C’est sans doute l’une des rares fois que des manifestants accèdent aux grilles du Palais présidentiel. Guy Marius Sagna l’a fait hier avant d’être arrêté en même temps que d’autres.

Guy Marius Sagna entre au Palais. Et de quelle manière ! L’activiste a réussi à non seulement braver l’interdiction du préfet, mais à se frayer un chemin long de quelques centaines de mètres pour se retrouver devant les grilles du Palais. Son physique et l’apport de ses camarades de Frapp et d’autres membres de Aar li ñu bokk ont pris le dessus sur les petit nombre de Forces de l’ordre. Des policiers qui le poursuivent de toute leur énergie, sans lui mettre la main dessus. Sa colère rouge se heurtera à un garde rouge qui en perd son bonnet. Un spectacle assuré pour les journalistes qui, à leur tour, prendront quelques coups des Forces de l’ordre dans une atmosphère asphyxiante de bombes lacrymogènes. Mais aussi dans une ambiance électrique au rythme de «L’électricité est chère», «Nous ne l’accepterons pas !» Parce que cette manifestation contre l’augmentation du coût de l’électricité jusqu’au Palais était annoncée depuis mercredi dernier. Et hier, les Forces démocratiques du Sénégal (Fds), les Gilets rouges, Sénégal notre priorité (Snp), Nittu dëgg valeurs et Frapp/France dégage l’ont fait. L’activiste est alors immédiatement confiné à la cabine de la petite porte du Palais. Il ne découvrira pas plus que cela. D’autres manifestants, comme Babacar Diop de Fds, ont aussi été arrêtés et conduits au commissariat du Plateau.

La défiance de «l’arrêté Ousmane Ngom»
Guy Marius Sagna et Cie ont quand même réussi leur coup puisque depuis l’entrée en vigueur de «l’arrêté Ousmane Ngom» en 2011, rares sont ceux qui ont eu à approcher la Place de l’Indépendance, a fortiori le Palais présidentiel. C’est sans doute à la suite d’une stratégie savamment mûrie et exécutée que cette minuscule manifestation a eu un majuscule écho qui a dépassé les Forces de l’ordre à bout de nerfs. En effet, il semblerait que Guy Marius Sagna et Cie avaient dans leur déclaration indiqué l’itinéraire Place de la Nation (ex-Obélisque)-Rts. Ce qui expliquerait d’ailleurs un déploiement des Forces de l’ordre sur cet axe. Seulement, les médias avaient informé que cette manifestation a été interdite par le préfet de Dakar au dernier moment. Mais les manifestants tenaient tout de même à braver cette interdiction. Ainsi, l’équipe de Guy Marius s’est faufilée entre les hordes de véhicules sur l’avenue Léopold Sédar Senghor et était attendue par d’autres en face du Palais. La finalité, confient certains d’être eux, «c’était de se constituer en une foule compacte devant le Palais pour se faire entendre». Pour se faire voir aussi par le monde entier. Objectif atteint. Alors, quel sort sera réservé à ceux-là qui ont défié l’autorité ? L’on a l’habitude de voir les manifestants libérés tard dans la soirée ou au petit matin. Mais cette fois-ci, ça pourrait être autrement pour ces membres de Aar li ñu bokk.
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