Pour le rétablissement de l’ordre constitutionnel et le respect strict du calendrier électoral, pour ne citer que cela, la plateforme «Aar Sunu élection» a orchestré, ce samedi 17 février, une marche silencieuse, appelant les citoyens sénégalais à continuer la mobilisation en restant alertes, pour surveiller le déroulement intégral du calendrier républicain selon les dispositions légales. Par Ousmane SOW –

Le rond-point Sipres, sur la Voie de dégagement nord (Vdn), a vu affluer, ce samedi 17 février, des hommes et des femmes de tous âges, unis par le désir ardent de défendre une démocratie. 11h 30, le cortège de la plateforme «Aar Sunu élection» (protéger notre élection) s’est mis en mouvement. Ses membres déterminés à faire entendre leur voix dans un silence assourdissant. Ac­compa­gnés par le bruit strident des klaxons des motos et sous une escorte policière et de gendarmerie, la foule a avancé d’un pas décidé dans les deux voies de Liberté 6. Les slogans résonnaient dans l’air, exprimant la volonté collective de voir respecté le calendrier électoral et de mettre fin à toute tentative de déstabilisation du processus démocratique.

Parmi les chants les plus récurrents, on pouvait entendre «Macky Sall dictateur», «Libérez Sonko». Des expressions claires de la colère et de la frustration face aux manœuvres politiques perçues comme des atteintes à la démocratie. A mesure qu’ils avançaient, leur détermination était palpable, et ils chantaient la célèbre chanson dédiée à Sonko «Sonko namenala» (Sonko, tu nous manques). Portant des tee-shirts au nom du collectif «Aar sunu élection» ou des drapeaux aux couleurs du Sénégal, les manifestants brandissent aussi des pancartes sur lesquelles on peut lire, entre autres : «Respect du calendrier électoral», «Non au coup d’Etat constitutionnel», «Election par force», «Free Sénégal», «Terminus 2». Des slogans rappelant au choix de la date butoir pour la tenue de l’élection présidentielle. Dans son manifeste, la plateforme «Aar sunu élection» a exprimé ses préoccupations au président de la République, Macky Sall. Ses membres exigent ainsi du président de la République d’organiser l’élection présidentielle dans les délais pour une passation des pouvoirs au nouveau Président élu à l’issue de ce scrutin. Sur ce, ils invitent les Sénégalais à se lever pour le rétablissement de l’ordre constitutionnel et le respect strict du calendrier républicain. Ils appellent également les citoyens à continuer la mobilisation en restant alertes, pour surveiller le déroulement intégral du calendrier républicain selon les dispositions légales.

Autre revendication, ils invitent le Conseil constitutionnel à garder cette posture de vigie, afin d’encadrer jusqu’au bout le processus électoral, qui prend fin, selon eux, le 2 avril prochain.

«Cette marche est une véritable victoire pour la démocratie»
Malgré la présence des Forces de l’ordre, l’ambiance était pacifique et résolue. Des représentants de la Société civile et des partis politiques de l’opposition ont également pris la parole pour exprimer leur soutien à la cause et appeler à l’unité dans la lutte pour la démocratie. Parmi les voix qui se sont élevées, celle de Amadou Elimane Kane, poète-écrivain, résonnait avec une force particulière. «Nous portons la vigilance. Le Peuple est debout et veut se libérer de ces politiciens qui nous tiennent en otage. Il est grand temps que nous défendions nos valeurs républicaines, de justice et de paix. Cette marche est une véritable victoire pour la démocratie», a-t-il déclaré avec conviction.

L’artiste Malal Tall alias «Fou malade» a, quant à lui, souligné l’importance cruciale du respect des institutions démocratiques. «Nous devons saluer la posture responsable du Conseil constitutionnel, qui a su préserver les fondements de notre démocratie. Nul ne peut s’affranchir des règles constitutionnelles. Le Sénégal, modèle de démocratie en Afrique, doit pouvoir compter sur des juges intègres pour garantir l’Etat de Droit», a-t-il affirmé avec fermeté, soulignant qu’il y a des limites qu’il ne faut pas atteindre, et le Conseil constitutionnel a veillé à ce que ces limites ne soient pas atteintes. «Protéger la Constitution, dire le Droit, c’est respecter le Peuple. Les Sénégalais ont tenu tête au Président Macky Sall. Il y a eu des mobilisations sur le terrain qui ont coûté la vie à bon nombre de jeunes sénégalais qui sont devenus des martyrs», a fait savoir «Fou malade», qui faisait partie des artistes qui luttaient pour obtenir la libération de Mor Talla Guèye alias «Nit-Dof».

Assurer une transition légale du pouvoir le 3 avril
Dans cette même optique, le Secrétaire général de la centrale syndicale de l’Organisation générale des travailleurs du Sénégal (Ogts), Mamadou Goudiaby, a mis en avant l’importance de la transparence électorale. «Nous demandons à ce que l’internet ne soit pas coupé et que la presse soit libre de publier les résultats bureau par bureau. Le Sénégal doit avoir un nouveau Président avant le 2 avril. Pas de hold-up électoral, pas de coupure d’internet. Le Peuple sénégalais est debout, et le calendrier républicain doit être respecté», a-t-il martelé avec détermination.

Aussi tranché que M. Goudiaby dans ses déclarations, le président du mouvement Agir, Thierno Bocoum, souligne l’urgence de la situation, rappelant au Président Macky Sall la fin imminente de son mandat. «Il est impératif que le Président comprenne que le 2 avril marque la fin de son mandat. Nous devons nous organiser pour une élection avant cette date. La démocratie sénégalaise doit être préservée», a-t-il insisté.

Dans un élan de résilience et de détermination, Pr Malick Diagne, chef du département de Philosophie de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, a salué la mobilisation nationale et internationale en faveur des droits démocratiques au Sénégal. «Le Peuple reprend en main son destin pour rappeler aux politiciens que les élections appartiennent au Peuple. Nous devons assurer une transition légale du pouvoir le 3 avril», a-t-il déclaré.

Mame Ousmane Wade, membre du Front pour une révo­lution anti-impérialiste, po­pulaire et panafricaine (Frappe) France Dégage, a également exprimé la volonté farouche du Peuple sénégalais de défendre ses droits démocratiques. «Nous réclamons un respect absolu de la Cons­titution et une organisation d’une élection libre et transparente. Le Sénégal doit avancer vers une troisième alternance bénéfique pour tous», a-t-il affirmé devant une foule qui scandait «Son­ko namenala».

A 12h 50, alors que le soleil était au zénith, le cortège parvint finalement à quelques mètres du rond-point Liberté 6, son point de convergence. Ici, chaque coin de rue, chaque intersection, était soigneusement surveillé par les Forces de sécurité, garantissant le déroulement sans heurts de cette marche silencieuse autorisée.