MANIFESTATION – Incendie au champ gazier exploité par Fortesa : Les populations explosent de colère
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Les populations de Ngadiaga, commune de Notto Gouye Diama, ont dénoncé ce samedi l’insécurité dans laquelle elles se trouvent à la suite d’un incendie provoqué par l’explosion d’un puits de gaz appartenant à Fortesa. Elles alertent sur l’implantation dans «l’insécurité totale de 11 puits de gaz» dans leur localité. Aussi, elles se sont offusquées du mutisme des autorités face à cette situation explosive qui a déjà fait un blessé, évacué à l’hôpital Principal de Dakar.
Sans jouer aux cassandres, les populations étaient sûres de la survenue d’une catastrophe. Finalement, ce que craignaient les habitants de Ngadiaga, de Notto Gouye Diama depuis plusieurs années est arrivé. Un puits de gaz de la société de gaz naturel (Fortesa), une usine spécialisée dans la transformation du gaz en électricité au Sénégal, a explosé et fait un blessé, admis à l’hôpital Principal de Dakar. C’était inéluctable !
Ce drame a mis dans tous ses états la population de Ngadiaga. A l’origine de ce géant incendie survenu ce samedi 19 décembre 2020, vers 9h, une poussée subite de gaz qui a fait entrer le puits en éruption. Et l’irréparable s’est produit quand des étincelles venant probablement des moteurs et autres machines à proximité ont jailli pour aller enflammer le puits. Explosif ! Manifestant leur colère, les populations ont dénoncé le mutisme des autorités face à cette situation qu’elles dénoncent depuis l’installation de l’usine dans leur localité en 2001. Massamba Gadiaga, pense que «cette tragédie met à nu le dénuement qui caractérise leur localité». Il décrit la situation de dénuement dans laquelle se trouvent ces patelins : «A Ngadiaga tout est priorité. Il y a une absence totale d’infrastructures de base. Il n’y a pas ni poste ni case de santé. Rien. Alors que nous sommes ceinturés par des tuyaux des puits de gaz. 11 puits de gaz au total. Et s’ils prenaient feu, tout le village serait rasé. Nous sommes dans l’insécurité totale à Ngadiaga», se lamente le porte-parole des jeunes du village qui s’émeut davantage : «Si on vous disait qu’ici on produit du Gaz, allez-vous le croire», s’interroge Massamba Gadiaga. Il poursuit en décrivant le désert infrastructurel qui entoure la zone : «Il n’y a pas de Brigade de sapeurs-pompiers. Il y a une absence totale de structure d’assistance alors que nous sommes dans une zone d’insécurité. Les populations sont laissées à elles-mêmes. Et nous avons le sentiment d’être des populations de seconde zone.»
Passablement agacé, M. Gadiaga interpelle le gouvernement et plus particulièrement le Président Sall pour qu’il leur vienne en aide. Surtout qu’il «résidait à Ngadiaga où il a fait ses premiers expériences quand il travaillait à Petrosen». Aussi les populations, en plus «de supporter la pollution gazeuse et sonore» de la société Fortesa, sont hantées «par la peur». Les femmes, à l’instar de Fatou Diop, ne cachent pas leur inquiétude : «Dès que nous sommes enceintes, nous vivons entre peur et fatigue parce que n’ayant pas de structure sanitaire pour nous prendre en charge. Ce sont les charrettes qui nous emmènent à Notto Gouye Diama lors des accouchements.» Alors que, fustige-t-elle, «la société ravitaille la Sococim avec 24 groupes électrogènes, et fait un chiffre d’affaires très élevé. La vente du gaz est estimée à 65 millions par jour. Elle devait donc, dans le cadre de la Responsabilité sociétale d’entreprise (Rse), nous fournir une structure sanitaire digne de ce nom». L’édile de Notto Gouye Diama, Maguèye Ndiaye, lui, ne dit pas le contraire. Il a demandé au Président Macky Sall «de convier les responsables de Fortesa et de Petrosen pour régler les problèmes de Ngadiaga. Parce que depuis des années, nous alertons à travers des marches et autres manifestations sur les opérations de l’usine de gaz qui n’a jamais pris les dispositions nécessaires pour mettre les populations en sécurité. Mais rien». En réponse à la colère des populations, le ministre du Pétrole et des énergies, en visite à Fortesa, promet de les recevoir «pour discuter de la responsabilité sociétale». «Le Président va plus loin, car il parle de contenu local qui va donner un pouvoir économique aux populations», promet Mme Sophie Gladima Siby. Aussi, elle rassure : «Le Président sait la peur qu’elles ont eue. Mais qu’elles soient soulagées, nous sommes en train de trouver des solutions pour éteindre le feu.»