L’opposition avait promis de faire un 23 juin bis ce 19 avril 2018. Hier, la montagne a finalement accouché d’une souris. Aucun manifestant n’a pu accéder aux grilles de l’Assemblée nationale. Le centre-ville a été sous le contrôle des Forces de l’ordre. Plusieurs personnes dont des leaders de l’opposition comme Idrissa Seck, Malick Gakou, Thierno Bocoum et Thierno Alassane Sall ont été interpellées.

L’opposition n’a pas eu le temps de mettre à exécution sa menace d’assiéger les grilles de l’Assemblée nationale. Les Forces de l’ordre ont très tôt pris les devants en bouclant toutes les issues menant à la Place Soweto avec des barrières. Du rond-point Sandaga au boulevard de la République, en passant par les autres grandes artères du centre-ville, le dispositif est resté le même. Armés jusqu’aux dents, les policiers ont fait régner la loi tout au long de la journée. Malgré cette forte présence policière, les jeunes ont créé quelques foyers de tensions. Ils allument le feu et se replient dans les ruelles de la ville. Certains ont été piégés et pris dans le panier à salade pour des destinations inconnues. Ils ne sont pas seuls, car avant eux, le leader de Rewmi a été arrêté par les éléments de la police à hauteur de la poste de Médina. Idrissa Seck a été ensuite conduit au commissariat du 4ème. Les minutes qui ont suivi, la nouvelle de son arrestation a fait le tour de la capitale. Militants et sympathisants rallient la Médina pour exiger la libération «immédiate» de leur leader. Sur place, les hommes de tenue ont usé de grenades lacrymogènes pour disperser la foule. Situé à proximité, l’hôpital Abass Ndao a payé les frais de la bataille rangée entre manifestants et policiers.
Les malades en réanimation, selon Arona Diop, chef de service des soins infirmiers, ont été les victimes. Le service de néonatologie aussi, là où sont internés les nouveau-nés, appelés les prématurés, a été touché. Alors, sous la pression des autorités hospitalières, Idy a été finalement transféré au commissariat du Plateau, mais d’autres étaient là pour haranguer les petits groupes.

Arrestations de Idy, Gakou, Kilifeu…
L’ancien ministre Thierno Alassane Sall, à la tête d’un mouvement, a défié les policiers en accédant au centre-ville. «Nous sommes venus comme promis nous opposer à ce projet liberticide, ‘’démocraticide’’ qui ne vise autre chose qu’à la perpétuation du régime de Macky Sall. Nous pensons que le Sénégal de 2011 ne mérite pas de se retrouver en 2018 dans cette situation. Mettre Dakar en état de siège, c’est tout à fait inadmissible. Nous avons promis de tout faire pour que le Peuple soit debout. Et nous sommes debout, nous resterons debout, advienne que pourra», a-t-il déclaré. Il sera plus tard arrêté avant d’être libéré. Il y a eu aussi le leader du Grand parti, Malick Gakou, Thierno Bocoum (Agir) et Kilifeu de Y’en a marre qui ont été interpellés par les Forces de l’ordre.
Mamadou Ndoye, ex-secrétaire général de la Ligue démocratique (Ld), désormais membre de la Ld-debout, était aussi de la partie. Il a eu plus de chance que les autres opposants. Au rond-point Sangada où il se trouvait, un élément de la police est venu négocier avec lui pour le faire quitter les lieux sans anicroche. Au même moment, le véhicule de la Croix-Rouge procède aux évacuations des personnes asphyxiées par les grenades lacrymogènes. Face à cette tension palpable, les commerçants ont vite baissé rideaux. En revanche, les vitres de la devanture du restaurant L’Elysée, sis au boulevard de la République, ont été touchées. «Il faut poser ça. L’huissier arrive. Je pense qu’il est temps d’apprendre aux policiers comment balancer des grenades lacrymogènes», peste une dame de teint clair à un homme qui avait une bombe lacrymogène usée entre ses mains. Pendant ce temps, une manifestante, la trentaine, était à terre, entourée par la foule. Organisés en secouristes, des hommes tentent de l’aider à retrouver ses esprits. Vers les coups de 14 heures, le calme est revenu. Dans l’après-midi, rien de grave n’a été signalé, mais policiers et gendarmes sont restés toujours sur leur garde. Devant l’Assemblée, le sous-préfet de Dakar-Plateau, Djiby Diallo, ne cessait de communiquer au téléphone.
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