Le Collectif des féministes du Sénégal dit en avoir plus que marre des nombreux cas de féminicide ces derniers temps au Sénégal, tout en annonçant un grand rassemblement le 19 novembre prochain à la Place de l’Obélisque, après le sit-in tenu samedi après-midi à la Place du Souvenir.Par Amadou MBODJI
– La colère ne retombe pas. Dénonçant les nombreux féminicides, le Collectif des féministes du Sénégal a tenu samedi, un sit-in à la Place du Souvenir pour condamner ces «barbaries» dont est victime la gent féminine ces derniers temps à travers le pays. Les messages noircissant les pancartes sont éloquents : «Il n’est pas trop tard pour sanctionner la barbarie», «On en a marre qu’on nous tue comme ça», «La seule chose à briser, c’est le silence»… S’il y avait du monde à la Place du Souvenir africain, le Collectif des féministes du Sénégal compte remettre ça le 19 novembre prochain. Il va organiser un autre grand rassemblement à la Place de l’Obélisque pour que «cesse le traitement inhumain» réservé aux femmes. «On est fatiguées, on est exténuées, on a des enfants, on a des maris, on a des frères, on a des pères, des mères qui nous attendent tous les soirs et qui sont tout le temps stressés à l’idée qu’il nous arrive quelque chose dans la rue», soutient Mamyto Nakamura, journaliste et membre du Collectif des féministes du Sénégal. Elle ajoute : «On en a plus que marre. On est en train de discuter avec tout le monde pour pouvoir faire quelque chose.»
«C’est comme si on était en guerre contre les femmes»
Pour les femmes, ce sit-in tenu ce samedi est un rappel à l’ordre des autorités et des populations. «Ce sit-in d’une heure de temps, c’est pour interpeller autorités, populations sur ce qui se passe dans ce pays, c’est-à-dire toutes ces femmes qui sont tuées depuis longtemps, depuis des mois, depuis des années. Le mois d’octobre devait être un mois de plaidoyer, de repos, un mois d’Octobre rose pour pouvoir apaiser les femmes qui sont malades du cancer, mais c’est un mois d’octobre très sombre», note le collectif dans sa déclaration. Pour ses membres, il faut interpeller les autorités «parce qu’on n’a pas le pouvoir de décider ou de mettre les choses en place». «Ce qu’on peut faire, c’est de crier notre ras-le-bol, d’interpeller les autorités sur ce qui se passe, on ne peut accepter que des femmes soient tuées tous les jours et que personne ne pipe mot. Tout ce qu’on peut faire, c’est dénoncer, dire basta ! Si ça continue comme ça, on risque d’exterminer la gent féminine», s’indigne le collectif.
Ce samedi, le collectif a partagé des chiffres qui font froid dans le dos par rapport aux cas de féminicide notés au Sénégal de janvier à octobre 2022. «Le Collectif Dafa Dooy tient une revue de presse quotidienne comme ce qui se passe comme cas de violence dans ce pays. Il nous a révélé qu’entre janvier et octobre 2022, au minimum 25 femmes ont été tuées dans le pays. Et rien qu’au mois d’octobre 2022, on parle au minimum de cinq à sept femmes tuées en un seul mois. Peut-être qu’on a des cas dont on n’a pas eu l’information. Même une femme tuée par année, c’est trop ! Donc parlant 30, 40, 50 femmes tuées dans ce pays, on n’est pas en guerre. C’est comme si on était en guerre, une guerre contre les femmes», avance Mamyto Nakamura.
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