MANIFESTATION – Indemnisation dérisoire, recrutement de la main-d’œuvre locale : Les populations dans le parc de la centrale éolienne de Taïba Ndiaye
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On se croirait déjà en pleine campagne électorale. Certes la page des élections n’est pas encore ouverte, mais certains semblent carrément verser dans le tapage. En atteste la journée de mobilisation, aux allures d’un meeting, organisée ce dimanche par les populations de Taïba Ndiaye pour dénoncer l’escroquerie foncière leur opposant au parc éolien en construction dans leur commune. Les contestataires ont également dénoncé le non-recrutement de la main-d’œuvre locale avant de solliciter le soutien de l’Etat.
Un vent de rébellion souffle sur la commune de Taïba Ndiaye suite au démarrage des travaux du plus grand parc éolien de toute l’Afrique de l’Ouest. Les populations de cette commune, au cours d’une marche organisée hier dans les rues de Taïba Ndiaye, ont déversé leur bile et hurlé leur désespoir face aux lourdes menaces qui pèsent sur leur activité agricole du fait de la construction de cette centrale éolienne. «411 paysans ont été touchés par le projet, cela veut dire 411 ménages. Et cela, sans compter le nombre de personnes qui comptent pour ces ménages», se désole le président du mouvement Takhawou Taïba Ndiaye, Amar Samb, qui dénonce surtout «les indemnisations dérisoires» que les agriculteurs ont reçues pour céder leurs terres. En effet, explique l’ingénieur en génie civile et technologie, «les responsables du parc éolien de Taïba Ndiaye sont venus dans la commune et nous les avons accueillis à bras ouverts, mais nous avons constaté, en complicité avec l’autorité locale, qu’ils sont en train de dilapider nos terres. Et lorsque ce problème s’est posé, nous, membres du mouvement Takhawou Taïba, avons rencontré des responsables du parc éolien pour fustiger les indemnisations dérisoires». Il enrage : «Certains propriétaires terriens ont été indemnisés à hauteur de 105 F Cfa le mètre carré.» L’autre grief des populations au cours de cette manifestation de colère est le «non-recrutement» de la main-d’œuvre locale : «Aucun habitant de Taïba Ndiaye n’a été pris dans les recrutements de personnels qualifiés.» Amar Samb s’étrangle : «Taïba Ndiaye est l’une des communes qui a plus de cadres au Sénégal. C’est pour ne pas donner raison aux entreprises locales qui disent souvent que les populations de leur zone d’implantation n’ont pas le profil qu’elles cherchent. C’est pourquoi nous avons ici des ingénieurs, des docteurs, des techniciens, des maintenanciers… il y a tous les profils de l’emploi.» Pendant ce temps, regrette le président du mouvement Takhawou Taïba, le maire de la commune, Alé Lô, «déclare dans les médias que presque chaque année, 300 jeunes sont mis au service dans les entreprises de la commune, particulièrement au niveau du parc éolien de Taïba Ndiaye. Lequel, dit le maire, est en train de mener des actions sur la gestion des impenses». «C’est faux», crache M. Samb qui renseigne qu’«aucun projet concernant le travail des jeunes n’a commencé venant du parc éolien de Taïba Ndiaye». Laquelle entreprise «a été alerté, mais elle nous a dit, non seulement le recrutement est géré par un cabinet, mais qu’une bonne partie de ce recrutement est déjà achevé. Ce qui ne nous rassure guère. C’est pourquoi nous avons organisé cette marche pour alerter l’opinion nationale. Parce que nous allons combattre cette injustice. Et cela n’est que le début du commencement», menacent les militants de Takhawou Taïba, qui signalent avoir sollicité la publication «de la convention liant l’entreprise et l’autorité locale, mais jusque-là nous n’avons eu aucune réponse positive». Alors que «le maire, dans les ondes d’une radio de la place, a dit que dans la convention, il est stipulé que la commune va recevoir 500 millions de F Cfa. Une information qui a été démentie par les responsables du parc éolien qui nous ont fait savoir qu’une somme de 700 millions de F Cfa sera investie chaque année concernant les impenses». Une question : «Où sont les 200 millions de F Cfa restants ?» Interpellées sur ces griefs, les autorités locales de la commune de Taïba Ndiaye ont décidé de réagir dans les prochains jours.