Le président de l’Assemblée a reconnu avoir plaidé pour l’inclusion de deux concessionnaires dans un processus déjà bouclé. Les concurrents se plaignent ainsi d’une violation du principe d’équité, au détriment des compétences nationales.Par M. G –

 La décision du président de l’Assemblée nationale, M. Malick Ndiaye, de doter les députés de véhicules de luxe, ne cesse de soulever des débats. On a entendu, bien avant que l’information soit rendue publique, des membres de l’opposition dénoncer la manœuvre. Après plusieurs tergiversations, la Seconde Personnalité de l’Etat a un jour pris sa résolution pour affirmer qu’il assumait la décision «de mettre les députés dans des conditions confortables», en les dotant de moyens de locomotion dignes de ce qu’il considère comme leur rang.

Le débat vient d’être relancé, avec la protestation de deux concessionnaires automobiles, la Ccbm et les Etablissements Emg. Dirigées l’une et l’autre par deux chefs d’entreprises sénégalais, MM. Serigne Mboup pour le Comptoir commercial Bara Mboup (Ccbm) et Mbaye Guèye, pour Emg, ces deux sociétés se sentent lésées dans cette affaire. Elles l’ont fait savoir dans un courrier adressé au président du Club des Investisseurs Sénégalais (Cis), l’architecte Pierre Gou­diaby Atepa. Revendiquant leur titre de membres actifs dudit club, ces concessionnaires expriment leur incompréhension «face à certaines pratiques observées récemment dans le cadre de marchés publics, notamment celui relatif à l’acquisition de véhicules par l’Assemblée nationale. Depuis 2007, aucune entreprise sénégalaise n’a remporté ce type de marché, malgré notre expertise avérée et notre engagement constant».

Ce qui indigne les dirigeants de ces deux entreprises, c’est le fait que «dans les récents appels d’offres restreints, nos entreprises n’ont même pas été consultées, tandis que d’autres sociétés multinationales, telles que Cfao ou Kaytano (Sic !), auraient été intégrées de manière anticipée, selon les propos publics du président de l’Assemblée nationale, pour crédibiliser l’opération. Ces déclarations ont semé le trouble et laissé entendre une préférence systématique pour des entreprises étrangères, ou des acteurs occasionnelle dans ce métier au détriment d’acteurs professionnels nationaux». C’est au cours d’un entretien à la Télé Wal Fadjri que le président El Malick Ndiaye a affirmé que, une fois tout le processus de sélection opéré, il a demandé à sa cellule de passation des marchés d’inclure les sociétés Cfa et Caetano, «pour plus de crédibilité».

Mbaye Guèye et Serigne Mboup déclarent solliciter Goudiaby Atepa, qui clame partout sa proximité avec les nouveaux tenants du pouvoir pour, entre autres, «intercéder auprès des autorités compétentes afin que les sociétés nationales soient pleinement associées aux appels d’offres publics, encourager une transparence totale des procédures d’achat de véhicules publics, avec publication systématique des avis dans la presse, favoriser une politique d’achat public plus patriotique, en cohérence avec les discours et les engagements de l’Etat».

Le problème est que leur sortie vient une nouvelle fois d’enfoncer le clou sur le cercueil de la crédibilité des déclarations des autorités étatiques, quand elles prétendent faire montre de transparence dans leur gestion des affaires publiques.