Le secteur touristique tarde à voir se réaliser les promesses de reprise faites par le président de la République. Et dans ses dernières sorties, Macky Sall semble oublier les promesses faites au secteur. De quoi fortement inquiéter ces acteurs qui veulent pourtant encore y croire.

Le président de la République n’a fait nulle mention d’un des secteurs les plus importants lors de sa dernière adresse à la Nation, à l’occasion des vœux de fin d’année. Et pourtant, Macky s’était plus que largement étendu sur ses prouesses dans différents domaines de l’économie nationale, dans le cadre du Plan Sénégal émergent (Pse). Comme s’il était conscient de n’avoir aucun résultat probant à offrir à l’opinion, Macky a préféré faire l’impasse sur la question. Et cela a encore plus suffi à plonger les acteurs du secteur dans la détresse. Et l’injonction de Macky Sall à son gouvernement, lors du dernier Conseil des ministres, de «veiller à la relance du tourisme», n’a pas suffi à les rassurer pour autant.
Car lesdits acteurs, hôteliers, tour operators, employés et autres se souviennent de nombre d’autres injonctions du chef de l’Etat, et qui sont restées autant de lettres mortes, alors que le secteur est dans une situation de véritable urgence. S’il y a quel­ques années déjà Macky Sall était allé à Saly Portudal inaugurer le lancement de la saison touristique, cérémonie au cours de laquelle il avait pris de fermes engagements, c’est parce qu’il était conscient de l’état du secteur.
S’il y a deux ans le chef de l’Etat a décidé de supprimer la mesure de réciprocité concernant le visa d’entrée pour certains ressortissants étrangers, et dans la foulée, instaurer une taxe spéciale pour le tourisme en Casamance, ce qu’il n’avait pas besoin de se faire raconter des histoires pour connaître la vraie situation du secteur touristique au Sénégal. Ni surtout de connaître sa valeur pour l’économie du pays.
Pendant des décennies, le tourisme a été le second secteur pourvoyeur de devises dans le pays, et l’un des plus forts employeurs. Il venait juste après le secteur de la pêche en la matière. Mais contrairement à la pêche, le tourisme mobilisait, en ses différentes composantes, des populations de diverses parties du pays, et ses retombées profitaient à plusieurs secteurs de l’économie. Quand un seul hôtel tourne à plein régime, ce sont les bouchers, les boulangers, les pêcheurs, les vendeurs de journaux, les opérateurs de téléphone, et les guides touristiques qui en profitent. Et l’on ne parle pas de la totalité des secteurs concernés.
Aujourd’hui, le secteur touristique au Sénégal est sous la perfusion des promesses de Macky Sall. Au point que les opérateurs pensent que le chef de l’Etat «a fait preuve de sa bonne volonté ; ce sont ses collaborateurs qui rechignent à appliquer ses consignes», dixit le secrétaire général de la Sphs. Il n’en reste pas moins que la destination Sénégal perd des clients. Actuellement, il n’y a plus qu’un seul vol charter sur le Cap Skirring. Et il ne concerne que la clientèle du Club Med. Quid alors des autres réceptifs ? Sur Saly Portudal, Fram a abandonné le Palm Beach Hôtel. Et il n’y a là non plus de vol charter programmé. Ce qui veut dire que les rares touristes qui persistent à venir au Sénégal aiment vraiment ce pays, parce qu’ils le paient au plus fort, en délaissant des destinations plus attractives financièrement, et qui elles au moins leur garantissent une plage.
L’argent qui devait être consacré à la réhabilitation des plages de Saly non plus n’a pas encore commencé à produire ses effets. Et la promotion est, semble-t-il, de manière générale, l’œuvre d’initiatives non concertées. Des hôteliers cherchent à «vendre» leurs hôtels sans se concerter avec les autorités. Et l’Agence sénégalaise de promotion du tourisme (Aspt), de son côté, se considère comme totalement autonome des différents acteurs, qu’elle ne consulte jamais dans ses actions ; d’où une cacophonie totalement contre-productive. En plus, un des plus importants hôteliers de Saly, le propriétaire du Lamantin, se pose de questions quant à l’avenir de son investissement, après une décision de justice qui cherche à innocenter quelqu’un contre qui il a porté plainte dans une affaire de drogue qui a défrayé la chronique.
C’est dire que de manière générale, l’Etat a besoin de se pencher sérieusement sur le secteur pour rassurer les acteurs. Comme a coutume de dire le président du Sphs, Mamadou Racine Sy, «nous voulons avoir le miel sur la langue et non dans les oreilles». Le chef de l’Etat ne s’est pas adressé au tourisme le 31 décembre, mais il n’est pas trop tard pour que le pays lui adresse des vœux concrets de bon rétablissement et de reprise de l’activité. Pour le bien de l’ensemble du pays.
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