Manifestations en Guinée : La police tire sur les fake news

Les manifestations qui agitent la Guinée depuis le lundi 14 octobre 2019 résultent de fake news sur le projet de nouvelle Constitution. C’est du moins ce qu’a indiqué hier le commissaire Gassimou Soumah, directeur adjoint des Relations publiques de la Police guinéenne, lors d’un panel tenu dans le cadre de la 3e édition de la Conférence d’excellence des médias d’Afrique de l’Ouest et de remise des prix (Wameca), organisée à Accra par la Fondation pour les médias en Afrique de l’Ouest (Wfwa).
La République de Guinée est agitée depuis lundi 14 octobre 2019 par des manifestations. Des populations protestent contre un projet de nouvelle Constitution qui permettrait à Alpha Condé de se présenter pour un troisième mandat. Pour le directeur adjoint des Relations publiques de la Police guinéenne, les fake news ont eu beaucoup d’impacts sur ces mouvements. Le commissaire Gassimou Soumah a soutenu que des fake news ont indiqué que la Guinée veut adopter une Constitution autorisant le mariage homosexuel. «Ce qui n’est pas du goût des populations dont la majeure partie est d’obédience musulmane. Les fausses informations circulent çà et là et les religieux, tout le monde dit qu’il ne peut pas accepter une Constitution où ces genres de pratiques vont être autorisées. Et pourtant c’est du faux. Les gens ne font que de l’interprétation», a déclaré le policier. Le commissaire Soumah intervenait hier vendredi, lors d’un panel tenu dans le cadre de la 3e édition de la Conférence d’excellence des médias d’Afrique de l’Ouest et de remise des prix (Wameca).
Cette discussion sur «les fake news et la sécurité des élections» a été modérée par Mme Saphie Ly, membre du Conseil d’administration de la Fondation pour les médias en Afrique de l’Ouest (Wfwa). Qui estime que ces violences que traverse actuellement la Guinée sont liées aux enjeux électoraux. A ce propos, la modératrice a rappelé que les élections constituent un des champs et un des moments qui sont les cibles de prédilection des éditeurs et diffuseurs de fake news. Et dans ce flou qui entoure encore ce phénomène, certains se croient tout permis. Et à son avis, il incombe à l’Etat, notamment l’Administration électorale, de protéger et de garantir l’intégrité des élections. «L’Etat c’est l’ultime garant. On attend tout de lui, mais également de la police et ceux qui travaillent dans la liberté et dans l’information les soupçonnent beaucoup», soutient la directrice du groupe Nexus.
Dans la même foulée, le directeur général des Affaires publiques de la Police ghanéenne a affirmé que les fake news constituent une véritable menace sécuritaire. Le phénomène, selon le commissaire David Eklu, attaque le processus électoral. Raison pour laquelle les autorités gouvernementales du Ghana ne ménagent aucun effort pour stopper les fausses informations qui peuvent créer des tensions dans un pays.
Les affrontements entre manifestants et Forces de l’ordre en Guinée ont fait plusieurs morts.
La Fondation des médias pour l’Afrique de l’Ouest a ainsi décidé d’orienter la 3e édition de la Wameca sur le thème «Réseaux sociaux, fake news et élections en Afrique». Pour son directeur exécutif, «la publication des fake news à des fins électorales ou autres représente certainement un danger qui menace la crédibilité des élections et la paix. Et la solution au phénomène ne se trouve pas et ne devrait être dans la répression de l’expression en ligne et du journalisme». Sulemana Braimah pense que «la solution ne viendra que du dialogue, du partage d’idées et de bonnes pratiques basées sur les droits et autres formes de moyens juridiquement acceptables».