Manque d’unités de transformation des produits halieutiques : Le frein au secteur de la pêche à Ziguinchor

Les acteurs de la pêche de Ziguinchor, à l’instar de leurs collègues des autres zones, ont célébré dimanche, la Journée mondiale de la pêche. Une occasion pour ces derniers de diagnostiquer les contraintes auxquelles le secteur est confronté, notamment le manque d’unités de transformation de produits halieutiques.
«Le secteur souffre du manque d’unités, d’usines, d’industries modernes pouvant absorber les produits pêchés et débarqués à Ziguinchor. Car Pour tirer de la plus-value de la pêche, il est souhaitable de pouvoir transformer sur place», explique Famara Niassy. Pour l’inspecteur des pêches, la pêche à Ziguinchor se réduit à une pêche de capture suivie de débarquement où tout est embarqué vers d’autres destinations. C’est dire que le produit ne fait, selon lui, que transiter la où il est pêché ; ce qui constitue, à ses yeux, un manque énorme à gagner pour l’économie régionale. Seulement depuis l’année dernière il y a, d’après M. Niassy, quelques promoteurs étrangers qui s’intéressent à la région pour valoriser ses produits. «On aurait préféré des promoteurs nationaux ; mais pour l’heure, ce sont des étrangers. Et la meilleure formule et qu’ils soient un partenariat avec des Sénégalais», plaide-t-il. En effet, explique-t-il, la transformation permet de créer de l’emploi et de la richesse contrairement à l’exportation du produit à l’état brut vers d’autres destinations.
Par rapport aux quantités des débarquements dans la région, les statistiques tournent ces 5 dernières années, selon lui, autour de 75 000 tonnes. Ce qui, à ses yeux, est très important, tout comme la valeur marchande également conséquente. Et sur les principaux centres de débarquement, l’inspecteur régional de la pêche souligne que Kafountine est au 1er rang suivi de Ziguinchor bousculé par le département d’Oussouye qui polarise Elinkine et Cap Skirring. Cap Skirring qui a, dit-il, pris un très bel envol avec des débarquements importants favorisés par l’implantation d’une unité de production de glace depuis l’année dernière et qui a attiré beaucoup de pêcheurs, plus particulièrement ceux de Mbour et de Joal qui ont débarqué dans la zone. Des campagnards qui veulent en outre se rapprocher, selon Famara Niassy, de la Guinée-Bissau qui offre beaucoup d’opportunités à travers le protocole de pêche signé avec le Sénégal.
Interpellé sur le parc piroguier de la région, l’inspecteur régional de la pêche estime que celui-ci est dynamique et est tributaire du niveau des activités de chaque campagne mais également avec la valse des pêcheurs qui migrent vers le Sud d’une campagne à une autre. «Mais selon les statistiques, en 2015, le parc piroguier était estimé à 1554 embarcations, 2669 en 2016, 2035 pirogues en 2017, 2051 embarcations en 2018, 2202 en 2019 et 2054 pirogues en 2020, soit une moyenne d’un peu plus de 2000 embarcations au niveau régional», renseigne-t-il.
Sur les potentialités de la région en matière de pêche, l’inspecteur régional des pêches de Ziguinchor estime que la pêche constitue un des segments, voire le segment économique le plus important ces dernières années. «Certes, l’agriculture occupe une place prépondérante dans l’économie régionale ; mais si on analyse le secteur de la pêche en termes de sécurité alimentaire, nutritionnelle et de son rôle économique, il pourrait même bousculer l’agriculture», a indiqué Famara Niassy, qui s’exprimait dans le cadre de la célébration mondiale de la pêche. Selon lui, la région de Ziguinchor occupe presque la 3ème place ces dernières années au niveau national après Dakar et Thiès. Car Saint-Louis avec qui elle rivalise dépend étroitement, des possibilités de pêche de la Mauritanie.
Par Ibou MANE(Correspondant) – imane@lequotidien.sn