A l’instar du Gie Sop Khadim de Keur Mamour Lô, dans la commune de Latmingué, les Gie des femmes Deego de Keur Samba Guèye et Disso de Keur Aly Guèye, dans la région de Fatick, ont réceptionné leurs périmètres maraîchers, équipés de pompes solaires alimentant un réseau d’irrigation par aspersion. Le tout, dans une clôture grillagée. Réalisée par le Projet d’appui régional à l’initiative pour l’irrigation au Sahel (Pariis), cette technologie permettra à ces bénéficiaires de rompre avec la pénibilité des travaux de maraîchage.Par Dialigué FAYE
– Les femmes des Groupements d’intérêts économiques (Gie) de Keur Aly Guèye et de Keur Samba Guèye, dans la région de Fatick, étaient jadis confrontées à d’énormes difficultés dans leurs activités de maraîchage. Non seulement les conditions de mobilisation des ressources en eau étaient un casse-tête, mais aussi elles avaient du mal à sécuriser leurs cultures.
«Notre puits tarissait toute la journée. Pour arroser, nous étions obligées de puiser à tour de rôle la nuit. Et pour éviter que les animaux en divagation ne broutent nos plantes, il fallait qu’on monte la garde. Ainsi, les femmes avaient du mal à s’occuper correctement de leur ménage», raconte Fatim Sarr, présidente du Gie Disso de Keur Aly Guèye.
Pour s’approvisionner en eau par contre, les femmes du Gie Deego de Keur Samba Guèye étaient connectées à un réseau d’alimentation du village et payaient le m3 à 150 francs Cfa. Malheureusement, leurs activités agricoles ne parvenaient pas à supporter les charges liées aux factures d’eau. Là, les femmes étaient découragées, et finalement elles ont pratiquement abandonné les activités, à l’exception de cinq parmi elles.
Aujourd’hui, toutes ces difficultés semblent être un vieux souvenir. En effet, chacun de ces Gie a étrenné mercredi dernier un périmètre maraîcher moderne. Clôturé d’un grillage, chaque champ est doté d’un forage équipé d’une pompe solaire alimentant un réseau d’irrigation par aspersion. Ces innovations réalisées par le Projet d’appui régional à l’initiative pour l’irrigation au Sahel (Pariis) vont alléger la corvée des femmes, surtout pour ce qui concerne l’arrose manuel. Ce qui va aussi augmenter considérablement leurs rendements et leurs revenus.
Aménagement de 1 000 ha en vue
A Keur Samba Guèye, le forage a un potentiel de 40 m3/h. ce qui, d’après le spécialiste en irrigation du Pariis, peut permettre d’irriguer 5 ha au lieu d’un, correspondant à la superficie actuelle. Modou Diouf précise qu’il y a des possibilités d’extension du périmètre jusqu’à 5 ha. Ce qui peut augmenter le nombre (40) de femmes pouvant intervenir sur le périmètre.
Les bénéficiaires de ce périmètre assurent qu’avant l’intervention du Pariis, elles peinaient à avoir 50 mille francs Cfa de revenus par personne. Aujourd’hui, elles gagnent plus de 100 mille francs Cfa par femme et par campagne, alors que ce n’est que le démarrage, puisque l’appui à la mise en valeur du projet n’a pas encore démarré.
La mise en valeur est annoncée pour octobre 2021, lors de la première contre-saison sèche. Et le Pariis compte mettre en œuvre un plan d’actions afin d’accompagner ces femmes. La première étape consistera à renforcer les capacités des bénéficiaires, afin qu’elles maîtrisent les itinéraires techniques, mais aussi qu’elles aient une dynamique organisationnelle permettant de rentabiliser les investissements. L’autre axe, c’est de les appuyer dans tout ce qui est semences, maintenance des périmètres, fertilisation des sols… «Nous y serons avec l’ensemble des partenaires, notamment l’Agence nationale de conseil agricole et rural (Ancar), l’Institut national de pédologie (Inp), la Direction régionale du développement rural (Drdr) de Fatick, mais aussi la direction de l’Horticulture. Pendant la période de la première contre-saison froide, c’est-à-dire vers octobre, nous allons démarrer la mise en valeur. On espère que d’ici octobre la phase contractualisation avec les partenaires sera terminée, avant de commencer les financements», a déclaré le spécialiste en irrigation, en marge de l’inauguration du périmètre de Keur Samba Guèye.
Le Pariis envisage ainsi appuyer les bénéficiaires sur toute la chaîne de valeurs. Aly Sané Niang, coordonnateur du projet, et ses collaborateurs sont en train de réfléchir sur la mise en relation avec les banques, notamment la Banque agricole, pour tout ce qui est lié aux crédits de campagne. Ils disent aussi travailler avec les partenaires indiqués pour les aspects de commercialisation.
Les acteurs concernés seront informés du plan d’actions pour accompagner la mise en valeur des périmètres. Le projet promet également d’accompagner ces femmes pour une mise à l’échelle, parce que dans le bassin arachidier, il a une prévision de 1 000 ha à travers les régions de Kaolack, Fatick, Diourbel. Cela, en collaboration avec d’autres partenaires comme l’Agence nationale d’insertion et de développement agricole (Anida) qui contribue à la promotion de l’emploi des jeunes.
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