Sept ans déjà que les Tunisiens sont sortis de la dictature au terme de ce que l’on a appelé le premier «printemps arabe», à l’issue duquel le Président Zine el-Abidine Ben Ali s’enfuyait du pays avec fortune et bagages. L’anniversaire célébré aujourd’hui dans les rues de Tunis coïncide avec le mouvement social contre la hausse des prix.

Un anniversaire et une manifestation sur fond de grogne sociale. «Le Peuple veut faire tomber la loi des finances», voilà la phrase qui revient comme un refrain sur l’avenue principale de Tunis. Une référence directe à l’un des principaux slogans de la révolution de 2011 : «Le Peuple veut faire tomber le régime.»
Cette phrase donne la mesure de l’insatisfaction des Tunisiens aujourd’hui, car malgré le ciel bleu et la multitude de drapeaux qui décorent l’avenue Bour­guiba, les Tunisiens n’ont pas le cœur à la fête, loin de là.
«Rien ne va, notre quotidien s’est dégradé. En 2011, nous avons fait une révolution pour demander le travail, la liberté et la dignité. Aujourd’hui, nous n’avons rien, à part la liberté de nous exprimer», disait un instituteur ce matin à Rfi.

«Le panier est vide et la coupe est pleine»
Dans le collimateur, cette fameuse loi des finances qui a fait déborder le vase. Elle impose une augmentation de la Tva sur des produits de base, mais aussi une augmentation des impôts. Bref, une rigueur à laquelle les Tunisiens disent ne pas pouvoir faire face alors que les prix ont grimpé ces derniers mois déjà et que le taux de chômage culmine à près de 30% chez les jeunes. «La démocratie politique ne suffit pas. Le panier est vide, mais la coupe est pleine», résumait un manifestant avant de menacer : «Si on ne peut pas payer le pain, on ira le demander de force.»

L’Ugtt monte sur le pont
La puissante centrale syndicale, l’Ugtt, fait partie des organisations qui ont appelé à ce rassemblement. Très discrète jusqu’à présent, elle s’est exprimée sur la contestation sociale qui secoue le pays depuis une semaine. Noureddine Tabboubi, le secrétaire général de l’Union générale tunisienne du travail (Ugtt), a répondu ce matin aux questions de Rfi sur ce qu’il pensait des manifestations de cette semaine : «La Tunisie est un pays démocratique et cette démocratie ne peut vivre que s’il y a un débat contradictoire.» Mais il a insisté : «Les revendications doivent respecter les règles démocratiques.»
Le secrétaire général de l’Ugtt s’est par ailleurs félicité des mesures sociales annoncées par le gouvernement pour tenter de calmer le mécontentement populaire : «Cela faisait partie de nos revendications. Notre objectif est d’améliorer le pouvoir d’achat des Tunisiens pour compenser les augmentations de taxe prévues cette année», a-t-il encore expliqué.
Rfi