La présidente de section, Mame Sokhna Gaye, née dans une famille socialiste avec un père, une mère et une sœur socialistes, remonte plus loin. Pour elle, le militantisme à Grand-Yoff date de l’époque des anciens Socialistes. Elle cite Moussa Diouf, Diakali Bakhayoko, Assane Diagne, «Père Badiane» et même le père de Khalifa Sall. «C’était vers les années 1972-1973», précise la dame qui dit avoir grandi avec Khalifa Sall. «Nous étions des enfants et nous étions chargés de faire les courses à la permanence du parti, ici à Grand-Yoff. Et c’est comme cela que j’ai attrapé le virus de la politique», confesse-t-elle. A cette époque, l’actuel maire de Dakar dirigeait la Jeunesse socialiste de la 4ème coordination qui regroupait Grand-Yoff, Ngor, Yoff, Ouakam et Cambérène. A sa suite, feu Pape Babacar Mbaye avait pris la relève. Deux hommes qui ont largement participé à la formation des jeunes militants, se souvient encore Ndèye Thioro Niang. Aminata Diallo, chef de cabinet de Khalifa Sall, fait partie des pionniers qui ont reçu cette formation. «On a grandi dans le Ps, on a fait du développement puis de l’éducation populaire avant de militer dans le parti. Nous avons reçu une certaine formation et acquis des valeurs socio-démocrates avant même l’âge requis (18 ans) pour acheter une carte du Parti socialiste», raconte le député. Mais pour Mame Sokhna Gaye, Khalifa Sall a trouvé l’Ecole du parti à Grand-Yoff. «Des anciens de l’Ecole du parti tenaient des réunions à Djeddah. Et quand on dit l’Ecole du parti, c’est Djeddah puisque tous les leaders sont passés par ici», raconte la présidente de la 3ème section de Djeddah 2. Ndèye Doynekh Diouf est la veuve de Pape Babacar Mbaye. Elle témoigne : «On avait reçu de l’Ecole du parti une formation extraordinaire. Et on ne demandait rien au parti. On se mettait en valeur par le combat qu’on menait sur ce terrain.» Mme Mbaye se souvient de cette période faste de son parti. «On allait dans les coins les plus reculés du pays. On faisait une semaine pour expliquer aux gens comment s’inscrire, comment voter et les détails du programme de notre parti», renseigne-t-elle nostalgique.
Transmission… père ou mère-enfant
Mieux, sa maman est une grande responsable du parti. Des exemples comme ça on peut les multiplier. Presque toutes les femmes responsables Ps à Grand-Yoff approchées confirment ce fait. Elles disent être nées et avoir grandi dans des familles politiques où le père, la mère et même les grands-parents sont des Socialistes. Résultat : les enfants des leaders actuels empruntent le même chemin. C’est le cas de Ndèye Doynékh Diouf, la veuve de Pape Babacar Mbaye, et présidente de la Commission électorale de Fass-Gueule Tapée-Colobane. Tous ses enfants militent au Parti socialiste aux côtés de Khalifa Sall, un ami de leur défunt père. «Mes enfants sont sur le terrain de la politique, même quand ils étaient plus jeunes. Le plus jeune, Abdou Diouf, jouait à la Maison du Parti socialiste et participait aux réunions des pionniers», révèle-t-elle. Quant au plus grand, Léopold Sédar Mbaye qui porte le nom de Senghor, raconte-t-elle, «il est retourné dans sa base naturelle à Grand-Yoff. Et c’est avec beaucoup de plaisir que je le vois militer dans cette commune», se réjouit Mme Mbaye.
Ailleurs, cette transmission peut aussi être familiale. Plus loin, aux Hlm Patte d’Oie, on retrouve Awa Diaw, présidente de la première section. Cette femme a la politique dans le sang. Issue d’une famille politique, elle est la petite-fille de l’ex-Président du Sénégal, Abdou Diouf. Sa maman est une responsable politique à Grand-Yoff. En plus, son mari est le président de la commission électorale de Grand Yoff. Awa Diaw, en militante engagée, organise les mêmes activités que ses camarades dans sa section à la Patte d’Oie. «Nous ne dormons plus. L’emprisonnement de Khalifa Sall nous a dopées. Tous les jours que Dieu fait, nous travaillons pour le soutenir. Nous ne cachons pas notre ambition, nous voulons le porter à la tête du pays», fait savoir la politicienne confiante. Aminata Diallo indique que cet engagement politique constaté actuellement est lié à l’emprisonnement de Khalifa Sall. «Le maire de Dakar est un fils de Grand Yoff. Il est né et a grandi ici. Son père a milité à Grand-Yoff pour le compte du Ps. En plus, toutes ces souteneuses sont soit des amies de la famille de Khalifa, ses voisines de longue date ou de simples connaissances», souligne la députée.
Ce sera encore, sans doute, les mêmes stratégies, les mêmes discours pour une Présidentielle de 2019 à laquelle les femmes socialistes de Grand-Yoff espèrent encore voir «leur» Khalifa prendre part. Si seulement, il recouvre la liberté entre-temps.