoir toujours voulu, malgré «l’injustice subie», être des citoyens modèles, en respectant toutes les procédures (administrative et judiciaire) que leur offre la loi de leur pays. Ils rappellent que «parmi nous, figurent des veufs et des orphelins, à qui leurs ascendants n’ont laissé, comme héritage, que ces parcelles de terrain». Aussi de solliciter l’aide du président de la République, du Premier ministre, des hautes autorités du pays, pour «une application diligente et effective de l’arrêt de la Cour suprême».
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